Princess Bride

États-Unis (1988)

Genre : Aventure

Écriture cinématographique : Fiction

École et cinéma 2004-2005

Synopsis

Cloué au lit par la maladie, un petit garçon écoute son grand-père lui conter l’histoire de “Princess Bride” : nous nous trouvons dans un lieu imaginaire, dans un Moyen Âge qui ne l’est pas moins. Princess Bride est tombée amoureuse de son palefrenier, Westley. Ce dernier part à la guerre, est tué, et Princess Bride épouse malgré elle le prince Humperdinck qu’elle n’aime pas.

Lors d’une promenade à cheval, elle est enlevée par trois bandits étranges : Inigo Montoya, bretteur extraordinaire, Fezzik, bon géant à la force herculéenne, et Fizzini qui est leur chef. Ils partent avec leur proie, mais sont poursuivis par un mystérieux homme masqué qui se débarrasse d’eux au cours de trois duels successifs et sauve la princesse. Ce cavalier n’est autre que Westley qui avait échappé à la mort. Les deux amoureux s’enfuient, poursuivis par Humperdinck, ses soldats et le comte Rugen qui assassina plusieurs années auparavant le père d’Inigo, ce dernier ayant juré de le venger. Westley et Bouton d’or échappent de peu à des rats monstrueux enfouis dans un marais. Mais ils sont repris par Humperdinck et emmenés dans son château. Là, Westley est soumis à la torture tandis que Princess Bride est enfermée dans les appartements princiers.
Cependant Westley est délivré par Inigo et le Géant, devenus entre temps ses amis. Avec leur aide, il s’introduit dans le château et délivre la princesse.

Tout est bien qui finit bien : Inigo tue le comte Rugen et Westley retrouve sa bien-aimée.

Distribution

Ils jouent leurs propres personnages

Rob Reiner a convoqué dans Princess Bride beaucoup de personnages que l’on rencontre habituellement dans les films de cape et d’épée ainsi que dans les contes pour enfants. Il les a rassemblés autour d’un conteur, donnant ainsi une sorte de distanciation par rapport à la narration, procédé fréquent chez Rob Reiner. Mais surtout il demande à chaque personnage de jouer avec jubilation son propre rôle. Constamment, chacun entre et sort de la peau de son personnage… pour notre plus grand plaisir.

Le grand-père
Il est en quelque sorte le Deus ex machina de l’histoire. Il rend visite à son petit-fils malade et lui lit Princess Bride qui va se transformer, pour nous spectateurs, en images et en film. Du grand-père, il a toutes les caractéristiques : débonnaire, toujours à l’écoute, il ne perd jamais son calme, même quand l’enfant rechigne à l’écouter, ou le houspille car l’histoire lui semble trop à l’eau de rose. Le vieil homme sait que l’âge joue en sa faveur, qu’il possède les connaissances nécessaires pour que son petit-fils l’écoute. En lui se lit aussi (point de vue du scénariste peut-être) le regret d’une époque où le livre était roi mais fut peu à peu remplacé par l’image et le jeu vidéo.

Princesse Bouton d’or
Elle est le personnage central du film mais non pas le plus intéressant. Jeune, jolie, blonde, éthérée, la plupart du temps passive, elle traverse le film sans bien comprendre ce qui lui arrive. Peut-être sait-elle, comme nous, qu’elle retrouvera l’homme qu’elle aime et que les méchants seront punis. Bien entendu il lui faut subir toutes sortes d’avanies : mariage avec un homme qu’elle n’aime pas, attaques de bestioles (anguilles et rats énormes), fuites incessantes, emprisonnements, peines de cœur, etc. Bref, l’initiation qu’elle subit lui permet enfin de vivre le vrai bonheur tant convoité.

Westley
Il est le héros de l’histoire. Beau, jeune, fort, maître escrimeur, il n’a peur de rien : il est tout aussi capable de grimper en haut d’une falaise à la force des poignets que de tuer une bestiole qui attaque sa bien-aimée !
Simple palefrenier, il est pourtant aimé par la princesse : c’est dire à quel point il échappe aux contingences sociales. Même ses ennemis l’admirent et finissent par l’aider car ils reconnaissent qu’il est du côté du bien et de la justice. Il est dans la lignée de ces héros sans peur et sans reproche qui ont fait la gloire du cinéma américain, depuis Le Voleur de Bagdad jusqu’aux nombreuses variations autour de Robin des bois.

Inigo Montoya
Son nom déjà est tout un programme. Il fleure bon les pays lointains, les eldorados où l’on allait chercher richesses et gloire. Il est un peu plus complexe que les autres personnages car son passé lui pèse : son père a été assassiné et il veut à tout prix le venger. Beau joueur, il reconnaît en Westley un bretteur supérieur à lui. C’est sans doute pourquoi il change de camp, tout en sachant que par ce subterfuge il atteindra plus facilement son but : tuer le comte Rugen. Peut-être aussi est-il sensible à l’amour entre Westley et Bouton d’or.
A travers lui, c’est un hommage aux aventuriers du cinéma américain qui se lit : ruse, humour et panache.

Fezzik
Bien qu’il soit très fort, il n’en est pas pour autant un imbécile. Il a beaucoup d’humour comme en témoignent certains dialogues : « Je n’y peux rien si je suis le plus fort, je ne fais même pas de gym ! » Il n’a pas la beauté d’un apollon, mais on comprend bien vite qu’il n’est pas antipathique. On se doute aussi qu’il ne fera pas de mal à une mouche. C’est pourquoi on le retrouvera aux côtés de Westley et Bouton d’or.

Vizzini
Sa petite taille, sa voix de fausset, ses prétentions intellectuelles le rendent d’emblée antipathique, contrairement à ses compagnons Inigo Montpya et le Géant. Ceux-ci lui obéissent au doigt et à l’œil, peut-être parce qu’il les fascine par son intelligence et son bagout. Il est foncièrement pervers et méchant : William Goldman le fait disparaître très vite de l’histoire, sans espoir de le récupérer pour le faire passer dans le camp des « bons ».

Générique

Titre original : Princess Bride
Production
: Andrew Scheinman
Producteurs associés : Steve Nicolaides, Jeff Stott
Scénario : William Goldman
Réalisateur : Rob Reiner
Directeur de production : David Barron
Directeur photo : Adrian Biddle
Chef Décorateur : Norman Garwood
Montage : Robert Leighton
Casting (U.K.) : Debbie Mc Williams
Casting (U.S.A.) : Jane Jenkins
Musique : Mark Knopfler (« Dire Straits »), Willy De Ville (la chanson « Story Book Love »)
Costumes : Phyllis Dalton et Jane Hamilton
Son : David John
Script : Ceri Evans
Directeur artistique : Keith Pain
Effets spéciaux : Nick Allder
Chef maquilleur : Loïs Burwell
Coiffeur : Eithne Fennell

Interprétation :
Westley / Cary Elwes
Bouton d’Or / Robin Wright
Inigo Montoya / Mandy Patinkin
Prince Humperdinck / Chris Sarandon
Vizzini / Wallace Shawn
Comte Rugen / Christopher Guest
Fezzik / André Le Géant
Miracle Max / Billy Crystal
Valérie, femme de Max / Carole Kane
L’enfant / Fred Savage
Le grand-père / Peter Falk
L’homme du clergé / Peter Cook

Durée : 98 minutes
Format : 1/1,66
Distribution : Artédis
Sortie en France : 9 mars 1988

Autour du film

Le plaisir d’un paradis perdu et soudain retrouvé

Revoir les films qui nous ont fait rêver durant notre enfance, mais avec les yeux amusés et délicieusement nostalgiques d’un adulte un peu magicien, tel est le plaisir que nous propose Rob Reiner.

Princess Bride est bien, tout d’abord, un film pour enfants, dans la mesure où l’humour, le merveilleux, l’aventure, les duels, les monstres, l’émotion, l’amour, se marient harmonieusement pour créer un spectacle enchanteur fait pour plaire et toucher.

Mais l’adulte peut aussi y trouver, en plus du plaisir des yeux, matière à réflexion. Car Rob Reiner, sans jamais tricher, sait remarquablement doser ses effets, multiplier les clins d’œil et les références. La force du film vient de l’habileté avec laquelle est construite l’histoire (un grand bravo pour William Goldman, le scénariste, qui passe aisément de la réalité à l’imaginaire du livre et de l’image), qui nous permet à la fois de rester adulte et d’avoir, un moment, le regard de l’enfance. C’est cette distance toujours bien respectée et légèrement parodique – sans méchanceté aucune –, qui permet au film d’exister vraiment. Après tout, l’homme américain n’a-t-il pas été bercé, depuis sa plus tendre enfance, par la bande dessinée ?

Car il y a aussi, dans le film de Rob Reiner et William Goldman, un très grand respect pour des règles et un genre qui a toujours eu son heure de gloire au sein du cinéma américain. Respect et tendresse pour le genre, mais aussi pour les situations et les personnages. Ces derniers sont en effet dessinés sans tricherie, sans mépris – même si leur psychologie reste sommaire (et heureusement qu’elle l’est !). Nous suivons avec un bonheur sans mélange leurs aventures et mésaventures. Nous finissons par croire en eux parce que Rob Reiner est avec eux, pour eux, constamment, qu’ils soient dans le camp des « bons » comme dans celui des « méchants ».

Et la meilleure manière d’aborder les contes n’est-elle pas de le faire avec le regard de l’enfance tout en sachant qu’on ne pourra jamais revenir en arrière ?
Bernard Cohn

Bob Reiner réinvente les règles avec humour

« L’imagerie enfantine constitue en général pour un cinéaste le terrain miné par excellence. Rob Reiner a su prendre le recul nécessaire pour éviter le film pour enfants traditionnel. Princess Bride en respecte pourtant les règles, mais les réinvente avec humour : on s’est empressé de rapprocher le « système Reiner » de Mel Brooks et des Monthy Python. Mais Mel Brooks joue à fond sur la parodie (ce que Princess Bride ne fait pas) et les Monthy Python jonglent avec les anachronismes (Reiner ne se le permet pas non plus). Il se conforme à la linéarité de son récit et détourne les situations classiques et convenues de l’univers féerique au moyen d’autres éléments classiques, ceux de la comédie américaine. »
Nicolas Saada, “Cahiers du Cinéma”, mars 1988.

L’habileté de Bob Reiner

« Rob Reiner n’est pas dupe et ne tombe pas tête baissée dans la mièvrerie des histoires pour les petits n’enfants. Ses monstres se limitent à des gros rats ou des anguilles hurleuses, des braves bêtes somme toute, et il ne se laisse pas emporter par des effets spéciaux tapageurs à la manière d’un George Lucas. Il filme avec amour et générosité, et respecte les règles du genre. Le prince à l’air faux cul est bien un félon, le roi des pirates un vrai gentleman, le géant n’est pas en carton-pâte : c’est André Ferré, dit « le Géant », 2m10, catcheur français qui fait ses débuts à l’écran. À côté de ces personnages classiques, qu’on croirait sortis d’un film de Richard Thorpe, Reiner en invente d’autres plus picaresques. Un décalage subtil qui lui permet de prendre du recul sans verser dans la grosse rigolade façon Sacré Graal des Monty Python. Reiner évite aussi de se laisser aller à une fascination niaise à la Spielberg. »
Marie Colmant, “Libération“, 14 mars 1988.

Un film aérien

« L’intelligence de Reiner est précisément d’avoir gommé toute lourdeur dans le comique le plus outrancier. Rob Reiner opte pour une élégance et une légèreté d’écriture qui font souvent penser à “l’understatement” anglais ou aux films de Danny Kaye (Walter Mitty en particulier). La mise en scène, on pourrait même dire la chorégraphie, de Rob Reiner a su retenir ce qu’il y avait d’aérien dans les films de cette époque (on pense bien sûr aux pirouettes et aux acrobaties des Aventures de Robin des bois). Les personnages du conte ne semblent plus liés au sol par la pesanteur. Ils rebondissent littéralement et le film cultive cette idée de légèreté des corps dans plusieurs séquences. »
Laurent Vachaud, “Positif”, mai 1988.

Vidéos

Le cauchemar de Bouton d’or

Catégorie :

par Jean-Pierre Berthomé

Pistes de travail

  • La mémoire du cinéma Comme le film s’enracine dans la mémoire du cinéma, il est judicieux de recenser les héros de films d’aventures ou de cape et d’épée dont les élèves ont pu avoir connaissance dans leur jeune passé cinéphilique (ou téléphilique !). Cela peut donner l’occasion à l’enseignant d’indiquer la filiation de certains de ces personnages.
  • L’humour des personnages Comment Rob Reiner réutilise-t-il ces personnages ? Quelles distorsions leur fait-il subir ? Etudier le choix des acteurs, leur manière de jouer, leur habillement (et leur évolution au cours du film), les dialogues et les ruptures de ton, l’humour qu’ils entretiennent avec eux-mêmes.
  • Les moteurs du récitReprendre l’évolution du récit: à partir de l’argument archétypal (Deux jeunes gens, au début du film, découvrent leur amour/ Ils sont séparés/ Ils se retrouvent à la fin), comment le scénario multiplie-t-il les obstacles à leurs retrouvailles? Comment l’attente du spectateur est-elle ménagée, excitée, satisfaite ?
  • Le rôle du narrateur Recenser les interventions du narrateur dans le cours du récit : les étudier séparément en s’interrogeant sur les raisons qui ont conduit les auteurs à les placer à tel ou tel endroit du récit, réfléchir sur l’incidence qu’ils peuvent avoir sur le spectateur, comment d’une façon plus générale ils participent à l’économie du spectacle.
  • Le rythme de la mise en scèneSérier les séquences d’action et s’interroger sur la manière avec laquelle elles sont filmées (plans brefs, montage rapide de scènes souvent tournées à plusieurs caméras, etc.). Comment sont-elles agencées avec les séquences « récitatives » ? Comment celles-ci sont-elles filmées (recours aux plans généraux, mouvements d’appareils, jeu des acteurs dans le cadre, etc.) ? Préciser ainsi la rythmique imposée à la mise en scène.
  • L’économie du spectacle Aborder le concept de spectacle. En quoi le cinéma est-il essentiellement un art du spectacle ? L’importance du spectateur dans un tel dispositif, sa place par rapport aux personnages et au déroulement du récit ? A chaque moment, quelle connaissance a-t-il de tel ou tel personnage, de telle ou telle situation ? Comment les auteurs jouent-ils de son attente, de son désir ? Truffaut aimait à comparer la dramaturgie à un jeu de billard dans lequel les boules blanches seraient celles des personnages et la rouge, celle du spectateur. Chaque déplacement de l’une engage la place des autres. Ainsi se développe le jeu des regards.

    Mise à jour : 17-06-04

Expériences

Du “Magicien d’Oz” à “Princess Bride”, un cinema de genre

La cinématographie américaine a su, mieux que tout autre, cibler son public. Cinéma de genre (western, comédie, policier, etc.), le cinéma américain a toujours dosé la qualité artistique et l’impact financier. Princess Bride est un bel exemple de cet équilibre qu’un bon artisan comme Rob Reiner peut offrir lorsque des trouvailles de scénario (signé d’un grand nom : William Goldman), la beauté des décors, la somptuosité des costumes et souvent l’humour des dialogues se conjuguent harmonieusement.

Rob Reiner est tout sauf un auteur. Il n’a pas véritablement de monde personnel, il se situe dans la lignée de ces façonniers qui sont nombreux à Hollywood et qui par leurs films, ont su plaire et toucher.

Princess Bride se situe dans la continuité des films pour enfants et adolescents dont l’un des plus beaux fleurons est Le Magicien d’Oz de Victor Fleming (1939). Ce n’est donc pas un hasard si l’histoire même de Princess Bride provient d’une lecture faite par un grand père à son petit-fils au début du film. Et si, constamment, l’on passe de scènes réelles (le lecteur et son auditeur) à des scènes de fiction (l’aventure de Bouton d’or, l’héroïne), où la phrase écrite et lue à haute voix devient l’image et réciproquement. Il s’agit de montrer comment le texte devient le support de l’image, comment celui-là aide celle-ci à prendre son envol pour mieux ensuite exister par elle-même. La bande dessinée dont le lecteur américain a toujours été si friand fut sans aucun doute le genre littéraire le plus favorable à cette éclosion. On ne compte plus les adaptations de Zorro, Tarzan et autres héros bondissants. Pour devenir film, la bande dessinée n’avait plus qu’à trouver le mouvement. Les cadrages, la profondeur de champ, les ellipses, les raccords étaient prêts à vivre à 24 images secondes.

Princess Bride n’échappe pas à la règle. Ce film est à la fois un conte merveilleux et une aventure de cape et d’épée. Il participe aussi du film de monstres, comme le prouve la séquence du « marais de feu » où apparaît un énorme rat qu’un Ray Harry-Hausen, le grand créateur de monstres pour l’écran, aurait pu imaginer. Mais Princess Bride est aussi une fable initiatique dans la mesure où les deux héros, pour trouver le bonheur, doivent vaincre les « méchants » et éviter les pièges de toutes sortes qui leur sont tendus.

Outils

Bibliographie

Romance américaine, Henri Agel, coll. "Septième art", Ed. du Cerf, 1963.
Hollywood, ouvrage collectif, Cahiers de la cinémathèque n° 20, 1976.
L'écran fantastique, Alain Schlockoff, Ed. l'Herminier, 1975.
Le Cinéma fantastique, Gérard Lenne, Ed. Henry Veyrier, 1985.