Pivellina (La)

Auriche, Italie (2009)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Collège au cinéma 2011-2012

Synopsis

Artistes de cirque, Patty et son mari Walter vivent dans un camping à la périphérie de Rome. Un soir d’hiver, Patty trouve dans un parc voisin une fillette de deux ans abandonnée par sa mère. Contre l’avis de Walter, elle décide de garder l’enfant chez elle. La petite Asia découvre une nouvelle vie au milieu des saltimbanques, des roulottes et des animaux. Chaque jour qui passe renforce un peu plus la relation entre Patty et la fillette. Mais un matin, Patty reçoit une lettre de le mère d’Asia…

Distribution

Patrizia Gerardi / Patty
Walter Saabel / Walter
Asia Crippa / Asia
Tairo Caroli / Tairo

Générique

Titre original : La Pivellina
Réalisation : Tizza Covi, Rainer Frimmel
Scénario : Tizza Covi
Image : Rainer Frimmel :
Montage : Tizza Covi
Son : Tizza Covi
Décors : Rainer Frimmel
Production : Vento Films
Distribution : Zootrope films
Sortie en France : 17 février 2010
Couleurs
Durée : 1h40

Autour du film

Tourné avec trois euros, en lumière naturelle, La Pivellina commence comme une chronique documentaire sur une communauté socialement et géographiquement en marge. Terrains vagues truffés de déchets, bords de routes assourdissants, travées boueuses, cités lépreuses : tel est le décor des saltimbanques, éternels parias parqués derrière des palissades. Ce milieu, Tizza Covi et Rainer Frimmel le connaissent bien, tout comme les interprètes du film dont « la vraie vie » ressemble à celle de leurs personnages. Filmée par un regard complice, leur intimité échappe au misérabilisme et au folklore. Au sein de cette communauté où la solidarité tient du réflexe de survie, la chaleur humaine circule aussi naturellement que les courants d’air.

Pour sa première fiction, le couple de photographes-documentaristes raconte une histoire à la fois âpre et généreuse, triste comme un conte naturaliste. Petit à petit, au fil de scènes gracieuses – un jeu de ballon, une berceuse murmurée, une promenade à la mer -, l’amour grandit entre la pivellina (« la petite », en italien) et sa famille de substitution. Chacun, à sa façon, fait une place à l’enfant : Patty, la robuste foraine aux cheveux rouges, Walter, son compagnon, mais aussi Tairo, un ado espiègle, lui aussi délaissé par ses parents.

Cette trame toute simple se déploie si délicatement qu’elle nous touche au cœur. Dans ce minable camping de banlieue, les cinéastes cherchent et trouvent des signes d’humanité. Jusqu’au bout – le film s’achève sur un moment sublime où tout reste possible -, ils s’obstinent à croire en nous, envers et contre tout.

Mathilde Blottière / Télérama 17/02/2010

« La Pivellina » : à la recherche de son chien, elle trouve une fillette

Une fillette abandonnée est recueillie par un couple d’artistes de cirque et par un adolescent, sympathiques déclassés sociaux vivant dans une caravane, dans la boueuse périphérie romaine. L’argument du film de Tizza Covi et Rainer Frimmel, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes en 2009, laisse craindre le pire : attendrir le spectateur venu contempler un petit monde baroque et attachant. Il n’en est rien, tant le parti pris adopté parvient à éviter les pièges. Patricia, une femme d’âge mûr aux cheveux teints en rouge, vit avec son compagnon, Walter, dans une roulotte et tente de gagner sa vie en faisant des numéros de cirque. Un jour, à la recherche de son chien fugueur, elle découvre une gamine de deux ans, portant sur elle un billet indiquant que sa mère viendra la reprendre dans quelques jours.

Sourde aux conseils de Walter, qui souhaite confier la fillette à la police, elle la garde en attendant le retour de la mère indigne. Le récit, composé en apparence de moments banals, s’organise autour de l’accueil de la fillette, de son apprivoisement, d’une forme de suspense, aussi, construit autour du risque de voir la police s’intéresser de trop près à la situation.

Qu’est-ce qui, très vite, donne le sentiment d’une vérité intense des personnages et des situations ? C’est que les comédiens jouent pour ainsi dire leur propre rôle. Artistes de cirque installés dans la banlieue de Rome, ils sont plongés dans un récit (l’adoption de l’enfant) que leur imposent les cinéastes, ces derniers les suivant au plus prêt, souvent caméra à l’épaule.

La fiction devient une sorte de catalyseur qui permet paradoxalement d’approcher une certaine vérité. S’impose une sorte de présence concrète des êtres et des choses, évacuant tout risque d’attendrissement, une présence construite par la fusion de l’acteur et de son personnage. Dès lors, La Pivellina devient une émouvante variation poétique sur la création d’un lien maternel et sur le sentiment d’abandon.

Jean-François Rauger / Le Monde 17/02/2010

Vidéos

La Pivellina

Catégorie :

Un visage d’enfant sur une affiche, quoi de plus habituel ? Pourtant, l’affiche de “La Pivellina” n’a rien de naturel. Le créateur de l’affiche fait subir à un authentique photogramme du film un traitement surprenant : dédoublement, décadrage, recadrage, coupe inappropriées du visage, etc. En quoi ce travail nous introduit-il à ce film et à son mystère ?…
Cette vidéo peut être vue en relation avec la page 1 (« L’Affiche ») du dossier “La Pivellina”.


Analyse : Joël MAGNY
Réalisation : Jean-Paul DUPUIS

L’opacité du réel

Catégorie :

Traditionnellement, le plan-séquence permet au spectateur de suivre une action dans son intégralité, créant une intimité avec le personnage suivi, lui permettant de tout voir avec lui, sans coupe, sans ellipse. Dans les premiers plans de “La Pivellina”, le spectateur accompagne l’héroïne aux cheveux rouges, Patty, dans le moindre de ses mouvements. Pourtant, après près de cinq minutes, le spectateur en a vu plus qu’elle mais ignore encore tout de la situation et que faire de ce savoir…
Cette vidéo peut être mise en relation avec les pages 10-13 (« Mise en scène et significations ») du dossier “La Pivellina”.

Analyse : Joël MAGNY
Réalisation : Jean-Paul DUPUIS