Magicien d’Oz (Le)

États-Unis (1939)

Genre : Comédie musicale

Écriture cinématographique : Fiction

École et cinéma 2004-2005

Synopsis

Dans sa ferme du Kansas, où elle vit avec son oncle, sa tante et leurs trois ouvriers, la jeune Dorothy rêve d’aller  » au delà de l’arc-en-ciel « … Fuyant, car l’horrible Miss Gulch a essayé de lui arracher son chien Toto, Dorothy rencontre le Magicien puis retourne à la ferme. Un terrible cyclone l’emporte avec la maison. Dorothy perd connaissance et se retrouve dans un pays enchanté, habité par le petit peuple des Munchkins. En atterrissant chez eux, la petite fille a écrasé la Sorcière qui les opprimait. Désormais sous la protection de la Bonne (et belle) Sorcière mais menacés par la sinistre Sorcière de l’Ouest, sœur de la première, Dorothy et Toto parcourent la route initiatique qui doit les mener au Magicien d’Oz. Au cours du voyage, le lion, l’homme de fer blanc et l’épouvantail se joignent à eux. Mais qu’elle est longue et pleine d’embûches la route qui doit ramener au foyer natal !

Générique

Titre original : The Wizard of Oz
Réalisation : Victor Fleming. (certaines scènes non créditées, tournées par Georges Cukor et King Vidor)
Scénario : Noel Langley, Florence Ryerson, Edgar Allan Woolf d’après le livre de Franck Baum
Directeur de la photographie : Harold Rosson
Conseiller pour le technicolor : Nathalie Kalmus
Décors : Cédric Gibbons
Costumes : Adrian
Montage : Blanche Sewell
Chansons : E.Y Harburg
Musique : Harold Arlen
Chorégraphie : Bibby Connolly

Interprétation :
Dorothy / Judy Garland
Professeur Marvel / le magicien d’Oz / Franck Morgan
Hunk / l’épouvantail / Ray bolger
Lake / le lion peureux / Berth Lahr
Hickory / l’homme en fer blanc / Jack Haley
Miss Gulch / la méchante sorcière / Margaret Hamilton
La bonne sorcière / Billie Burke
Oncle Henry / Charley Grapewin
Tante EM : Clara Blandick
Les Munchkins / The Singer Midgets (et nombreux figurants)
Production : MGM (Fleming, Mervyn le Roy, non crédité A.Freed)
Distribution : Action Gitane
Durée : 101 minutes
séquences initiales et finales (Kansas) : noir et blanc
Séquences au pays enchanté : couleur
Oscar du jeune talent à Judy Garland,  » consacrée  » par ce film

Autour du film

L’immense et durable popularité du film auprès du public américain confirme sa visée hautement  » mythologique « . Cette visée, au delà de la représentation du monde merveilleux du conte, c’est celle du message final délivré par la bouche de la  » wonder girl  » Dorothy / Judy (fille du kansas, symbole de l’Amérique profonde). Son  » Home, sweet home  » ce n’est pas seulement le foyer, la famille c’est l’Amérique toute entière, dont le  » rêve  » s’est forgé dans les images fabriquées et exportées par Hollywood. Le Magicien d’Oz illustre à la perfection le rôle qu’aura joué le cinéma américain au XX ème siècle, comme lieu fondateur et propagateur d’une mythologie moderne en forme d’auto célébration. Comme l’a si bien montré Edgar Morin les dieux de l’olympe du XXème siècle sont (où furent) les stars. La merveilleuse ascension de Judy dans cet olympe (et plus tard sa  » chute « ) à l’instar de celle de Dorothy s’offre en analogie à la sage et pragmatique morale du film : l’écran est fait pour le rêve et l’aventure, car le cinéma, comme le Magicien, délivre du merveilleux. Mais rien ne vaut la douce (et terre à terre) sécurité du  » chez soi « . Ce film peut donc se lire rétrospectivement comme une sorte de métaphore de l’Amérique sur elle-même et sur son cinéma comme lieux d’inclusion réciproque. L’autoreprésentation joue ici à plein.
France Demarcy

Autres points de vue

En définitive, aucune idéalisation cinéphilique de ce film ne tient sérieusement : Le Magicien d’Oz ne bénéficie pas de l’aura d’un cinéaste de vrai talent, bref d’un père… Pourtant, on aurait aimé se dire qu’un film aussi mythique est né d’un projet porté par le désir et la volonté d’un auteur… Comment l’affirmer quand plusieurs cinéastes se sont succédé et que, comme pour Autant en emporte le vent, c’est le moins personnel, Fleming, arrivé après la conception, qui rafle la mise ? D’où la question : comment est- il possible qu’un film sans auteur pour porter son projet dans une expression personnelle, comment se fait- il que ce film marque autant ? On peut esquisser ici une réponse : bien sûr, dans ce cas, comme dans Autant en emporte le vent d’ailleurs, la force du film tient à l’efficacité de la MGM tout entière qui veille sur le projet (…)

On s’incline devant le savoir-faire d’un studio qui travaille à la perfection le film familial, le glamour, appuyés sur le luxe des décors et qui, dix ans plus tard, triomphera dans les comédies musicales, précisément produites par…Arthur Freed, ne serait-ce que, par exemple, Chantons sous la pluie en 1952 (…)
Carole Desbarats, Cahier de notes sur…Le Magicien d’Oz, Ecole et Cinéma, les enfants du deuxième siècle.

Vidéos

Le passage derrière le miroir

Catégorie :

par Carole Desbarats

Pistes de travail

En tant que produit du merveilleux hollywoodien ce film, dans sa fabrication, comme dans ses contenus référentiels vise à une sorte d’universalité dont la réussite peut orienter son étude sur deux axes :

Conditions de sa fabrication par les studios MGM, typiques du mode de production hollywoodien à la période classique : importance du dispositif technico-artistique mis en œuvre et de sa  » division du travail « . Savant dosage des conventions qui régissent les genres : réalisme,  » Musical « , merveilleux et fantastique, burlesque.

A ces traits assez  » composites  » qui assurent la riche variété du film, s’ajoutent d’autres éléments d’une  » transtextualité  » puisée dans l’univers des contes. Exemple : le passage de Dorothy dans le  » wonderland  » d’Oz évoque celui d’Alice, sa haute taille parmi les Munchkins : Gulliver ou Blanche-Neige, les  » souliers de Rubis  » et la simplicité de Dorothy : Cendrillon. Au registre d’un sombre fantastique plus cinématographique ; les noires silhouettes des singes ailés et du château de la sorcière : le film de vampire ou encore les costumes et les évolutions de ses gardes dans les décors intérieurs : une parodie de la Russie baroque de L’Impératrice Rouge (1934).

Pistes pédagogiques ailleurs sur le web : (liste non exhaustive)

Ecole et cinéma 92
Ecole et cinéma en Creuse
Ardèche éducation
Ecole et cinéma 31
Inspection académique de la Nièvre
Association Plan séquence
Inspection académique du Calvados
Réseau rural d’éducation embrunais savinois

Expériences

1939 : année faste pour V.Fleming qui réalise les deux films les plus célèbres de sa carrière et du cinéma hollywoodien : Le Magicien d’Oz et Autant en emporte le vent. Le premier est resté près d’un demi-siècle le film le plus rediffusé (à la télévision notamment) et plébiscité par le public américain. Ce conte en forme de comédie musicale et en technicolor témoigne autant du savoir faire de Fleming, que de celui des studios de la fameuse MGM qui excella dans le genre sous la direction d’Arthur Freed débutant ici (aux cotés de Mervyn Le Roy).

Fleming, excellent directeur d’acteur (il  » fabriqua  » Clark Gable) et talentueux technicien compte déjà parmi les  » vétérans  » du cinéma U.S, (il a commencé à l’époque du muet comme assistant de Griffith et tourné son premier film en 1919) lorsqu’on lui confie, après R.Thorpe puis G.Cukor cette mise en scène. Son professionnalisme adapté au style de la Métro qui voit grand, assurera la réussite de cette production si typiquement hollywoodienne dans sa visée d’  » industrie du rêve  » pour  » tout public  » au meilleur sens des termes.

Outils

Bibliographie

Le film hollywoodien classique, Jacqueline Nacache, Ed. Nathan Université, 1995.
50 ans de cinéma américain, Bertrand Tavernier, Jean-Pierre Coursodon, coll. Omnibus, Presses de la Cité-Nathan, 1995.
Comédie musicale, Alain Masson, Ed. Ramsay, 1994.
La grande parade, King Vidor, Ed. Ramsay, 1986.

Judy Garland, Noël Simsolo, Anthologie du cinéma n° 57, 1970.
Tous en scène, Vincente Minnelli, Ed. Ramsay, 1985.

La couleur en cinéma, s/ dir. Jacques Aumont, Cinémathèque française/Mazotta, 1995.