Synopsis
À l’heure de se mettre au lit, le petit Kevin abandonne ses lectures, alors que ses parents ont regardé un jeu télévisé d’une vulgarité consternante. Le début de son sommeil est troublé par l’arrivée fracassante de six nains poursuivis par le masque de l’Etre Suprême. D’abord étonné, puis complice, Kevin accepte de les accompagner. Les nains ont volé la carte des trous du temps que réclame son propriétaire, l’Etre Suprême.
C’est ainsi que Kevin commence une odyssée fantastique qui le mène d’abord sur le champ de bataille de Castiglione. Alors que ses soldats pillent et tuent, Napoléon assiste à un spectacle de marionnettes. Obsédé par sa petite taille, il se prend d’amitié pour les nains et leur offre le gîte, le couvert. Les invités s’enfuient avec l’argenterie.
Propulsés au Moyen Age, dans le siècle de l’amour courtois et des bandits de grands chemins, les fugitifs rencontrent un Robin des bois qui ne correspond guère au mythe qu’admirait Kevin. C’est alors qu’intervient le Maître du Mal qui voudrait s’emparer de la carte des trous du temps.
Le troisième voyage commence dans un désert proche de Mycènes. Le roi Agamemnon gagne son furieux combat contre le Minotaure. Persuadé que Kevin est à l’origine de sa victoire, il lui offre une fête de la magie et le désigne comme héritier. L’arrivée des nains met fin aux réjouissances et les aventuriers du temps se retrouvent sur le Titanic. Ils y mènent joyeuse vie jusqu’au choc avec l’iceberg fatal.
Le Maître du mal les sauve de la noyade et les introduit dans le monde des Contes et légendes. Ils sont hissés sur le bateau d’un ogre rhumatisant et d’une ogresse, fée du logis. Par ruse, ils se débarrassent du couple “pédophage” et continuent leur odyssée sur la tête du Géant des mers.
Ils réussissent à pénétrer à l’intérieur de la Forteresse des Ténèbres où le Maître du Mal s’initie aux techniques modernes de l’électronique. Kevin assiste au combat apocalyptique qui oppose le Bien et le Mal, avec les armes venues de siècles différents. Incommodé par les vapeurs soufrées, Kevin se réveille. Sa maison est en feu. Un pompier lui sourit, avec un clin d’oeil amical. C’est l’Agamemnon du rêve.
Distribution
Le Diable et le Bon Dieu
Dans un au-delà soucieux de récupérer la carte magique, le Génie du Mal et l’Architecte suprême se livrent une impitoyable guerre de pouvoir. S’il y a des trous dans la carte, c’est que le grand artisan a quelque peu bâclé sa création. Dans son premier chapitre, le texte biblique parle d’une création qui n’a duré que sept jours. D’autre part, l’Etre suprême a fait le mauvais choix en confiant la finition de son ouvrage aux six nains plus soucieux de rapines que de béatitudes.
Le Diable (Le Maître du Mal…) : un Superman qui aurait de l’humour
Le Diable moderne est un manipulateur de logiciel. Il est expert en rayons laser, déchiffre les indications de manomètres, utilise les écrans de télévision et sait animer les images virtuelles. La puissance diabolique est accentuée par le procédé de la contre-plongée, le maquillage surchargé et le gigantisme architectural de son domaine protégé par un mur invisible et suspendu dans un néant où flottent les cages des prisonniers. Dans les combats, le diable se donne des airs d’un Superman qui aurait de l’humour, surtout lorsqu’il transforme le combat décisif en manège enchanté.
Le Bon Dieu (L’Etre Suprême)
Devant un tel Génie, l’Etre suprême se doit d’intervenir. On le voit d’abord sous la forme d’un masque ambulant à la poursuite des voleurs de carte. Vers la fin du film, il se dévoile de la manière la plus simple. L’Etre Suprême n’a guère changé de stratégie depuis la création de l’univers. Il est moins paternel que le vieillard à barbe blanche d’autrefois. Dieu descendait alors sur terre pour constater les dérives du péché originel et ramener Noé à une plus digne tempérance. Le Dieu de Bandits, bandits appartient au petit patronat qui fonde la réussite sur les valeurs de travail et d’ordre. Chaque chose à sa place pour mieux gagner le pain à la sueur du front. Il affectera les six nains à l’entretien de sous-bois, avec retenue sur le salaire. L’Etre suprême n’en a pas terminé avec les problèmes de création, d’autant plus qu’il se sent menacé par l’argument du libre-arbitre et par les théories de l’évolution darwinienne…
Napoléon-le-petit
Nous sommes en 1796. Le général Bonaparte, alors âgé de 27 ans, remporte la bataille de Castiglione. Il n’apparaÎt pas tout de suite. Terry Gilliam préfère montrer d’abord les spectacles de désolation provoqués par l’ambition du futur empereur. Dans le petit théâtre italien où Napoléon assiste à un spectacle de marionnettes, un rire assure la transition, le rire de Napoléon… À l’intérieur de la salle, la mise en scène souligne la petite taille du grand homme. Visiblement obsédé par son problème de petite taille, Napoléon reste insensible à la mort brutale du marionnettiste et fulmine de rage devant les numéros de remplacement joués par des acteurs de grande taille, surtout lorsqu’ils se servent d’échasses. L’apparition des nains et leur improvisation d’un nullissime numéro chanté, réconforte Napoléon que l’on voit debout mais cadré de manière à ignorer le nombre de centimètres dépassant le mètre. En dominant du regard des hommes plus près du sol, Napoléon se plaît à énumérer quelques célébrités historiques dont il connaît par cœur la taille minuscule. La fidélité à l’imagerie de l’histoire n’est pas un problème de création cinématographique. Le général Napoléon Bonaparte de Bandits, bandits n’a que 27 ans, il en paraît 50. L’essentiel est qu’il n’ait pas grandi entre-temps.
L’Ogre et l’Ogresse : le couple pédophage
Terry Gilliam revisite à sa manière l’un des personnages les plus enracinés dans l’imaginaire enfantin. Quand la littérature féerique évoque l’amateur de chair fraîche, il le fige dans des codes de représentation bien établis. L’Ogre habite un palais qui fonctionne comme un piège. Pour y accéder il faut traverser une forêt hostile. L’Ogre vit en compagnie d’une Ogresse, épouse et servante, plus intelligente et plus méchante que lui. Cet épisode renouvelle complètement l’imagerie du couple pédophage. Terry Gilliam remplace l’espace clos du château par celui, encore plus restreint, du navire sans destination. La marmite géante est bien mise en évidence sur le pont du bateau alors qu’en bas l’Ogresse prépare le repas au milieu de morceaux de naufragés suspendus comme à un croc de boucher. L’Ogre semble avoir une préférence pour les pieds disposés en guirlandes décoratives. L’Ogre n’existe que pour faire peur. Terry Gilliam en a fait un colosse à gueule de loup garou affublé d’une drolatique hypertrophie des canines inférieures. Obéissant aux directives de sa mégère, l’Ogre se lance dans un extraordinaire numéro d’intimidation qui s’autodétruit par un festival de grimaces.
Robin des Bois : la bonne immoralité
Les futurs fiancés ont eu la malencontreuse idée de traverser la mythique forêt de Sherwood, repaire légendaire de Robin de Loxsley, dit Robin des Bois. Aux yeux de plusieurs générations, le hors-la-loi bien aimé symbolise la loyauté, la générosité et la liberté. Redouté des collecteurs d’impôts, Robin distribue aux pauvres ce qu’il vole aux riches. Ses compagnons d’embuscades sont également entrés dans la légende, Petit Jean, Willy l’écarlate et le moine Tuck.
Dans Bandits, bandits, il règne sur une bande de voleurs cyniques et de pauvres dépenaillés. La forêt de Sherwood est conforme à la légende, avec ses cordes pièges, ses clairières à palabres et ses sous-bois mystérieux. Kevin et les six nains sont soumis à des tests d’accueil qui en disent long sur la mentalité des hors-la-loi. Pour rencontrer le seigneur des lieux, il faut être capable de voler l’aumône d’un mendiant, la dent d’un vieillard et le jouet d’un enfant. Une fois assuré de la bonne immoralité de ses visiteurs, Robin daigne descendre de son arbre. Son habit vert perroquet et son chapeau à plume en font une sorte de personnage d’opérette peu conforme au mythe. Avec un sourire niais, il préside une étrange distribution du butin qu’il vient de voler aux voleurs. Chaque pauvre reçoit un objet et un direct du droit sur la figure…
On est loin des albums que Kevin lisait avant de s’endormir. Le hors-la-loi crétin fait la charité avec l’argent des autres et le comble de son humour éclate dans une suprême tautologie : “Ils sont pauvres parce qu’ils n’ont rien”.
Agamemnon : l’inventeur du clin d’oeil
Un combat, à la vie à la mort, oppose Agamemnon, masqué à l’antique, au Minotaure, monstre mi-homme, mi-taureau. Le rêve ignore la fidélité aux textes de la légende. Le Minotaure ne fut pas vaincu par Agamemnon, mais par Thésée, roi d’Athènes, architecte du fameux labyrinthe où il oublia sa soeur Ariane. Kevin entre dans son rêve comme un justicier qui change l’issue d’un duel dominé par le Minotaure de carnaval.
L’épisode de Mycènes conforte l’impression laissée par la séquence d’ouverture où, dans la cuisine familiale, Kevin est à la recherche d’un père idéal, qui le tirerait du cocon des bonnes habitudes et des emplois du temps tyranniques. Il se crée l’image d’un père venu de la galerie des héros qu’on admire, mais capable d’un clin d’oeil complice. Contrairement aux épisodes de Napoléon et de Robin des Bois, où il n’était que témoin, Kevin adhère sentimentalement au clin d’oeil complice que lui adresse Agamemnon-Sean Connery.
Kevin : le “rêve-élateur”
De Kevin, il n’y a pas grand-chose à dire : il est le témoin, le délégué du spectateur, celui qui regarde, ressent, transmet, accompagne… Celui aussi qui révèle les autres, parce qu’on le prend pour ce qu’il n’est pas (Agamemnon), parce qu’il est à une place où il ne devrait pas être et d’où il confronte la légende dont il a rêvé à la “réalité”. Réalité de son rêve, évidemment…
Générique
Titre original : Time Bandits
Réalisation : Terry Gilliam
Scénario : Michael Palin et Terry Gilliam
Images : Peter Biziou
Son : Garth Marshall
Direction artistique : Norman Garwood
Décors : Milly Burns
Costumes : Jim Acheson
Maquillage : Maggie Weston
Montage : Julian Doyle
Musique : Mike Moran
Chansons : George Harrison
Mixage : Garth Marshall
Production : Terry Gilliam, avec Neville C. Thomson et George Harrison et Denis O’Brien
Format : 1/1,66
Durée : 1 h 55
Couleur
N° de visa : 56 685
Distribution : Carlotta Films
Sortie en France : 12 mars 1982
Interprétation
Kevin / Craig Warnock
Robin des Bois / John Cleese
Agamemnon / Sean Connery
Pansy / Shelley Duval
Napoléon / Ian Holm
Randall / David Rappaport
Fidgit / Kenny Baker
Strutter / Malcolm Dixon
Og / Mike Edmonds
Wally / Jack Purvis
Vermin /Tiny Ross
L’Etre Suprême / Ralph Richardson
L’Ogre / Peter Vaughn
Le mauvais génie / David Warner
Le père de Kevin / David Daker
La mère de Kevin / Sheila Fearn
Le directeur du théâtre / Charles McKeown
Vincent / Michael Palin
Autour du film
Le non-sens
De bout en bout, Bandits, bandits repose sur le non-sens. Le non-sens est un défi à l’ordre logique entraînant des situations absurdes, extravagantes et imprévisibles. La littérature fantastique en a fait le meilleur usage dans les célèbres pages de Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, maître du genre. Au cinéma, le non-sens est très souvent utilisé comme effet comique, notamment dans les films d’animation, depuis les poétiques trouvailles de Félix le Chat jusqu’aux délires en cascades de Tex Avery ( The cat. chat Ha Ted People – Le Chat misanthrope, ou Bade Luce Blake – Noiraud porte malheur). Le gag non-sensique est aussi vieux que l’invention du cinéma.
On en trouve un des premiers exemples dans la fameuse école de Brighton, en Grande-Bretagne. Dans un film de quelques secondes, The Big Swallow ( Le Grand Glouton, 190I), James Williamson montrait un quidam visiblement perturbé par la présence d’un photographe en face de lui. Le quidam manifeste son mécontentement, gesticule, menace, tout en s’approchant de la caméra… Bientôt son visage remplit l’écran, puis l’orifice énorme de sa bouche. Comme happés par le trou noir, l’appareil de photographie, puis le photographe lui-même entrent dans la bouche qui se referme. Le grand avaleur exprime alors sa satisfaction.
Le critique français Robert Benayoun, auteur d’une “ Anthologie du non-sens ” (Ed. Pauvert, 1957) et grand admirateur de Jerry Lewis, Tex Avery et des Marx Brothers, avait conçu un long métrage (malheureusement oublié) sur la puissance comique du non-sens, Sérieux comme le plaisir (1974). Mais les meilleurs exemples de ces genres de gags se trouvent dans le cinéma anglo-saxon avec les burlesques de Mack Sennett, les séquences surréalistes d’ Hellzapoppin (1941), les grandes surprises visuelles des films de Frank Tashlin, Woody Allen, Marx Brothers et Monty Python.
Trois exemples : Au passage de Jayne Mansfield, les blocs de glace fondent instantanément dans le camion du livreur-glacier, le lait des bouteilles capsulées entre en ébullition et la vue de la superbe blonde étoile les verres de lunettes d’un passant ( La Blonde et moi, Frank Tashlin, I956). Groucho demande à Harpo le lieu de son habitation. Harpo découvre sa poitrine et exhibe un tatouage qui représente une niche de chien. Groucho s’approche et imite un miaulement. Un chien surgit du tatouage et aboie ( La Soupe aux canards, Leo McCarey, 1933). Le cheval d’Harpo conduit son cavalier dans la chambre d’une belle inconnue. Un léger panoramique montre, au bas du lit, les bottines de la dame, les bottes d’Harpo et les quatre fers du cheval (idem).
Le cinéma français a retrouvé la force poétique et comique du non-sens dans Le Destin fabuleux d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2000) lorsque les objets de décoration viennent se mêler des histoires des humains et que quatre portraits d’identité s’animent pour conseiller Amélie dans sa recherche du bonheur des autres.
Raymond Lefèvre, in dossier “Collège au cinéma” n° 111
Gentiment cocasse
“Ce n’est pas Alice qui traverse les miroirs mais il y a un peu de ça. Ici, c’est Kevin, un adorable petit garçon, qui plonge dans les trous du temps… Ces Bandits, dus à Terry Gilliam, le seul Américain du très britannique groupe des Monty Python jouent sur tant de registres à la fois que le film devient inclassable : humour, poésie, pastiche, fantastique… Certaines séquences sont un peu languissantes, d’autres très drôles (Mycènes où le roi des rois est incarné par James Bond, pardon, Sean Connery, et le “Titanic”, où Shelley Duvall, entraperçue aussi dans une autre séquence, est délicieusement ridicule). On apprend en prime les mystères de la Création – Dieu sous-paie ses manutentionnaires, les nains, qui du coup se sont faits voleurs, c’est pourquoi l’univers est si imparfait – et l’on s’étonne à peine que Satan n’ait qu’un rêve, maîtriser les ordinateurs. C’est gentiment cocasse, inégal, attendrissant, on jongle avec l’Histoire et les légendes, on s’ennuie parfois un peu, mais on sourit plus qu’à Mel Brooks, car, ici, la vulgarité est absente.”
A. C., in “Le Monde”, 20 avril 1982
Le retour du cinéma d’aventures
“Avez-vous remarqué ? Le Temps a des sautes d’humeur. Des trous. C’est pourquoi, comme le révèle l’un des Monty Python, Terry Gilliam, dans Bandits, bandits, une escouade de réparateurs nains, commanditée par le Contremaître suprême s’emploie depuis le septième jour de la Création à poser des rustines sur les trous du Temps, tout en se livrant à différents petits boulots – repeindre l’arc-en-ciel, mettre des épines aux roses, poser des bosses aux chameaux, etc.
L’Histoire se télescope avec les légendes, on est en plein conte de fées ivre. Bref, Bandits, bandits est un film qui ne ressemble à rien : c’est L’Île au trésor croisée avec Mickey à travers les siècles, le tout nappé de “non-sense”. Terry Gilliam ne craint pas de bousculer la logique. Il ne craint rien, à vrai dire. Il a été à bonne école chez les Monty Python. […] Bandits, bandits que l’auteur définit comme un “ film farce ”, vient, à la suite des Aventuriers de l’Arche perdue et en attendant Conan, de John Milius (un surhomme barbare dans la mythologie celtique), témoigner du retour du cinéma d’aventures. Côté cour, l’héroïsme ( Excalibur) ; côté jardin, le merveilleux ( Bandits, bandits). “Remarquez, dit Terry Gilliam, que ce retour vers le cinéma d’hier nous pousse à une recherche de nouvelles formes. À propos de nouvelles formes, nous comptons graver le prochain film des Monty Python sur bois. Le seul problème est que les projectionnistes n’aiment pas rembobiner ce matériau. En ce qui me concerne, je compte bien réaliser, l’année prochaine, une version personnelle des Hauts de Hurlevent. En sémaphore.”
François Forestier, in “ L’Express ”, 12 mars 1982.
Tout était téléguidé !
“ Bandits, bandits est à la fois un film sainement irrespectueux, où les parents stupides finissent en fumée, et une fantaisie théologique d’une exemplaire dévotion. Non seulement Dieu l’emporte sur le Malin, mais il apparaît qu’il avait tout téléguidé depuis le début.” “Positif”
Pistes de travail
Les premières images du générique nous introduisent dans le quotidien de la famille de Kevin. On entre par l’écran de télévision. En rappelant que Terry Gilliam a commencé sa carrière cinématographique dans les studios de la BBC, on sera sensible à l’aspect parodique d’une émission de jeu télévisé. Sa description mettra en valeur une volonté de séduction par la vulgarité et l’appât du gain. On montrera ensuite comment Terry Gilliam utilise les éléments de cette séquence pour en faire une ruse du diable.
L’anachronisme situe un objet, un langage ou un usage, à une époque où ils n’existaient pas. Le jeune Kevin a gardé son Polaroïd dans l’épisode de l’Antiquité grecque. On pourra répertorier d’autres anachronismes et montrer qu’ils diffèrent de la simple erreur. Le combat entre Agamemnon et le Minotaure n’est pas un anachronisme, mais une manière amusante de trahir la mythologie des ouvrages scolaires. Dans cette même direction d’analyse, il sera intéressant d’étudier les costumes, notamment ceux des nains bizarrement coiffés de manière hétéroclite (casquette de tradition, écumoire, etc.). On portera également l’attention sur les armes utilisées dans les différents siècles et leur surprenante convergence dans la séquence apocalyptique qui oppose le Bien et le Mal.
Pour passer d’une séquence à une autre, Terry Gilliam a surtout recours aux effets spéciaux. On pourra répertorier les procédés qui permettent de passer d’une époque à une autre (trous dans l’image, mare diabolique, utilisation du hors champ, effets de surimpression, trucages divers). On les opposera au passage plus classique du rêve à la réalité qui amène la séquence d’épilogue.
On accèdera à une autre vision des grands mythes historiques par l’approche de textes littéraires, de documents historiques, de documents iconographiques (tableaux, gravures, bandes dessinées), de films ou de téléfilms : les épopées napoléoniennes, la légende de Robin des Bois, les exploits de la guerre de Troie. Une comparaison avec les personnages de Bandits, bandits, permettra d’éclairer le sens du mot “démystification”.
À partir de différents contes (de Perrault en particulier), on pourra dresser le portrait de l’Ogre, son domaine (la forêt, le château) et son aspect terrifiant (sa taille gigantesque, ses repas). Une comparaison avec l’Ogre et l’Ogresse de Bandits, bandits soulignera l’anticonformisme d’un auteur qui cultive le comique et l’irrespect.
Mise à jour: 16-06-04
Expériences
Les voyages dans le temps au cinéma
La science-fiction
Le voyage dans le temps est un des thèmes favoris du cinéma fantastique. De nombreux films de science-fiction ont exploré un futur proche ( Orange mécanique, 2001 l’odyssée de l’espace …) ou plus lointain ( Blade Runner, La Guerre des étoiles…).
Dans Terminator, James Cameron expédie un “cyborg” dans la ville de San Francisco, en 1984. L’homme-machine a été programmé en 2029 pour empêcher la naissance d’un opposant. Il doit éliminer la future mère de celui-ci et changer ainsi le cours de l’histoire.
Les voyages dans le temps de Bandits, bandits sont plus classiques, assez comparables aux péripéties de Mickey à travers les âges, bande dessinée qui eut son heure de gloire. Le trucage des trous dans l’image permet le passage d’un épisode à l’autre, avec quelques effets comiques (la chute des sept nains sur les deux amoureux du Titanic).
Terry Gilliam a repris le thème du voyage dans le temps dans un film ultérieur, L’Armée des douze singes (1995), le moyen métrage de Chris Marker, La Jetée (1962), lui ayant servi de modèle et de source d’inspiration. Dans les deux films, un prisonnier, rescapé d’un cataclysme, est soumis à une série d’expériences scientifiques. Les savants de La Jetée réactivent des souvenirs et ceux de L’Armée des douze singes ont mis au point une technique qui permet de remonter le cours du temps pour retrouver l’origine d’un virus mortel.
Parti de l’an 2035, le prisonnier se retrouve en 1990, puis en 1917.
Les rêves
Les voyages dans le temps sont plus simples lorsqu’ils s’articulent dans les mécanismes du rêve. Le jeune professeur de musique des Belles de nuit (René Clair, 1952) mène de front plusieurs histoires d’amour, sous l’Ancien régime et la Révolution, pendant la conquête de l’Algérie et aux plus beaux jours de la Belle époque 1900. Le film de référence reste toutefois la comédie de Christian-Jaque François Ier (1937), où un régisseur de théâtre, interprété par Fernandel, se retrouve à la cour de François Ier avec un dictionnaire moderne qui lui procure des dons de voyance proches de la sorcellerie. Dans Bandits, bandits, Kévin ne quitte pas son Polaroïd à Castiglione, Sherwood ou Mycènes. Le comique d’anachronisme était aussi l’argument commercial de films comme Les Visiteurs 1 et 2, plus célèbres pour leurs prouesses au box-office que par leurs qualités artistiques.
Les machines à remonter le temps
Il existe aussi un artisanat des voyages dans le temps. En 1944, le réalisateur britannique Walter Forde inventait une machine à remonter le temps qui permettait de rencontrer William Shakespeare ( Time Flies).
Le roman de Herbert George Wells est à l’origine d’un film de George Pal, La Machine à explorer le temps (1959) : c’est ainsi qu’un inventeur téméraire quitte le Londres de 1900 pour effectuer plusieurs voyages, en 1917, en 1940 et 1966, avant de connaître le bonheur dans un avenir très éloigné.
Herbert George Wells devient personnage de film dans C’était demain (1979) de Nicolas Meyer. Sa machine ressemble à un petit vaisseau spatial qui permet au tristement célèbre Jack l’Éventreur d’accéder à un monde moderne où il s’adapte avec humour. Le voyage dans le temps est aussi le thème central d’une comédie américaine de Robert Zemeckis, Retour vers le futur (1985). La machine à remonter le temps ressemble à une voiture course. Le héros du film assiste aux préliminaires amoureux de ses parents, avant sa conception, trente ans auparavant.
Outils
Bibliographie
Dark Knights and Holy Fools. The art and films of Terry Gilliam, Bob McCabe, Ed. Orion, 2000. (en anglais)
The life of Monty Python, Monty Python, Ed. Pavilion Bookss, 2001. (en anglais)
Terry Gilliam : un python et douze singes, L'Ecran fantastique n° 146, 1996.
Entretien avec Terry Gilliam, in Positif n°289, 1985.
Terry Gilliam et les Monty Python, in La revue du cinéma n°403, 1985.
Le remake et l'adaptation, Cinémaction, 1989.
Le petit livre de Terry Gilliam, Jean Marc Bouineau, Spartorange, 1996.
Brazil de Terry Gilliam, Louis Danvers, Yellow Now, 1988.
Les aventures du baron de Munchausen, Terry Gilliam, Solar, 1989.
Le cinéma fantastique, Patrick Brion, La Martinière, 1991.
Cinémas de science-fiction, Yves Aumont, L'Atalante, 1985.
Histoire du cinéma britannique, Philippe Pilard, Ed Nathan, collection 128, 1996.
Typiquement british, le cinéma britannique, Jean-loup Passek, Ed. Centre Pompodou, 2000.
Vidéographie
Bandits, bandits
La Guéville vidéo/ canal + vidéo (droits réservés au cadre familial)
Les aventures du baron Münchhausen, Terry Gilliam, 1988
VHS n° 8237
Distribution ADAV