Corsaire rouge (Le)

Grande-Bretagne (1951-52)

Genre : Aventure

Écriture cinématographique : Fiction

Archives EEC, École et cinéma 2004-2005

Synopsis

A la fin du XVIII° siècle, un capitaine de pirates, Vallo, s’empare d’un navire espagnol qui ne transporte pas d’or mais des armes. Le Capitaine décide de vendre ces armes aux insurgés de l’Ile de Cobra dont le meneur se nomme El Libre. L’émissaire du roi d’Espagne, le baron Gruda, capturé par les pirates, offre une forte somme au capitaine Vallo si celui-ci lui livre El Libre. Vallo, accompagné de son ami Ojo le muet, débarque à Cobra où il apprend qu’ El Libre a déjà été fait prisonnier. Mais le second de Vallo, Bellows, comprend que le capitaine, tombé amoureux de la fille du révolutionnaire, va épouser leur cause en leur offrant les armes. Il décide alors de livrer lui même El Libre et sa fille aux Espagnols. Vallo parviendra à délivrer son équipage et à libérer la fille d’El Libre en attaquant la garnison espagnole et en récupérant son navire par un nouvel et spectaculaire abordage.

Générique

Réalisation : Robert Siodmak
Scénario et dialogues : Roland Kibbee et Waldo Salt
Assistants réalisateurs : Gus Agisti, Vernon Sewell
Image : Otto heller (technicolor)
Son : A. E. Rudolph
Montage : Jack Harris, Jean-Pierre Steimer
Musique : William Alwyn, Mur Mathiseon
Interprétation : Capitaine Vallo / Burt Lancaster
Ojo, son ami / Nick Cravat
Consuelo, fille d’El Libre / Eva Bartok
Humble Bellows / Thorin Thatcher
Le professeur Elie Prudence / James Hayter
Le Baron Don Jose Gruda / Leslie Bradley
Production : Harold Hecht, Norman Deming (assoc.) Warner Bros
Durée : 104 minutes
Première : 27 septembre 1952
Sortie en France : 10 mars 1953

Autour du film

Le Corsaire rouge est d’abord un film de genre, un film de corsaire qui respecte les lois du film d’aventures maritimes avec voiliers somptueux, grande figuration, scènes d’abordages et personnages sanguinaires. Mais c’est aussi une parodie de ces conventions par une avalanche de gags et de prouesses hors du commun. Les deux héros, Vallo et son complice Ojo, tels des enfants, jouent aux pirates, seuls contre tous et triomphent de leurs ennemis, même lorsqu’ils sont cent fois plus nombreux. Cependant, malgré les scènes d’abordage les plus sauvages, on ne meurt pas beaucoup dans le film; le sang ne coule pour ainsi dire jamais. Seul le cruel baron Gruda s’écrase hors champ lorsqu’il perd l’équilibre lors du combat final dans les voilures.

Le film pratique donc toujours le double jeu. Il s’inscrit dans la tradition hollywoodienne des films de pirates, mais il emprunte de nombreux gags aux dessins animés les plus débridés de Tex Avery et de Chuck Jones. Il est aussi très proche de l’univers de la comédie musicale de Vincente Minnelli fondée sur le même thème : Le Pirate dans lequel les acrobaties de l’acteur Serafin interprété par Gene Kelly sont plus chorégraphiques que franchement athlétiques comme le sont celles de Burt Lancaster.

Vidéos

Séquence finale

Catégorie :

« Acrobaties, romance et burlesque »
« Un découpage spectaculaire »
par Michel Marie

Pistes de travail

Le Corsaire rouge s’inscrit dans la tradition des films qu’Hollywwood consacre aux corsaires, pirates et autres flibustiers depuis les premières adaptations de L’Ile aux trésor à l’époque du cinéma muet. On peut comparer le film de Siodmak au célèbre Pirate noir interprété par Douglas Fairbanks en 1926 (réalisation Alan Parker), l’un des premiers films en technicolor bichrome. Mais on peut également le mettre en rapport avec des films de genre qui lui sont contemporains comme Barbe Noire (1952) de Raoul Walsh ou La Flibustière des Antilles (1951) de Maurice Tourneur.

  • Un travail original peut être développé à partir d’une comparaison détaillée avec la comédie musicale de Vincente Minnelli, Le Pirate, avec le danseur Gene Kelly et Judy Garland. Le film de Robert Siodmak et celui de Minnelli présentent de nombreuses situations très voisines.
  • C’est aussi un film burlesque et parodique qui joue avec les conventions du genre en intégrant de nombreux gags issus du dessin animé et des comiques de slapstick (coups de baton)
  • C’est une parabole politique sur l’histoire du colonialisme et les révoltes des escalves et paysans pauvres des Antilles contre l’oppression espagnole. Ce sera plus tard la démarche d’un film politique italien de Gilles Pontecorvo, Queimada, avec Marlon Brando, sorte de version anti impérialiste militante du Corsaire rouge.
  • C’est un film de star, l’acteur Burt Lancaster, qui impose ses choix au metteur en scène pour un film qu’il produit lui-même. Ce conflit fondé sur un remaniement du scénario à l’époque de la « chasse aux sorcières » à Hollywood, permet de s’interroger sur les contraintes de production et le satut de l’auteur dans le cinéma classique Hollywoodien. Le Corsaire rouge est-il un film de Robert Siodmak, de Burt Lancaster producteur-acteur, ou un film de studio distribué par la Warner Bros ?

Outils

Bibliographie

Le cinéma d'aventures, les grands classiques américains de Robin des bois à l'Homme qui voulait être roi, Patrick Brion, Ed. La Martinière, 1995.
Robert Siodmak, le maître du film noir, Hervé Dumont, Ed. l'Age d'homme, 1981.
Sous le pavillon noir, pirates et flibustiers, Découvertes Gallimard, 1988.
Les communistes de Hollywood, autre chose que des martyrs, Thom Andersen et Noël Burch, coll. L'Oeil vivant, Presses de la Sorbonne nouvelle, 1994.

Web

Fiche ABC Le France (document PDF téléchargeable)