Synopsis
Mamma Roma, prostituée romaine, aspire à la respectabilité et décide de changer de vie. Elle va chercher son fils Ettore, élevé dans une famille de province à l’abri des aléas de son existence passée, et s’installe avec lui dans une HLM de la banlieue romaine. L’adolescent, apprenant la vérité sur le passé de sa mère, est choqué; il tombe dans la délinquance. Seul et désemparé, il meurt en prison à la suite des mauvais traitements qui lui ont été infligés.
Générique
Réalisation : Pier Paolo Pasolini
Scénario : Pier Paolo Pasolini avec Sergio Citti
Image : Tonino Delli Colli
Montage : Nino Baragli
Musique : Antonio Vivaldi (Concertos en ré mineur et en do majeur)
Production : Arco Film
Noir et blanc
Durée : 1 h 46
Interprétation
Anna Magnani / Mamma Roma
Ettore Garofalo / Ettore
Franco Citti / Carmin
Silvana Corsini / Bruna
Luisa Loiano / Biancofiore
Paolo Volponi / le prètre
Luciano Gonini / Zacaria
Autour du film
La solitude des mal-aimés Le scénario, en fait, a été bâti par Pasolini à partir du personnage ou plutôt de la silhouette de Ettore Garofalo, serveur dans un petit restaurant fréquenté par le cinéaste. Il en fit donc le fils sans père et sans métier que sa mère reprend enfin avec elle, avec l’amour un peu trop aveugle et possessif des êtres qui ont toujours vécu seuls, pour le compagnon ou l’enfant trop espéré. Elle comprend vite qu’elle échoue, et que son fils ne sera pas un aigle, ni même un Monsieur. Mais ce qui retient l’attention constructive de Pasolini, c’est la trame sociologique dans quoi ce rapport manqué se dilue : rien de ce qui en Italie supplée au père ne sauve le fils: ni l’église, qui s’en lave les mains, ni l’argent, que la mère n’a pas -elle redevient putain pour un ancien amant qui la fait chanter ; Ettore est bon pour le petit larcin, qui grandira… Sauf qu’il se fait prendre et qu’on ne rendra qu’un tas de vêtements à la mère : en croix dans son cachot, il meurt comme un des larrons, à défaut d’être le rédempteur. (Le Rédempteur bien sûr de cette Marie-Madeleine fascinée par la respectabilité petitebourgeoise à laquelle elle croyait pouvoir accéder au bras de son fils…). Il faut rapprocher ces plans de La Ricotta, sketch d’un film intitulé Rogopag (Rossellini, Godard, Pasolini, Gregoretti), où l’on retrouve Garofalo -sur la mise en scène de la Passion, puis, ce sera L’Evangile selon Matthieu. Comme aussi la première séquence de la noce, dans Mamma Roma, avec l’irruption des gorets, annonce thématiquement un des éléments de Porcherie. Les plans de la croix ne doivent pas non plus être séparés d’un contexte culturel fondamental : on songe aux grands sculpteurs, mais aussi à Mantegna. Si l’Eglise n’a plus les moyens de sa mystique, et se borne à de bonnes paroles, I’art, devenu libre de la foi, assume témoignage ou revendication (et si les romans de Pasolini ont eu ce retentissement,c’est qu’ils montraient une Italie misérable et choquante) comme il assumera bientôt sa vocation à re-sacraliser. Profondément pasolinien, Mamma Roma est donc un film riche d’indications thématiques et stylistiques, envahi par la solitude des mal-aimés. Des chausons populaires de la noce minable à la déambulation des putains la nuit -filmée théâtralement, avec ses entrées et sorties, comme pour des airs à l’Opéra- à l’image finale de la banlieue autour du dôme de son église nouvelle, se dérou!e la banale aventure du quotidien : éclairée par Delli Colli, à qui Pasolini confiera presque toujours ses films ; dialoguée par Sergio Citti et le cinéaste, banale et terrible, dans ses éclats de rire comme dans son désespoir.
Claude Michel Cluny / Cinéma n°206 Février 76
Mamma Roma est admirable, on ne le dira jamais assez, il faudrait le crier ! C’est un film de hantise, de fièvre, de tragédie et de rage. Accompagnée de longs mouvements de caméra, la Magnani se raconte et délire comme une prophétesse, maudissant un univers social implacable. Déchirée par son amour maternel et l’injustice du monde selon Pasolini, la Magnani suit les étapes du calvaire d’Ettore : la prison et l’infirmerie psychiatrique. Il agonise, les bras en croix, lié à une planche ignoble, crucifié comme un larron dans une composition esthétique évoquant, métaphoriquement, le célèbre Christ de Mantegna. Et la musique de Vivaldi accompagne ce calvaire, comme pour éviter qu’on se laisse aller aux larmes, car c’est de colère qu’il s’agit. Film sublime.
Jacques Siclier / Le Monde
Outils
Web
Pasolini.net - Dossier pédagogique (document PDF téléchargeable).
Le ciné-club de Caen - Analyse
Fiche ABC Le France - Extraits de critiques (document PDF à télécharger)
La maison de l'image - Analyse du film (document PDF à télécharger)
Objectif cinéma - Autour de Mamma Roma et de Umberto D.
Revues
Positif n°48, 179
Cahiers du cinéma n°138, 494
DVD
Mamma Roma, DVD zone 2, Carlotta Films.
En supplément : La Ricotta (1963). Extrait du film à sketches Rogopag.