Synopsis
C’est le début de l’été. Dans un village au nord de la Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant innocemment avec des garçons. La débauche supposée de leurs jeux suscite un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger.Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.
Distribution
Les cinq sœurs :
Güneş Nezihe Şensoy : Lale, la benjamine
İlayda Akdoğan : Sonay, l’aînée
Tuğba Sunguroğlu : Selma, la deuxième
Elit İşcan (tr) : Ece, la troisième
Doğa Zeynep Doğuşlu : Nur, la quatrième
Ayberk Pekcan : Erol, l’oncle
Nihal Koldaş (tr) : la grand-mère
Burak Yiğit : Yasin, le chauffeur-livreur
Bahar Kerimoglu : Dilek, l’enseignante
Enes Sürüm : Ekin, le petit ami de Sonay
Suzanne Marrot : tante Hanife
Hüseyin Baysal : le propriétaire au fusil
Şerife Kara : la grand-tante
Aynur Kömeçoğlu : tante Emine
Erol Afşin : Osman, le jeune époux de Selma
Serpil Reis : la mère d’Osman
Rukiye Sarıahmet : la tante d’Osman
Aziz Kömeçoğlu : le père d’Osman
Müzeyyen Çelebi : la mère d’Ekin
Kadir Çelebi : le père d’Ekin
Tuncer Kumcular : le gynécologue
Aykut Karatay : l’amant occasionnel d’Ece
Utku Zeka : le compagnon de Dilek
Générique
Réalisation : Deniz Gamze Ergüven4
Scénario : Deniz Gamze Ergüven, Alice Winocour
Photographie : David Chizallet, Ersin Gök
Montage : Mathilde Van de Moortel
Son : Ibrahim Gök, Damien Guillaume et Olivier Goinard
Musique : Warren Ellis
Costumes : Selin Sozen
Producteur : Charles Gillibert
Production CG Cinéma
Durée : 1h37
Autour du film
« Mustang », les cinq sœurs enfermées de l’intérieur
La réalisatrice Deniz Gamze Ergüven raconte les vexations et l’enfermement subis par des orphelines destinées à être mariées.
Dans «Mustang», Nur, Selma, Ece, Sonay et Lale se retrouvent assignées à demeure par un oncle despotique.
Production franco-turque remarquée en mai à la Quinzaine des réalisateurs, le premier film de Deniz Gamze Ergüven met en scène le destin d’infortune de cinq jeunes sœurs radieuses sur un mode qui allie le conte mythologique à une récente tradition cinématographique d’édification des publics de salles art et essai quant au sort des femmes dans ces sociétés que régentent encore le puritanisme et les conservatismes religieux – du Moyen-Orient à l’Amérique profonde. A Cannes, on se complut assez vite dans la facilité de le résumer à un «Virgin Suicides turc», en référence à cet autre premier long métrage signé quinze ans plus tôt par une jeune cinéaste, Sofia Coppola, lui aussi habité par une sororité de cinq Grâces séquestrées, à la joliesse virginale consumée non par les dévoiements et les appétits de leur âge, mais par l’obscurantisme qui voudrait les en préserver. Et si Mustang vaut un peu mieux que la réduction à cette étiquette, il faut convenir que le film, ou tout du moins son scénario, y prête le plus souvent le flanc, au point même de rarement chercher à en excéder tout à fait le programme.
Comme tant d’autres fictions d’une invention de soi douloureusement contrariée, Mustang s’élance sous les lumières de l’été naissant alors que l’année scolaire s’achève, ici dans une petite ville côtière en bordure des plages de la mer Noire. Là s’ébrouent encore dans les jeux et les élans insouciants de leur jeunesse ces sœurs orphelines qu’élèvent avec une autorité sans cesse mise en défi leur grand-mère et leur oncle : Nur, Selma, Ece, Sonay et Lale, la benjamine, dont le film épouse tout du long le regard plein d’insondable fièvre charbonneuse. Les premiers plans, qui les cueillent toutes dans leurs uniformes scolaires à la sortie du lycée, embrassent cette tribu de jouvencelles folâtres tel un organisme unique et indivisible, une pieuvre agile à qui rien ne pourrait arriver de plus sérieux que de se trouver désarticulée, désolidarisée de ses membres.
Or, c’est précisément là la première vexation faite aux cinq sœurs lorsque, rentrant chez elles, leur grand-mère les arrache une à une aux autres pour les corriger d’une conduite jugée indécente. Cela avant que l’oncle, stricte incarnation à moustache du despotisme patriarcal, ne vienne à son retour sonner irrévocablement le terme du temps de l’innocence en les assignant à résidence dans une maison de famille qui vire à la fois au cloître pénitentiaire, au centre de dressage et à l’«usine à épouses» – puisqu’il s’agira désormais de dompter leurs ruades à la force de mariages arrangés.
Dès lors, toute la tension du récit se résume en la négociation des jeunes otages avec, non pas leurs aînés et une tradition avec lesquels le dialogue paraît irréconciliable, mais la demeure même qui, en même temps qu’elle est leur prison de plus en plus barricadée, se muera en l’instrument ambigu de leur émancipation. C’est là la plus belle idée d’un film souvent guetté par les conventions d’un certain cinéma d’auteur trop soucieux de ses débouchés festivaliers pour toujours s’embarrasser de nuances. Un horizon de standardisation qu’épaissit malgré elle la remarquable musique originale signée par l’Australien Warren Ellis, et dont Mustang ne se sauve presque chaque fois que par l’ardeur et l’allant qu’insufflent ses jeunes actrices à des plans transis de les accueillir si en beauté.
Par Julien Gester, pour Libération
http://next.liberation.fr
Vidéos
L’ouverture et la fermeture du film
Catégorie : Analyses de séquence
Répétitions, variations et échos
Catégorie : Analyses de séquence
Outils
Interview de la réalisatrice, pour Arte
Article "Mustang en Turquie, l'histoire d'une sortie électrique", Télérama
http://www.telerama.fr/cinema/mustang-en-turquie-l-histoire-d-une-sortie-electrique,133194.php
À voir sur le site "Images de la culture"
Onside
D’Elise Boutié et Nakita Lameiras Ah-Kite
2014, 13', couleur, documentaire