La profondeur de champ

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C’est la zone, dans l’axe de la prise de vue, où les objets apparaîtront “nets”. Selon les lois de l’optique, une lentille convergente (l’objectif) fait converger les rayons lumineux émis par l’objet filmé. Si le point de convergence coïncide avec le plan du film, l’image de l’objet sera nette ; et si ce point se situe, plus ou moins, en avant ou en arrière du plan du film, l’image sera plus ou moins floue.

La netteté optimale se trouve au premier tiers dans la zone de netteté : elle est donc plus courte devant l’objet que derrière.
L’importance de cette zone de netteté (c’est-à-dire la profondeur de champ) est fonction de deux paramètres :

– la distance focale : plus cette distance (caractéristique inhérente à l’objectif) est courte, plus l’angle de prise de vue sera large et plus la profondeur de champ sera grande. À l’inverse, une longue focale (télé-objectif) réduira considérablement la profondeur de champ, comme l’angle de prise de vue.

– l’ouverture du diaphragme : plus le diaphragme (opercule réglable qui laisse passer plus ou moins de lumière) sera fermé, plus la profondeur de champ sera faible. À l’inverse, plus ce diaphragme sera ouvert, plus la profondeur de champ sera grande.
La mesure de cette ouverture est exprimée par un rapport inversé : 1/3,5; 1/5,6; 1/8; 1/16; 1/22. “F3,5” est donc une valeur d’ouverture plus grande que “ F22 ”.

Esthétique de la profondeur de champ

L’utilisation de la profondeur de champ a donné lieu à de véritables partis pris esthétique pour “représenter” l’espace cinématographique. Jean Renoir, l’un des premiers, utilisa cette possibilité dans Une partie de campagne pour laisser au regard du spectateur la liberté de découvrir les différents plans dans la profondeur du champ, du premier plan à l’arrière, de faire jouer ces différents plans les uns par rapport aux autres. Pour gagner plus de profondeur, il utilisa des objectifs photo du début de siècle (pensez à L’Arrivée du train en gare de La Ciotat des Frères Lumière), qui ne possédait que de faibles ouvertures de diaphragme. Plus tard, Orson Welles, grâce à des pellicules plus rapides, put se permettre de fermer davantage ses diaphragmes pour bénéficier d’une plus grande profondeur de champ : dans Citizen Kane, ses personnages sont toujours mis en perspective dans des décors ou des structures picturales qui jouent un rôle essentiel dans la dramaturgie du film.

On aura remarqué dans Le Gone du Chaâba, comment Christophe Ruggia place dans la profondeur du champ l’univers du bidonville qui prend véritablement valeur de personnage : “le chaâba”.


Analyse et montage : Cécile Paturel