Synopsis
Mr Fox est le plus rusé des voleurs de poules. Une fois marié, son épouse Felicity lui demande de mettre fin à ses activités incompatibles avec la vie d’un honorable père de famille. La mort dans l’âme, il se fait alors engager comme éditorialiste dans un journal local où il s’ennuie terriblement. Quand son fils Ash a 12 ans, Mr Fox part s’installer en famille à la campagne à proximité d’élevages de volailles détenus par trois ignobles fermiers : le gros Boggis, Bunce le petit et Bean le maigre. La tentation est trop forte : Mr Fox reprend ses anciennes activités et s’attire les foudres des trois fermiers. Il doit appeler à la rescousse tous les animaux de la région pour protéger sa famille et son territoire.
Générique
Titre original : Fantastic Mr Fox
Réalisation : Wes Anderson
Scénario : Noah Baumbach, Wes Anderson d’après l’œuvre de Roald Dahl
Image : Tristan Oliver
Musique : Alexandre Desplats
Chansons du film : Jarvis Cocker
Décors : Nelson Lowry
Montage : Andrew Weisblum
Directeur de l’animation : Maark Gustafson
Animation : Mark Waring
Producteurs : Scott Rudin, Allison Abbate, Jeremy Dawson
Distribution : Twentieth Century Fox (France)
Durée : 1h28
Sortie en France : 17 février 2010
avec les voix de
George Clooney / Mr Fox
Meryl Streep / Mrs Fox
Jason Schwartzman / Ash
Bill Murray / Badger
Willem Dafoe / Rat
Adrien Brody / Rickity
Jarvis Cocker / Petey
Wes Anderson / Belette
Michael Gambon / Franklin Bean
Owen Wilson / Coach Skip
Autour du film
(…) Dans Fantastic Mr. Fox, les effets numériques ne servent qu’à peaufiner un artisanat vieux comme le cinéma : patiemment donner vie, image par image, à des figurines dans des décors miniatures. L’effet relief est limité à une très relative profondeur de champ. Il y a beaucoup de plans frontaux, comme s’il s’agissait d’art naïf ou des planches d’un livre qui soudain s’animeraient. On n’est pas chez Pixar ! Pour son premier film d’animation, Wes Anderson, réalisateur culte de La Vie aquatique ou d’A bord du Darjeeling limited, n’utilise pas la technique pour produire un quelconque effet de réel. Privé du logiciel « pelage » dernier cri, ses animaux anthropomorphes, renard, blaireau, mulot et opossum, ressemblent aux jouets de notre enfance, raideur comprise.
Et pourtant peu de films nous ont paru dire aussi bien la mélancolie inhérente à la cellule familiale, les relations compliquées, même si elles semblent harmonieuses, entre parents et enfants. Et, plus globalement, l’insatisfaction rampante de la vie d’adulte aujourd’hui : insécurité existentielle, regrets conséquents, rêves envolés, etc. Tout cela avec un renard, une renarde, quelques renardeaux ? Absolument. Et à partir d’un livre pour enfants du grand Roald Dahl (l’auteur anglais de Charlie et la chocolaterie). D’autant qu’en VO, c’est « fantastic » George Clooney qui prête sa voix au héros du titre. Cela garantit aux fans de l’acteur une remarquable proximité, une réelle empathie. Voire un effet d’identification : ce renard, ce « Dgeooorge… », c’est vous, c’est moi (en VF, nul doute que Mathieu Amalric produise le même effet). En l’occurrence, comme c’est étrange, Mr. Fox est journaliste. Il a abandonné le vol de poules, c’est-à-dire ses frasques de jeunesse. Il mène une vie rangée avec madame (Meryl Streep en VO, Isabelle Huppert en VF, excusez du peu) et fiston. Son terrier le frustre. Il veut plus grand, et tant pis si son avocat blaireau (il s’agit de l’espèce, pas du caractère) lui déconseille une telle dépense. Mais Mr. Fox a une idée derrière la tête : son nouveau logement le met face aux trois gros fermiers de la région. A l’un il pourra chaparder des poules, à l’autre des dindes, au troisième du cidre. Redevenir un animal sauvage, sans le dire à quiconque, sinon à Kylie, l’opossum placide et gardien d’immeuble qui l’accompagne. Les chapardages nocturnes vont appeler des représailles, qui pousseront à l’union tous les animaux du comté.
Bourré de péripéties extravagantes, Fantastic Mr. Fox est un trépidant film d’aventures tout public, qui évoque aussi bien les meilleurs faits d’armes de Wallace et Gromit que, Clooney oblige, Ocean’s Eleven et ses suites. Car Mr. Fox a plus d’un tour dans son sac pour organiser une rébellion orwellienne ou récupérer un neveu kidnappé chez les humains. Les situations sont drôles et spectaculaires, constamment inventives (à l’image des règles improbables du whackbat, le base-ball animalier local). Elles sont servies par un trait « ligne claire », qui excelle à mettre en valeur des amours de décors. Et la musique ludique d’Alexandre Desplat – hommage à Ennio Morricone compris – dynamise l’ensemble. Pas un temps mort, pas une faute de goût. Les adorateurs des précédents Wes Anderson retrouveront aussi sa réflexion élégiaque sur la transmission : si je sais à peine quel homme ou renard je suis, comment être père ? Et si le père doute ainsi, comment être son fils ? Nos poupées à fausse fourrure sont bien les cousins de La Famille Tenenbaum, des héros explorateurs de La Vie aquatique, ou des frères orphelins du… Darjeeling limited.(…)
Aurélien Ferenczi / Télérama 20/02/2010
(…) Ce fantastique M. Renard, Anderson n’est pas allé le chercher loin, puisqu’il s’agirait du premier livre qu’il lut étant enfant. Un double pèlerinage est donc à l’origine du film : sur les traces de ses émotions enfantines, et sur les lieux mêmes où Roald Dahl puisait son inspiration, dans la cabane du jardin de sa maison de Great Missenden, gros village anglais au nord-ouest de Londres.
Anderson s’y enferme avec son scénariste pour écrire son film en harmonie avec l’esprit du lieu. Il en ressort quelques semaines plus tard, avec un récit plus étoffé que l’original, que les techniciens sont chargés de mettre en mouvement à l’ancienne – des marionnettes animées image par image. Un travail titanesque, quand on connaît le goût du détail cher à Wes Anderson.
Le résultat, fruit d’un an de tournage, dépasse les espérances. Mr. Fox, renard mature de belle allure, y campe une sorte d’Arsène Lupin des poulaillers, qui ronge son frein en assumant bon gré mal gré son rôle de père de famille. Felicity, sa femme, voix de la raison et de la tempérance, l’y a quelque peu contraint. Devenu journaliste dans une feuille locale où il s’ennuie ferme, Mr. Fox a même emménagé avec les siens dans un quartier résidentiel situé au creux d’un hêtre somptueux. Ils y vivent, au-dessus de leurs moyens, avec leur fils, Ash, un renardeau adolescent complexé à la fois par sa petite taille et par l’aura de son père. D’autant qu’un cousin surdoué, le beau gosse et sportif Kristofferson, partage pour quelque temps le foyer familial.
Là-dessus, ce qui doit arriver arrive. Le hêtre familial est entouré de trois fermes regorgeant de victuailles toutes fraîches, propriétés d’exploitants antipathiques et belliqueux. La nature reprenant ses droits, le dandy chapardeur se réveille sous les oripeaux du respectable père de famille. Mr. Fox, à l’insu de sa femme mais secondé par son neveu, Kristofferson, et par son ami Kylie l’opossum, mène une série d’expéditions sophistiquées dans le camp ennemi, défendu par un redoutable rat drogué au cidre. Le succès des opérations vaut au renard de terribles représailles. Levant une milice déchaînée, les trois fermiers s’en prennent à sa famille, entraînant une bataille décisive entre le peuple sensible des animaux humanisés et une espèce humaine abêtie par le sens de la propriété.
Par-delà cet aimable argument, ce qu’il y a de précieux dans ce film est la manière dont la forme porte l’histoire à son plus haut point de séduction. Wes Anderson a trouvé un dosage idéal entre réalisme et imaginaire, enchantement et inquiétude, accomplissement et révélation de l’illusion.
Son goût du perfectionnisme confère au film une suprême élégance : symphonie de couleurs chaudes, textures chatoyantes, décors et costumes dignes des meilleurs faiseurs, bande musicale nappée par Cole Porter et les Beach Boys. Le tout porté par un casting vocal de rêve dans la version originale, à commencer par George Clooney en Mr. Fox et Meryl Streep pour Felicity.
D’un autre côté, le cinéaste ménage son antidote à cet univers délicieusement calfeutré : réalisme des dialogues, enregistrés non en studio mais en situation, caractère artisanal de l’animation, anthropomorphisme marqué des marionnettes qui en approfondissent l’étrangeté.
Fantastic Mr. Fox, en accusant la convention de la fable sans en perdre le charme ni l’isolence, est fidèle à l’esprit d’un genre dont les animalesques friponneries remontent à l’Antiquité, passant par le Roman de Renart et Jean de Lafontaine. Cette mouture contemporaine ravira dans les chaumières.
Jacques Mandelbaum / Le Monde 17/02/2010
Vidéos
Un film en 4D – analyse d’une séquence
Catégorie : Analyses de séquence
Dévalisés chacun leur tour par Fox et ses amis, les 3B contre-attaquent avec des moyens énormes. Cette séquence est l’occasion pour Wes Anderson de développer les principales figures de son style en explorant toutes les dimensions possibles de l’image de cinéma, y compris la fameuse Quatrième Dimension ou 4D !
Cette vidéo peut se voir en liaison avec l’analyse de séquence du dossier “Fantastic Mister Fox” (pages 14-15).
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Analyse : Joël MAGNY
Réalisation : Jean-Paul DUPUIS
Retour d’images : fromage ou raisin ?
Catégorie : Analyses de séquence
Nul, ou presque, n’ignore, depuis la fable de La Fontaine Le Corbeau et le renard, que le renard est la créature la plus rusée que la terre ait jamais portée, et tout particulièrement le “Fantastic” Mister Fox de Roald Dahl et Wes Anderson… Mais la conclusion du film, peut aussi faire songer à une autre fable du grand écrivain classique, où le renard se révèle toujours fanfaron mais un peu moins ambitieux…
Cette vidéo peut être mise en relation avec les pages 10-12 (« Mise en scène et significations ») du dossier “Fantastic Mister Fox”.
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Analyse : Joël MAGNY
Réalisation : Jean-Paul DUPUIS