Synopsis
À quelques jours du début de la saison estivale, les habitants de la petite station balnéaire d’Amity sont mis en émoi par la découverte sur le littoral du corps atrocement mutilé d’une jeune vacancière. Pour Martin Brody, le chef de la police, il ne fait aucun doute que la jeune fille a été victime d’un requin. Il décide alors d’interdire l’accès des plages mais se heurte à l’hostilité du maire uniquement intéressé par l’afflux des touristes. Pendant ce temps, le requin continue à semer la terreur le long des côtes et à dévorer les baigneurs…
Distribution
Roy Scheider : Martin Brody, chef de la police d’Amity
Richard Dreyfuss : Matt Hooper, scientifique océanographique
Robert Shaw : Bart Quint, chasseur de requins
Lorraine Gary : Ellen Brody, femme de Martin
Murray Hamilton : Larry Vaughn, le maire d’Amity
Carl Gottlieb : Ben Meadows, l’adjoint du maire
Jeffrey Kramer : Jeff Hendricks, l’adjoint de Brody
Susan Backlinie : Christine « Chrissie » Watkins
Jonathan Filley : Tom Cassidy
Chris Rebello : Michael « Mike » Brody, fils aîné de Martin et Ellen Brody
Jay Mello : Sean Brody, fils cadet de Martin et Ellen Brody
Lee Fierro : Mme Kintner
Jeffrey Voorhees : Alex M. Kintner
Craig Kingsbury : Ben Gardner
Ted Grossman : L’homme sur la barque
Robert Nevin : Le médecin légiste
Peter Benchley : L’intervieweur TV sur la plage
Générique
Titre original : Jaws
Titre de travail : Stillness in the Water
Titre français : Les Dents de la mer
Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Peter Benchley et Carl Gottlieb ; Howard Sackler, John Milius et Robert Shaw pour le monologue sur l’USS Indianapolis (non crédités) d’après le roman de Peter Benchley
Direction artistique : Joe Alves
Décors : John M. Dwyer
Costumes et maquillage : Cinematique
Photographie : Bill Butler ; Rexford Metz (prises de vue sous-marines), Ron et Valerie Taylor (vues sous-marines de vrais requins)
Effets spéciaux : Robert A. Mattey
Son : John R. Carter et Robert Hoyt (enregistrement effectué à : Westrex Recording System)
Montage : Verna Fields (chef monteuse), Jeff Gourson (assistant monteur)
Musique : John Williams
Durée : 2h04
Autour du film
Sorti en 1975, le troisième long métrage de Steven Spielberg allait consacrer à tout jamais son réalisateur autant qu’il allait traumatiser des milliers de spectateurs à travers le monde, au point que les affluences sur les grèves s’en verront fortement diminuées. Les dents de la mer, au départ prévu pour n’être qu’un téléfilm, est une adaptation, tout aussi hitchcockienne que le précédent Duel, du roman de Peter Benchley publié en 1974 devenu un véritable best-seller en accumulant les ventes à travers le monde. L’idée de transposer le livre sur grand écran émane de l’épouse de David Brown, Helen Gurley Brown qui découvre le récit alors qu’elle est éditrice du Cosmopolitan. David Brown et Richard Zanuck, qui ont tous deux travaillé auparavant avec Spielberg sur The Sugarland express, acceptent d’un commun accord lorsque le réalisateur se dit intéressé par cette nouvelle opportunité. Le film spielbergien suivra une voie similaire à celle du roman, ramenant plus de 470 millions de dollars et remportant une kyrielle de récompenses prestigieuses (des Oscars aux Golden Globes en passant par les BAFTA).
Plus qu’un simple film d’horreur mettant en scène des animaux tueurs, Les Dents de la mer se présente comme un joyau cinématographique héritier des pellicules d’Hitchcock dans la manière de filmer et d’installer le suspense. La scène d’entrée est tournée une dizaine de minutes avant le coucher de soleil, exercice périlleux puisque la luminosité ne sera que de courte durée. Mais Spielberg ne refuse jamais une difficulté pour autant que celle-ci contribue à l’amélioration du matériau sur lequel il travaille. Le réalisateur l’a déjà prouvé en tournant intégralement le film Duel en extérieur en une douzaine de jours seulement. La première scène d’attaque, jouxtant cette entrée en matière à l’éclairage surréaliste, ne met aucunement en exergue les mâchoires suggérées dans le titre de l’œuvre. Une entité inconnue happe la nageuse vers le fond de l’eau sans que le sang ne se répande outre mesure. Dès lors, le spectateur est acculé dans une situation terrifiante et il ne peut s’empêcher de seriner la même question : « Que vient-il de se produire sous mes yeux ? » Et le réalisateur de répondre à l’interrogation de la plus belle des manières en mentionnant l’attaque du requin sur un rapport de police.
Jouant la carte de la suggestion à de nombreux moments, Spielberg reproduit les schémas hitchcockiens dont il se proclame l’héritier. Parallèlement, ces astuces (comme celle des bidons en plastique) permettent au budget de s’alléger considérablement sans montrer le squale sous toutes ses coutures. Pourtant, Les Dents de la mer n’est pas avare en monstration. En effet, les gigantesques mâchoires apparaîtront à de nombreux moments-clé de l’œuvre, histoire de permettre au spectateur de visualiser l’animal et ainsi de l’emmener au summum de l’angoisse.
En artiste de génie, Spielberg ne table pas uniquement sur ces scènes d’attaque et prend le temps de poser son intrigue en développant de longues scènes de dialogues ou d’actions quotidiennes. Celles-ci permettent la projection et l’identification dans la peau de l’un ou l’autre personnage. Les explications de Quint relatives à sa manière de chasser les requins ne sont pas anodines : elles fournissent au spectateur plus de renseignements sur le bonhomme qu’il n’en faut. Le langage du marin et ses attitudes permettront de le cataloguer dans la catégorie des vieux loups de mer qui n’ont peur de rien. Quint prend ainsi une nouvelle dimension, lui qui avait été présenté comme un rustre trop sûr de lui lors de la conférence avec les hauts dignitaires d’Amity. Il développera une nouvelle facette de sa personnalité lors de son fameux discours sur le drame de l’Indianapolis.
Le métrage présente une magnifique réflexion ontologique. Bien plus que le requin, l’homme est au centre de l’œuvre spielbergienne (comme c’était déjà le cas pour Duel). Cet anthropocentrisme sera récurrent dans la filmographie du réalisateur puisqu’il ne s’arrêtera jamais de présenter un homme dans une posture délicate, face à un danger duquel il ne peut s’extraire (pensons à la course-poursuite de Duel ou à celles de Minority report et de Jurassic park). Dans tous les cas, quelque chose vient rappeler à l’être humain qu’il n’est à l’abri d’aucune dérive scientifique (les dinosaures de Jurassic park, les précogs de Minority report, le camion de Duel) ou naturelle (les requins du présent film, le Mal dans La liste de Schindler). Les tourments des humains dépassés sont dépeints avec justesse, Spielberg prenant un malin plaisir à placer l’être dans des situations aussi pittoresques que potentiellement probables (la plage sur laquelle personne ne se baigne, la farce du faux aileron).
En définitive, Les Dents de la mer reste une œuvre difficile à appréhender tant elle traite d’une multitude de thèmes avec brio (les malversations politiques, l’inconscience et la paranoïa collectives, le jusqu’au-boutisme, la lutte entre raison et action). Chef-d’œuvre au suspense haletant, porté par une musique grandiose de John Williams, ce Jaws restera à jamais gravé dans les mémoires des spectateurs. De quoi franchement devenir aquaphobe…
Par Damien Taymans, pour Cinemafantastique.net
www.cinemafantastique.net
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Le danger qui guette
Catégorie : Analyses de séquence
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"Les dents de la mer" ou l'invention du blockbuster - Article Télérama
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