Synopsis
Suzanne, quinze ans, aime Luc mais ne se donne pas à lui, alors qu’elle s’offre à d’autres garçons, non sans remords. Dans sa famille, le malaise est constant, entre un père qu’elle aime, mais qui est parfois dur, une mère agressive et un frère possessif. Lorsque le père s’en va, la violence devient quotidienne. Pour y échapper, Suzanne épouse Jean-Pierre. Un soir, le père revient régler ses comptes avec la famille. Le jour où Suzanne part pour San Diego avec un nouvel amant, son père l’accompagne, et repart seul.
Distribution
- Suzanne
À nos amoursrévèle le talent et la personnalité de Sandrine Bonnaire. Elle incarne parfaitement l’adolescente de 1983, pour qui la question n’est plus de revendiquer sa liberté mais de donner libre cours, sans provocation, à une sensualité épanouie … La fragilité de l’actrice débutante, issue d’un milieu modeste, est aussi celle de la jeune femme que le manque de repères, face à une liberté sans but, plonge dans l’inquiétude. - Le Père
Maurice Pialat affirme avoir joué le rôle du père faute d’avoir trouvé l’acteur qui convenait… Mais qui ne voit qu’il était précisément cet acteur ? Massif, alliant la violence et la tendresse, le metteur en scène s’efface derrière Sandrine Bonnaire, qu’il lance dans l’aventure du cinéma, comme le père laisse, non sans inquiétude, sa fille se jeter dans l’aventure de la vie…
Générique
Réalisation : Maurice Pialat
Scénario et dialogues : Arlette Langmann et Maurice Pialat
Image : Jacques Loiseleux (Couleurs) et Pierre Novion, Patrice Guillou, Christian Fournier
Décors : Jean-Paul Camail, Arlette Langmann
Costumes Valérie Schlumberger, Martha de Villalonga
Montage : Yann Dedet, Sophie Coussein et Valérie Condroyer, Corinne Lazare, Jean Gargonne, Nathalie Letrosne, Catherine Legault
Son : Jean Umansky, François de Morant, Julien Cloquet, Thierry Jeandroz
Mixage : Dominique Hennequin
Scriptes : Marie-Florence Roncatolo, Martine Rapin
Assistants réalisateurs : Florence Quentin, Cyril Collard, Christian Argentino
Musique : Henry Purcell, What power art thou, extrait de King Arthur, interprété par Klaus Nomy
Producteur d’origine : Les Films du Livradois, Gaumont
Distributeur d’origine : Gaumont Distribution
Détenteur des droits actuel : Gaumont
Distributeur actuel : Gaumont
Détenteur des droits actuel : Gaumont
Détenteur des droits actuel : Gaumont
Durée : 1 h 42
Interprétation
Suzanne / Sandrine Bonnaire,
Robert, le frère / Dominique Besnehard,
Roger, le père / Maurice Pialat,
Betty, la mère / Evelyne Kerr,
Anne / Anne-Sophie Maillé,
Michel, » celui qui a un grand nez » / Christophe Odent,
Luc / Cyr Boitard,
Martine / Maïté Maillé,
Bernard / Pierre-Loup Rajot,
Jean-Pierre, le mari de Suzanne / Cyril Collard,
Nathalie / Nathalie Gureghian,
le moniteur / Guénolé Pascal,
Charline / Caroline Cibot,
Jacques, le beau-frère de Robert / Jacques Fieschi,
Marie-France, l’épouse de Robert / Valérie Schlumberger,
l’Américain / Tom Stevens,
Fanny / Tsilka Theodorou,
Claude / Vanghel Theodorou,
Solange / Isabelle Prades,
Freddy / Hervé Austen,
Alex / Alexandre de Dardel,
Richard / Alexis Quentin,
Adrien / Pierre Novion,
Henri / Eric Viellard,
la mère de Jean-Pierre / Anne-Marie Nivelle,
Angelo / Jean-Paul Camail,
Géraldine / Caroline Legendre,
le premier matelot / Loïc Ermel,
le second matelot / Claude Bachowiak,
le directeur / Paul Lugagne
Autour du film
À nos amours trace le portrait douloureux d’une adolescente de 1983. Mais le film est plus ambigu qu’il n’y paraît. De même qu’Éric Rohmer a toujours nié faire le portrait de la jeunesse de notre époque, Pialat tend également, par son propos, à la réflexion morale. » J’ignore pour qui j’écris, mais je sais pourquoi j’écris. J’écris pour me justifier (…) aux yeux de l’enfant que je fus « , écrit Bernanos dans Les Enfants humiliés. Ce même Bernanos que Pialat adaptera avec Sous le soleil de Satan. Les personnages de À nos amours se justifient sans cesse, en proie au remords et à la honte. La scène anthologique du retour du père joue sur ce principe unique : faire honte … Mais elle tire sa force aussi du remords de celui qui a abandonné sa famille. Suzanne n’échappe pas à la honte : face à la morale puritaine de sa mère, face à sa boulimie sexuelle qui la pousse à faire souffrir… » Quand je rencontre un type, je pense à mon père… Je me demande s’il trouverait que c’est un garçon bien… » On songe à cette lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo : » préservez-moi d’être un fils dont on a honte » (31 mai 1896). Au milieu de son règlement de comptes, Roger interpelle sa fille : » T’es comme eux ?… » Un appel à la seule qui, selon lui, fasse preuve de morale dans ce monde » triste « . Si Suzanne n’est pas encore » dans le bon lot « , rien n’est donc perdu…
Joël Magny
Vidéos
Analyse de séquence par Arthur Harari
Catégorie : Analyses de séquence
À travers l’analyse d’un extrait de À nos amours, où Luc revient vers Suzanne pour tenter de renouer avec elle, Arthur Harari montre combien, chez Pialat, la question du point de vue (qui regarde, que voit-on, à qui doit-on s’identifier?) est volontairement flottant et résolument anti-classique.
Jean-Sébastien Chauvin
Entretien avec Arthur Harari
Catégorie : Analyses de séquence
Arthur Harari est l’un des jeunes cinéastes français pour qui Pialat est une importante source d’influences. Dans cette vidéo il évoque À nos amours, la façon dont le film épouse le mouvement de la vie sans relever seulement du simple documentaire mais en recherchant au contraire une stylisation des « mouvements humains ».
Jean-Sébastien Chauvin
Pistes de travail
Suzanne autrefois, hier et aujourd’hui
À nos amours se fonde sur des souvenirs d’adolescence des années 60, mais se situe pleinement en 1983. Il est vu aujourd’hui, en 1999-2000. On peut tenter de cerner ce qui est spécifique de ce début des années 80 dans le comportement et l’entourage de Suzanne. Qu’est-ce qui, au contraire, reste marqué par les années 60 ? Qu’est-ce qui demeure d’actualité dans les sentiments et les inquiétudes de Suzanne, dans les réactions de son père, sa mère, son frère ? Qu’est-ce qui paraît inconcevable ou simplement désuet pour un adolescent de notre époque ?
Violence et douceur
Dans À nos amours, alternent des scènes de violence et des moments, rares il est vrai, de douceur. Comment passe-t-on d’un moment de calme à un moment de tension ? On peut repérer ces moments de soulagement, chercher pourquoi ils se situent à tel moment (après telle scène ou avant telle autre). Quelle est leur fonction ? Sont-ils de simples pauses avant une nouvelle tempête ou ouvrent-ils sur un espoir pour les personnages et particulièrement Suzanne ?
Fiche mise à jour le 5 octobre 2004
Expériences
En 1969, Maurice Pialat fut salué comme un » jeune » réalisateur, malgré son âge (44 ans). L’Enfance nue radicalisait alors le thème, apparemment banalisé, du jeune adolescent délinquant, son héros n’offrant aucune prise aux lectures classiques, psychologiques ou sociologiques. Ainsi seront les héros des autres films de Pialat, figures sans passé identifiable, sans détermination contemporaine, sans avenir prévisible… Suzanne, l’héroïne d’À nos amours, est certes une adolescente des années 80, mais elle est aussi un mystère irréductible à son époque et sa situation familiale. Le public de 1983 fut sensible à ce portrait issu des souvenirs de la scénariste Arlette Langmann, adolescente des années 60, surtout grâce à la révélation d’une des futures grandes actrices du cinéma français, Sandrine Bonnaire.
Outils
Web
www.cndp.fr/cav/amours
Ressources pédagogiques du CNDP
http://www.cinematheque.fr/fr/dans-salles/rencontres-conferences/rencontres_sauvegarde/tables-rondes/fiche-manifestation/film-table-ronde-nos-amours,15081.html
Table ronde et Dossier pédagogique Lycéen au cinéma (à télécharger sous format PDF) sur le site de la cinémathèque française
http://www.maurice-pialat.net/accueil.htm
Premier site français dédié au cinéaste Maurice Pialat
Ouvrage
Maurice Pialat l’enfant sauvage, Sergio Toffetti, Aldo Tassone, édition Lindeau, 1993
Revue
Cahiers des Ailes du Désir n°8 - "A nos amours: l'alchimie de l'image et du réel", par J.A.Bron - "A nos amours et la méthode Pialat": le point de vue de J.Loiseleux - "A nos amours: analyse de séquence", par C.Lepoutre et M.C.Bénard
Films dans le catalogue Images de la culture
Amour existe (L') de Maurice Pialat (1961, 19')
Maurice Pialat, l'amour existe de Jean-Pierre Devillers,Anne-Marie Faux (2007, 81')
Films sur la même thématique
Belle de jour (1967)
Jeune et jolie (2013)