Fenêtre sur cour

États-Unis (1954)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Collège au cinéma 2010-2011

Synopsis

Jefferie, reporter photographe, est immobilisé dans son appartement, une jambe dans le pl’tre. Chaque soir, Lisa, la jeune fille riche et ravissante qui voudrait l’épouser, vient lui tenir compagnie. Pour passer le temps, comme c’est l’été et que toutes les fenêtres sont ouvertes, il observe ses voisins. Il y a un pianiste, une danseuse de music-hall, une grosse dame sculpteur, de jeunes mariés … Et parmi tous ces gens, les Thorwald : lui, un homme d’âge mûr, elle, beaucoup plus jeune et souffrante. Mais de son lit, elle tyrannise son époux. Ce couple curieux retient l’attention de Jefferie.
Par une nuit étouffante, il est étendu devant sa fenêtre sans pouvoir trouver le sommeil. Les fenêtres des Thorwald sont éclairées. L’homme sort sous la pluie, revient et ressort plusieurs fois, une valise à la main. Le lendemain, Jeff constate que le lit de la femme est vide et l’attitude de l’homme lui paraît étrange. Convaincu qu’un meurtre a eu lieu, il demande de l’aide autour de lui. Seule Lisa accepte de mener l’enquête pour lui.

Distribution

James Stewart / L.B. Jeffries dit « Jeff »
Grace Kelly / Lisa Fremont
Wendell Corey / Thomas J. Doyle
Thelma Ritter / l’infirmière
Raymond Burr / Lars Thorwald
Judith Evelyn / Miss Lonely Hearts
Ross Bagdasarian / le compositeur
Georgine Darcy / la danseuse
Sara Berner / la femme au petit chien
Frank Cady / son mari
Jesslyn Fax / la femme sculpteur
Rand Harper / le jeune marié
Irene Winston / Mme Thorwald
Alan Lee / le propriétaire
Anthony Warde / l’inspecteur

Générique

Titre original : Rear Window
Réalisateur : Alfred Hitchcock
Scénario : John Michael Hayes, d’après une nouvelle de Cornell Woolrich
Décors : Sam Comer, Ray Mayer, Hal Pereira, Joseph McMillian
Image : Robert Burks
Son : Harry Lindgren, John Cope
Montage : George Tomasini
Musique : Franz Waxman
Effets spéciaux : John P. Fulton
Production : Alfred Hitchcock Paramount
Durée : 117 mn
Noir et Blanc
Sortie à Paris : 25 avril 1955

Autour du film

Un homme regarde et attend, pendant que nous regardons cet homme et attendons ce qu’il attend ». C’est ainsi que Claude Chabrol et Eric Rohmer ont défini dans leur livre consacré à Alfred Hitchcock l’intrigue de Fenêtre sur cour. L’attente passionnée et passive dans laquelle se trouve le héros et le fait que, sauf à un moment, la caméra adopte constamment son point de vue, permettent de voir dans le film une métaphore du cinéma en général et de la relation du spectateur à l’écran. (Réflexion développée par Jacques Lourcelles dans le Dictionnaire du cinéma, édition Robert Laffont, 1992). Le héros et le spectateur, tous deux immobiles, s’attachent de plus en plus au microcosme humain qui leur est offert.

Les cinéastes Claude Chabrol et Eric Rohmer ne sont pas les seuls à avoir analysés le film de Hitchcock, puisque François Truffaut y consacre aussi une partie dans son livre Les Films de ma vie. Pour clarifier Rear Window, il propose la parabole suivante : « la cour c’est le monde, le reporter-photographe c’est le cinéaste, les jumelles figurent la caméra et ses objectifs. Et Hitchcock dans tout cela ? Il est l’homme dont on aime se savoir haï. » Pour le cinéaste américain, un film doit impliquer le spectateur, l’histoire doit être racontée d’une façon subjective, de sorte que le spectateur s’identifie au personnage.

C’est pour cette raison que l’on ne voit jamais un endroit de la cour d’un autre angle que pourrait le voir James Stewart.

Comme l’expliquait le réalisateur des 400 coups, la position d’observateur immobile de Jeff est bien celle du cinéphile : en multipliant les cadres – rectangulaires comme les fenêtres, ronds comme les jumelles ou objectifs photographiques – la mise en scène construit une série de mises en abîme.

Jeff, photographe reporter est habitué à saisir des images de la réalité et devient naturellement, alors qu’il est limité dans ses déplacements, un voyeur traquant son entourage. Mais si Hitchcock fait en sorte que l’activité de Jeff soit jugée négativement, il rappelle aussitôt que le spectateur lui-même prend plaisir à regarder ce que le personnage regarde et que, bien pire, il observe le voyeur en pleine activité. On en revient alors à la phrase de Claude Chabrol et Eric Rohmer mettant le spectateur dans le même état d’attention et d’attente que le personnage principal.

Fenêtre sur cour est un des films préférés d’Alfred Hitchcock, qui mêle, à travers cette étude d’un cas typique de voyeurisme, réflexion sur l’amour et sur le cinéma. Comme le note François Truffaut, tous les voisins qu’observe James Stewart ont pour point commun l’amour : couple qui se dispute, jeunes mariés qui passent leurs journées au lit, ménage sans enfant qui a reporté son amour sur un chien, danseuse qui s’exhibe et que les hommes désirent, etc. Figures du désir ou de la pratique amoureuse, qui renvoient le personnage principal à son propre problème : épousera-t-il ou non Grace Kelly ? ( Aurélien Ferenczi, Télérama ). Hitchcock nous expose une fresque de la non-communication. (Dictionnaire du cinéma).

Une des phrases du lancement publicitaire, imaginée par Hitchcock est : « si vous n’éprouvez pas une délicieuse terreur en voyant Fenêtre sur cour, pincez-vous, vous êtes probablement déjà mort. » ( La Revue du Cinéma). Ce thriller est inspiré par une nouvelle de Cornell Woolrich ( alias William Irish ), nouvelle elle-même calqué sur le déroulement d’une nouvelle de H.G. Wells Par la fenêtre figurant dans les recueils La poudre rose et Effrois et fantasmagories . (Jacques Siclier, Télérama n°2209 )

Vidéos

L’homme qui dort

Catégorie :

texte : Joël Magny
réalisation : Jean-Paul Dupuis

D’un regard à l’autre

Catégorie :

texte : Joël Magny – d’après Frédéric Strauss
réalisation : Jean-Paul Dupuis