L’histoire d’amour fou au cœur de L’Étrange affaire Angélica, entre un photographe et le spectre d’une jeune femme, suscite une douce étrangeté assez singulière et revisite avec humour les intrigues de plusieurs récits occidentaux – l’épisode des sirènes de L’Odyssée, le conte traditionnel portugais Branca-flôr, etc. Traversé par les motifs du double, de la duplicité et de la répétition, le film brouille les frontières entre le monde des vivants et celui des morts, et permet aux fantômes de devenir plus réels et souriants que ceux que côtoie tous les jours le personnage principal. L’Étrange affaire Angélica développe en parallèle une puissante réflexion sur le cinéma, sur ses capacités en tant qu’art et son histoire depuis la période du muet. À travers l’analyse des principaux aspects thématiques et formels du film, et en prenant en compte ce qu’ils doivent à d’autres œuvres ou périodes de la filmographie oliveirienne, le présent essai cherche à faire apparaître les éléments qui font de L’Étrange affaire Angélica un film de fantômes unique en son genre.
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Guillaume Bourgois est maître de conférences en études cinématographiques à l’université de Grenoble. Il est spécialiste du cinéma portugais et de la littérature de Pessoa. Il a écrit une thèse de doctorat sur l’œuvre de Manoel de Oliveira.