Synopsis
Freda habite avec sa famille dans un quartier populaire de Port-au-Prince. Ils survivent grâce à leur petite boutique de rue. Face à la précarité et la montée de la violence en Haïti, chacun se demande s’il faut partir ou rester. Freda veut croire en l’avenir de son pays.
Distribution
Néhémie Bastien : Freda
Fabiola Remy : Janette
Djanaïna François : Esther
Jean Jean : Yeshua
Gaëlle Bien-Aimé : Géraldine
Rolaphton Mercure : D-Fi
Cantave Kervern : Moïse
Paula Clermont Péan : Marlène
Générique
Réalisatrice : Gessica Geneus
Scénariste : Gessica Geneus
Directrice de la photo : Karine Aulnette
Son : Thomas Van Pottelberge
Monteur : Rodolphe Molla
Mixage : Joël Rangon
Étalonnage : Amine Berrada et Laurent Navarri
Ingénieur du son : Thomas Van Pottelberge
Autour du film
C’est le premier long-métrage de Gessica Généus, après avoir réalisé un premier documentaire sur sa mère. Le film s’inscrit dans un projet féministe.
Il s’ouvre sur le cauchemar récurrent de Freda à la suite du viol qu’elle a subi de la part d’un compagnon de sa mère. Sur fond de manifestations contre la corruption et de fusillades, cette famille sans père survit autour de Jeannette mère affectueuse et cynique, agressive et désarmée. Elle se réfugie dans un culte évangélique orchestré par un pasteur blanc qui a tout d’un charlatan. Elle pousse sa fille cadette Esther à utiliser sa beauté et sa peau claire pour fréquenter des hommes riches. Elle voit d’un mauvais œil sa fille aînée Fréda suivre des études en anthropologie à l’université. Elle met de l’argent de côté pour permettre à son fils Moïse de partir pour le Brésil. Cette mère à la fois bonne et mauvaise incarne l’impossibilité pour les femmes haïtiennes de vivre dignement dans cette société patriarcale, corrompue et raciste : plus on est clair de peau, et plus on peut accéder au pouvoir et à l’argent.
Pistes de travail
Haïti, contexte politique et social
Une décennie après le tremblement de terre qui a ravagé Haïti, les projets de reconstruction se comptent sur les doigts d’une main. Le pays continue à être frappé par la pauvreté et fait face à une grave crise politique, institutionnelle, économique et sociale. Haïti est en effet secoué depuis quelques années par d’importants mouvements de protestations populaires et s’enfonce dans une violence chronique grandissante.
En 2017, des milliers de personnes étaient dans les rues pour réclamer des hausses de salaires et protester contre des taxes frappant l’ensemble de la population. Une flambée des prix de l’essence en 2018, ainsi qu’un scandale de corruption autour de l’utilisation des fonds du programme pétrolier Petrocaribe impliquant plusieurs ministres et le président Jovenel Moïse, provoquent à nouveau la colère de la population. La mobilisation, qui débute sur les réseaux sociaux, s’amplifie ensuite à travers d’importantes manifestations réclamant la démission du président. Celles-ci sont émaillées de violences, tandis que les grèves, les pillages et les blocages routiers sur les principaux axes du pays aggravent une situation économique déjà délétère, et entraînent de nombreux départs de la jeunesse vers le Chili.
Cette crise socio-politique et les émeutes de plus en plus violentes qui l’accompagnent ont permis à des bandes criminelles de prospérer. Ces groupes ont profité de l’instabilité pour semer le chaos, multiplier les enlèvements, les vols à main armée ainsi que des assassinats ciblés. Aujourd’hui, face à la déliquescence du pouvoir, à la faible présence des forces de police et à la corruption, la sécurité de la population n’est plus garantie. Ces phénomènes sont d’autant plus difficiles à enrayer qu’il existe des collusions entre ces groupes criminels et des personnes de pouvoir.
Cette situation a de nouveau été mise en évidence avec l’assassinat du Président Jovenel Moïse le 7 juillet dernier par un commando armé. Le tournage de Freda, qui a démarré en 2019 en plein chaos politique, a pu se faire grâce à la mobilisation et à la protection de la population des quartiers où le film a été tourné.