Synopsis
Au hasard d’une rencontre dans la rue, Katia se voit confier la garde d’animaux par un petit écolier : deux lapins, un petit singe macaque, un étourneau qui parle, des souris blanches, une tortue et un bébé crocodile. Elle ramène toute la ménagerie dans sa maison et installe le petit crocodile dans la baignoire.
Malheureusement, la petite soeur de Katia, Minka, veut jouer avec les animaux et les laisse s’échapper dans les rues de la ville. Tout le quartier est bientôt en émoi et une délirante poursuite s’engage à travers les rues de la ville.
Générique
Katia et le crocodile
70 minutes, noir et blanc
Titre original : Katia a krokodyl
Réalisation : Vera Plicova Simkova et Jan Kucera
Scénario : Ota Hofman, d’après le roman Katia et le crocodile de Nina Gernetova et Grigori B. Jagdfeld (traduit du russe en 1973 aux éditions de la Farandole, repris in « Le Livre de poche jeunesse », Hachette, 1989)
Photographie : Frantisek Valert
Musique : Zdenek Liska
Production : Studios Barrandov
Distribution : Les films du Paradoxe
Interprètes :
Katia, la petite fille à la clé/ Yvetta Hollanerova
Minka, sa petite soeur/ Minka Mala
le garçon-du-supermarché/ Thomas Barboka
le grand-père musicien /Aloïs Minsky
Marek Vasut
Autour du film
Louis, c’est Grand-Père, le grand-père de Katia et Minka, deux petites filles dégourdies et autonomes, qui sont au cœur de l’aventure : Katia s’est engagée à garder pour la journée la colonie animalière d’une école, que lui a confiée Micha, petit garçon recontré au hasard de la rue ; mais sa petite sur, Minka, en voulant jouer avec les animaux, les a tous laissés s’échapper. Et voici que, juste au bas de cette rue en pente parcourue par les vieux musiciens, se mêlant à leur flot, déboule une cavalcade d’enfants : Katia a prévenu ses copines de la présence des animaux chez elle et les voilà toutes, courant et suivies d’une flopée d’autres petits curieux alléchés par le crocodile.
D’un côté des veillards, de l’autre des enfants, réunis là dans un mélange des âges tout a fait réjouissant.
Car c’est l’un des charmes de ce film que de montrer des enfants qui investissent aussi librement une ville comme terrain de jeux et qui, de plus, jouent à détourner les actions des adultes : « Moi aussi, j’veux jouer! » s’écrie le petit garçon qui a ouvert les robinets de la lance à incendie pendant que les plus grands ont déjà escaladé l’échelle des pompiers. Pour les récupérer, il faut les faire sauter dans la toile tendue par les valeureux pompiers! L’occasion est trop belle : une véritable noria s’installe immédiatement.
Et autour de ces enfants non-exemplaires, des habitants ordinaires sont surpris dans leurs préoccupations quotidiennes : c’est, pour la locataire irascible, aller porter en garde ses fourrures pour l’été ; c’est, pour une dame qui voudrait bien savoir si on vend des melons, la crainte de manquer une bonne aubaine : un attroupement, c’est forcément une queue pour quelque chose qui se mange Tout un tas de petites égratignures de faits de société alors que les pompiers sont, eux, carrément ridiculisés. « Insolence du propos, satire des personnes trop sérieuses et des institutions qui en cachent d’autres, écrit Gérard Lefèvre, ainsi le corps des pompiers pris comme tête de turc (comme dans Au feu les pompiers de Milos Forman) renvoie à tout ce qui porte uniforme. Dans la Tchécoslovaquie de 1965-66, c’est un peu du vent annonciateur du Printemps de Prague qui souffle dans ce film pour enfants. »
Anne-Sophie Zuber
Autres points de vue
Katia et le crocodile est typique du cinéma tchèque des années 60, avant les évènements du « Printemps de Prague ». Sont très présents dans ce film comme d’autres de cette époque, l’humour omniprésent, la contestation, le vent de la révolte qui va jusqu’au bord du chaos Ce film a des liens de parenté très forts avec des cinéastes de cette époque ; Menzel, Passen, Forman qui étaient dans la revendication et la contestation de l’ordre établi, thèmes extrêmement présents dans Katia et le crocodile.
Vidéos
Séquence 12 : le grand-père découvre les animaux
Catégorie : Extraits
Pistes de travail
- Un conte dans la ville
Katia et le crocodile est un conte mais qui se déroule dans une ville réelle, Prague. Typologie et aspects de cette ville qui sert de terrain de jeux aux enfants. - La place de l’enfant dans la ville
La ville n’est pas vraiment faite pour les enfants qui l’investissent malgré tout - Les animaux
Véritables déclencheurs de l’intrigue, les animaux sont ici, ceux par qui arrive le désordre, la désorganisation, la révolution - Le personnage de Katia
Solitaire au début du film, elle est vite entourée d’une nuée d’enfants et est prête à se lier d’amitié avec le garçon qu’elle rencontre - Le pays et la ville où se déroule l’action du film
Différences et similitudes avec la France ou d’autres pays.Mise à jour: 17-06-04
Expériences
Au moment du tournage de Katia et le crocodile, en 1966, la Téchécoslovaquie vit les heures agitées qui vont précéder le « Printemps de Prague ». Une vague libérale déferle dès le début des années soixante. Novotny est réelu en 1964, Dubcek est à la tête du parti slovaque. Contestations et critiques violentes se succèdent, alimentées surtout par des écrivains, des intellectuels.
Le bouillonnement social et intellectuel est immense : le cinéma tchèque – avec entre autres des cinéastes comme Ivan Passer, Milos Forman ou Vera Chytilova – rend compte parfaitement, dans sa créativité même, de cette aspiration à la liberté, pétrie comme seuls les Tchèques savent le faire d’humour, d’ironie, d’une sorte d’attirance pour la chaos façon burlesque… Ce sont des paramètres que l’on retrouve, sous-jacents dans Katia et le crocodile.
Le pouvoir commence à prendre des mesures courageuses vis-à-vis de la censure, de la presse etc… Les Tchèques tiennent à leur projet de « socialisme à visage humain ». Mais Moscou ne l’entend pas de cette oreille, et le 20 août 1968, les troupes du Pacte de Varsovie envahissent le pays.
Outils
Bibliographie
L'image, Claude Delafosse et Pierre-Marie Valat, Gallimard, 1992.
De l'autre côté de l'écran, Odile Limousin, Danièle Neumann, Gallimard, 1987.
Ca bouge... Jeux optiques et films d'animation, Eric Dederen, Philippe Moins, Casterman, 1987.
Les Frères Lumière et le cinéma, Jacques Foiret, Philippe Brochard, Nathan, 1992.
La caméra, au cœur d'un art animé, Fabrice Revault d'Allonnes, 1993.
Les yeux du cinéma, Richard Platt, Gallimard, 1992.
Un dimanche avec Charlie Chaplin, Freddy Buache, Skira, 1992.
Cent ans de cinéma, Renaud Bezombes, Hatier, 1992.
L'histoire du 7è Art, Loup Jeunet, Gallimard, 1994.