Synopsis
En quête d’eau, un bonhomme de sable quitte le monde dans lequel il vit. Guidé par ses clapotements, il erre à travers des mondes de papier, de pierre, d’acier et parvient à trouver de l’eau dans des conditions tragiques.
Générique
Programme Courts métrages Lycéens
Film d’animation (film de marionnette)
Direction, image, scénario Tyron Montgomery
Production, animation, histoire Thomas Stellmach
Conseiller au scénario Paul Driessen.
Fabrication des marionnettes Norbert Höbrecht, Thomas Stellmach
Fabrication des maquettes supervisée par Tyron Montgomery
Second concepteur de maquettes Thomas Stellmach
Assistant à la fabrication des maquettes Said Arefi, Gisa Brandes, Monika Stellmach
Animation additionnelle Norbert Höbrecht, Tyron Montgomery, Monika Stellmach
Mixage et enregistrement des sons Tyron Montgomery, Thomas Stellmach
Musique Spyra
Montage Irma K. Theimer
Film 35 mm, couleur, sans dialogue
Format 1,85
Durée 11 minutes
Autour du film
Quest apparaît comme la métaphore de la condition absurde de l’homme. Le fait que nous ayons affaire à de l’animation, à un personnage de sable, ne rend pas l’univers décrit comme moins angoissant. Le spectateur ne passe pas à côté de l’identification. Les réalisateurs prêtent, en effet, des expressions reconnaissables, comme la surprise et la peur, à cet être émouvant et enfantin dont la silhouette quasi humaine se révèle engoncée dans la matière. Ainsi voit-on se dessiner, sur ses traits basiques, un sourire de contentement au moment où il aperçoit une petite flaque d’eau à la surface des feuilles de papier.
Les plans d’ensemble du désert, au début du film, plongent l’homme de sable dans une solitude qui s’apparente au cauchemar. Il ne rencontre personne pour le secourir ou l’aider à trouver le chemin de l’eau, si ce n’est des blocs homogènes de papier, de pierre, de fer ou des machines monstrueuses crachant le feu, tout au plus des accidents du paysage qui ont tôt fait de contrarier sa marche. La confrontation aux matières rythme son avancée, introduit actions et événements dans un monde horrifique et silencieux, dans lequel même le vent devient une menace.
Ici, il évite de justesse une feuille de papier ; là, il se retrouve juché sur un monticule pierreux, soudainement sorti de terre. La lumière et l’eau, contrastant avec la sécheresse des autres éléments naturels, représentent, quant à elles, des sources d’apaisement. Quest joue admirablement avec toute sorte de sensations, celles que nous pouvons expérimenter nous-mêmes au contact des choses et du monde : la vue et les couleurs se métamorphosant selon la nuit ou le jour ; le toucher et les matières, humides ou froides, chaudes ou poreuses, liquides ou dures. Voyage initiatique, odyssée cosmique (on pourrait se croire sur d’autres planètes), la marionnette des sables effectue son apprentissage par contact : chute, marche, cognement, frôlement, creusement. Elle doit éviter les objets, souvent lourds, qui tombent sur elle, plutôt qu’entreprendre une lutte contre eux, même si ce protagoniste désemparé, doué de raison, se trouve à l’origine de tous les changements d’horizon auxquels nous assistons et ne reste pas inactif. Sa mobilité garantit sa survie dans un univers sans vie, du rocher à la goutte d’eau, soumis à la pesanteur et s’orientant nécessairement, quoiqu’il arrive, vers le bas. L’être sableux tombe quatre fois, du sable au papier, du papier à la pierre, de la pierre au fer, du fer à la terre et circule ainsi de monde en monde de manière étonnamment verticale. Ces quatre âges, peut-être quatre saisons, se déroulent à peu près de façon identique, même si la fragilité du personnage s’y distingue progressivement et si les sensations, à chaque fois, s’y modifient. En manque d’eau, celui-ci s’effrite et son arrivée dans le monde du fer laisse percevoir, sur le sol, des traces de pas. Représentation toute matérielle et fine traduisant si ce n’est une intériorité, du moins une fatigue.
Mais, comme un refrain, il finit toujours par s’accroupir sur le sol et creuser un trou. Ce cheminement ne possède qu’un seul but : la recherche de l’eau équivalente à celle d’un bonheur inaccessible. Le liquide bleu, précieux, diaphane, objet d’espoir, est d’abord perçu à travers une petite ouverture, que le petit bonhomme ne tardera pas à agrandir, une découverte qui lui vaudra sa perte, comme si son périple n’avait servi à rien. Mais ne se serait-il agi que d’un rêve ? Une fin ambiguë le laisse supposer, qui nous ramène aux espaces désertiques du commencement et au corps étendu de la marionnette.
Texte de Nathalie Mary © Bibliothèque du Film
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