Biographie
CLAUDE NURIDSANY ET MARIE PÉRENNOU
Leur passion pour le peuple de l’herbe na’eet dans l’enfance. C’est, pour Claude Nuridsany, quand il observe fasciné la tête pivotante d’une mante religieuse, et croit avoir déniché un organisme extra-terrestre. Pour Marie Pérennou, c’est quand elle regarde son père faire sortir un grillon de son trou en soufflant dessus : » J’avais l’impression que l’insecte et lui étaient complices « .
à la fin des années 60, ils se rencontrent alors qu’ils font tous deux des études de biologie à l’université Pierre et Marie Curie sur le campus de Jussieu. En 1969, ils décident de travailler en équipe, mais aussi de quitter la recherche universitaire. Non par rejet libertaire du système académique, mais par passion pédagogique.
La voie à suivre est bientôt trouvée : il s’agit de changer d’échelle. D’utiliser des techniques permettant d’offrir au regard un monde minuscule que les gens n’ont pas la patience de regarder. Vers 1870, le plus célèbre des entomologistes, Jean-Henri Fabre, avait abandonné des fonctions universitaires pour se retirer dans un hameau de l’Aveyron où il rédigeait ses carnets d’observations pleins de poésie. Cent ans plus tard, Marie et Claude s’installent tout près, dans le hameau de Salles la Source, et deviennent des spécialistes en macrophotographie, élaborant des techniques de prise de vue afin de concilier information scientifique et recherche esthétique. Leur sens de la composition et des couleurs, leur talent pour capter des aspects originaux et inattendus de la vie organique éclatent rapidement. Ils obtiennent en 1976 le prix Niepce pour leur œuvre photographique. Ils multiplient des publications dotées de textes précis et évocateurs et d’images somptueuses. Ils s’intéressent aux insectes, mais aussi à d’autres facettes de la nature – un de leur plus beaux livres, La métamorphose des fleurs (1997), retrace la croissance de 18 sortes de fleurs sauvages.
L’idée de Microcosmos émerge en 1992, comme une évolution naturelle de leur travail photographique. Dès la conception, l’idée du couple est de concevoir une » traduction artistique » de leurs nombreux carnets d’observation scientifiques. Pas de commentaires, mais une vision subjective de la variété prodigieuse du monde des insectes. L’approche se veut différente de celle des documentaires l’ayant précédé. Elle vise moins à montrer les aspects violents de la vie des insectes que leurs côtés inattendus, émouvants, humains, tout en décrivant de façon synthétique les aspects essentiels de leur parcours quotidien : naissance, recherche de nourriture, métamorphose. Marie et Claude rédigent un projet qu’ils soumettent au producteur Jacques Perrin. Ce dernier, habitué des paris risqués, s’engage avec enthousiasme dans un projet un peu fou qui coà»tera en fin de compte 25 millions de francs – somme plus de vingt fois supérieure au budget moyen d’un documentaire cinéma.
Le tournage est épique. Marie Pérennou et Claude Nuridsany passent 18 mois à superviser la conception d’un robot de prise de vue permettant de s’adapter à toutes les conditions de tournage. En même temps, ils préparent leur » studio dans les champs « , une installation qui leur permet de tourner les scènes les plus délicates en isolant les insectes. Ils s’entourent de preneurs d’image et de son reconnus pour leur travail en fiction et passent des mois à attendre les moments prévus dans leur scénario ou à essayer de les provoquer. Leur exigence est digne d’un Maurice Pialat : certains plans réclament près de 40 prises. 90 kilomètres de pellicules seront tournés afin de monter les deux kilomètres nécessaires pour le film.
Le résultat de ces efforts est dévoilé en 1996 et conna’eet un succès spectaculaire. Partout, le public est emballé par l’originalité des images, la radicalité du parti pris narratif, la poésie du montage et du point de vue. En France, plus de trois millions de spectateurs – amateurs de fiction comme de documentaire, enfants comme adultes – vont voir le film en salles. En vidéo, Microcosmos a un succès tout aussi spectaculaire, et conna’eet une distribution mondiale. Un critique américain observera qu’il n’y a qu’une cassette qui puisse faire taire une salle pleine de spectateurs de 2 à 80 ans parce qu’ils sont fascinés par ce qu’ils voient, et c’est Microcosmos.
Filmographie
Réalisations
- 1996 Microcosmos: le peuple de l'herbe
- 2004 Genesis
- 2011 La Clé des champs
Emissions de télévision
- 1984 La Planète des insectes
- 1986 Les Habitants du miroir
- 1987 Le Jeu de l'insecte et de la fleur
- 1987 Voyage au pays de l'invisible
Mise à jour le 24 octobre 2014