Biographie
Julien Duvivier naît à Lille le 3 octobre 1896. Élevé au sein d’une famille très stricte, scolarisé chez les Jésuites, le jeune Julien Duvivier contracte pourtant très tôt le démon du théâtre. Il commence à faire de la figuration sur scène à partir de ses dix-neuf ans mais rôde aussi sur les plateaux de cinéma où les figurants sont grassement payés. C’est là qu’il rencontre André Antoine dont il devient l’assistant.
Après la guerre, il se retrouve embarqué par Gaston Huon, opérateur de l’armée fraîchement démobilisé et qui monte à Bordeaux sa propre société de production, Burdigala Films. L’entreprise ne durera pas longtemps, mais Duvivier aura ainsi l’occasion de réaliser ses deux premiers films, Haceldama (1919) et La Réincarnation de Serge Renaudier (1920), le second voyant ses négatifs perdus dans l’incendie du laboratoire, ce qui va le faire disparaître à jamais tout comme la jeune maison de production qui ne se remettra pas de ce désastre.
Duvivier regagne Paris, retravaille un temps comme assistant et en 1921 monte une nouvelle société de production : La Société Régionale de Cinématographie. Il repasse ainsi derrière la caméra avec Les Roquevillard et démarre véritablement sa carrière de cinéaste. Il s’illustre dans tous les genres, du drame réaliste au fantastique, du policier à la comédie, du serial à la romance en passant même par le documentaire. Sa carrière muette est très riche (vingt deux films !) et s’il ne tourne pas de chefs d’œuvres impérissables cette période comporte son lot de films solides et quelques véritables réussites.
Il devient un technicien hors pair, innove énormément, puisant notamment dans le cinéma russe et anglo-saxon des éléments de mise en scène qui viennent dynamiser le cinéma hexagonal. A l’arrivée du parlant, il signe David Golder qui l’impose comme l’un des plus importants cinéastes français de son époque.
Les plus souvent auteur de ses scénarios (très souvent en collaboration étroite avec Charles Spaak et Henri Jeanson), il tourne plus de soixante films entre 1919 et 1967, traversant l’histoire du cinéma français du muet à la Nouvelle vague. Fidèle à ses acteurs, il lance les carrières d’Harry Baur avec David Golder, de Dalio et de Robert Le Vigan et découvre Gabin (« il m’a tout appris » déclarera ce dernier) : « Ma nature me pousse vers des thèmes âpres, noirs, amers. J’ai bien l’impression que nous traversons une ère où les gens ne s’aiment pas ». De fait, s’il a touché à tous les genres et si ses succès publics les important appartiennent au domaine de la comédie (Don Camillo et sa suite) ce sont dans ses œuvres les plus sombres que le cinéaste semble paradoxalement s’épanouir.
Rejeté par la Nouvelle vague (pour qui il avait par ailleurs la dent dure : « Vos mouvements d’appareils sont laids parce que votre sujet est mauvais, vos acteurs jouent mal parce que vos dialogues sont nuls »), pourchassé par une réputation de râleurs intransigeant et cruel, Duvivier perd son aura dans les années 60, là où un Renoir est au contraire porté aux nues par les jeunes cinéastes de cette génération.
Filmographie
- 1932 Poil de Carotte
- 1935 La Bandera
- 1935 Golgotha
- 1936 La Belle équipe
- 1936 Le Golem
- 1937 Pépé Le Moko
- 1937 Un Carnet de bal
- 1939 La Fin du jour
- 1940 Untel père et fils
- 1942 Six destins
- 1944 L’imposteur
- 1947 Panique
- 1951 Sous le ciel de Paris
- 1952 Le Petit Monde de Don Camillo
- 1953 Le Retour de Don Camillo
- 1956 Voici le temps des assassins
- 1957 L’homme à l’imperméable
- 1957 Pot-bouille
- 1959 Marie-Octobre
- 1962 Le Diable et les Dix Commandements
- 1963 Chair de poule
- 1967 Diaboliquement votre