Rocks

Grande-Bretagne (2019)

Genre : Drame familial

Écriture cinématographique : Fiction

Archives CAC, Collège au cinéma 2022-2023

Synopsis

Rocks, 15 ans, vit à Londres avec sa mère et son petit frère. Du jour au lendemain leur mère disparait, une nouvelle vie va s’organiser avec l’aide de ses meilleures amies. Rocks doit tout mettre en œuvre pour échapper aux services sociaux.

Distribution

Bukky Bakray : Shola, dite « Rocks »
Kosar Ali : Sumaya
D’Angelou Osei Kissiedu : Emmanuel
Shaneigha-Monik Greyson : Roshé
Ruby Stokes : Agnes
Tawsheda Begum : Khadijah
Afi Okaidja : Yawa

Générique

Titre original et français : Rocks
Réalisation : Sarah Gavron
Scénario : Claire Wilson et Theresa Ikoko, d’après l’histoire de cette dernière
Musique : Emilie Levienaise-Farrouch
Photographie : Hélène Louvart

Autour du film

Dans la pure tradition du cinéma anglo-saxon, Rocks s’invite à la façon d’un Ken Loach au milieu d’une bande attachante d’adolescentes londoniennes. Dans ce film attachant et plein de vie, Sarah Gavron évoque le moment où les questionnements de l’adolescence rencontrent les difficultés de la vie sociale dans une ville de Londres pluri-ethnique et culturelle. Un hymne au multiculturalisme, à la solidarité et à l’amitié.

Sur son versant fictionnel, la cinéaste britannique suit à la trace son héroïne : Rocks (Bukky Bakray), 15 ans, qui vit avec son frère et sa mère à Londres, fréquente une école pour filles et monnaye à la récré ses talents de maquilleuse qu’elle expose sur son compte Instagram.

Jusqu’ici rien ne distingue vraiment Rocks d’une autre adolescente : elle baigne dans la grâce de l’ordinaire, évolue dans un monde exclusivement féminin, puisque le collège n’est pas mixte et que le père est absent. On sait gré à la cinéaste de ne jamais nous mettre sur la piste du film à sujet ou de la thématique sociale. Elle se tient du côté de son héroïne, qui ne se sent ni désavantagée ni privilégiée, qui veut simplement, et chaque matin, vivre sa vie.

Vivre et survivre

Si Rocks est bel et bien une fiction, sa genèse emprunte quelques outils à la méthode documentaire : des mois d’observation dans une école pour filles, un casting de plus de mille adolescentes, une écriture collaborative qui intègre au scénario les idées des actrices, toutes issues de milieux sociaux et ethniques très divers.

L’absence de la mère désaxe Rocks de sa trajectoire, contrainte d’osciller entre l’insouciance qui caractérise son âge et sa responsabilité face à son petit frère. De ce travail patient surgit la plaisante impression que le regard de Sarah Gavron n’est jamais surplombant ou avide d’aspirer l’énergie de ses actrices. C’est un regard sobre, patient, curieux, qui filme cette bande d’amies comme un cocon imperméable au fracas du monde, jusqu’à ce qu’un événement vienne ébrécher la paisible trame du quotidien. Un jour, la mère de Rocks s’absente et laisse un mot : elle doit se reposer loin des siens, et ne dit pas quand et si elle reviendra.

Cette subite absence provoque un trou dans le récit, reconfigure les coordonnées du scénario adolescent. Il désaxe aussi Rocks de sa trajectoire, contrainte d’osciller entre l’insouciance qui caractérise son âge et sa responsabilité face à son petit frère.

On avait découvert la sensibilité artistique de Sarah Gavron en 2007 avec Rendez-vous à Brick Lane, un drame britannique sur le destin d’une jeune bangladaise envoyée à Londres dans le cadre d’un mariage arrangé. La jeune cinéaste britannique marchait sur les traces d’un illustre compatriote aux allures de mentor, Ken Loach. Huit ans plus tard, on l’avait retrouvée bien loin du style de son premier effort avec Les Suffragettes, production historique plus guindée et étouffée dans son classicisme. Avec Rocks, son troisième long-métrage, la metteur en scène revient à ses premiers amours, un cinéma social partagé entre la douleur d’un drame attristé et le positivisme de l’espérance.

Rocks s’inscrit dans la veine de ce cinéma social anglo-saxon s’efforçant d’apporter un peu de lumière au sein d’une chronique dramatique suivant les tourments d’un personnage nageant à contrecourant du bonheur. Cette fois-ci, c’est le quotidien soudainement difficile d’une adolescente de quinze ans que met en scène Sarah Gavron. Quand du jour au lendemain son instable de mère se volatilise, la jeune Rocks se retrouve à s’occuper seule de son petit frère en essayant de cacher sa situation à tous, à commencer par les services sociaux.

Alors que le drame s’étale sans jamais sombrer dans le pathos excessif, Rocks traverse avec maîtrise les thématiques qu’il entendait évoquer, la mixité, l’amitié, l’adolescence, le sens des responsabilités, la difficulté de devoir grandir plus vite que prévu.

Pistes de travail

Analyse de séquence

Dans ce film, la réalisatrice britannique raconte le quotidien d’une adolescente anglaise d’origine nigériane dont la mère disparaît sans laisser de traces… L’extrait analysé montre la manière dont la cinéaste réussit subtilement à semer des indices sur le drame qui se prépare. Jeux de regards, variations champ/contre-champ, zoom sur des accessoires… : différents procédés sont utilisés pour réaliser la technique du « forshadowing » ou effet d’annonce.




Expériences

La réalisatrice britannique (Les Suffragettes, Brick Lane…) raconte comment elle a mené un véritable travail de recherche, d’observation et de dialogue avec de jeunes lycéennes londoniennes pour proposer une représentation réaliste de leur quotidien dans son dernier film Rocks (2019).