Synopsis
En 2008, Pina Bausch, quelques mois avant sa mort, décide de reprendre son fameux spectacle Kontakthof, non plus avec sa troupe, mais avec des adolescents de 14 à 18 ans qui ne sont jamais montés sur scène.
Générique
Titre original : TanztraümeRéalisateurs : Anne Linsel, Rainer Hoffmann
Scénario : Anne Linsel
Image : Rainer Hoffmann
Son : Uwe Dresch, Thomas Keller, Tobias Linsel, Paul Oberle, Tim Dohnke
Musique : Uwe Dresch
Montage : Mike Schlömer
Production : Tag/Traum Film und Videoproduktion GmbH KG (Köln)
Coproduction : WDR – WestDeutscher Rundfunk (Köln)
Producteur : Gerd Haag
Distribution : Jour2Fête (Paris)
Couleurs
Durée : 1h29
Sortie en France : 13 octobre 2010
Autour du film
« Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch » : les corps adolescents célèbrent la vitalité de la danse de Pina Bausch
Tourné en 2008 à Wuppertal, la ville d’élection de Pina Bausch, Les Rêves dansants est le dernier film réalisé sur le travail de la chorégraphe allemande décédée le 30 juin 2009. C’est sans doute celui qui l’aborde sous l’angle le moins attendu et, peut-être, le plus émouvant.
Coréalisé par Anne Linsel, une journaliste qui suivait son travail depuis 1973, quand elle a pris la tête du Tanztheater Wuppertal, le film rend compte de la recréation de Kontakthof, une pièce de 1978, non pas avec les acteurs de sa troupe, mais avec des adolescents de la ville. Avec Jo Ann Endicott et Bénédicte Billiet, deux danseuses chargées de les former, ils sont les personnages principaux du film.
Pina Bausch, elle, n’apparaît que dans quelques scènes, regroupées dans la dernière partie – qui sont aussi les ultimes scènes que le cinéma aura captées d’elle. Mais sa présence n’en est que plus forte, qui se diffuse dans tout le film. Les jeunes parlent d’elle avec une admiration pleine de respect, ils tremblent à l’approche de ses visites, lui vouent une reconnaissance infinie pour l’expérience qu’elle leur permet de vivre. Et lorsqu’elle apparaît enfin, le charisme, l’autorité, la grande douceur qu’elle dégage donnent à ces moments une intensité dramatique digne d’une fiction.
Pour ces jeunes gens qui ont répondu sans bien savoir où ils mettaient les pieds à une annonce postée dans leur collège, et qui vont passer près d’une année ensemble à répéter la pièce, la découverte de l’univers Pina Bausch va de pair avec une découverte d’eux-mêmes. Une prise de contrôle de leur corps, avec lequel, à cet âge-là plus qu’à aucun autre, ils sont mal à l’aise, mais aussi une exploration de leurs émotions, de leurs désirs, de leurs angoisses…
Une pièce laboratoire
C’est de cette matière que se nourrit la danse de Pina Bausch, et la grande réussite du film est de montrer, en se recentrant sur une poignée d’adolescents et quelques scènes clés, la mue du processus. « Kontakthof est un lieu où l’on se rencontre pour lier des contacts, affirmait Pina Bausch. Se montrer. Se défendre. Avec ses peurs. Avec ses ardeurs. Déceptions. Désespoirs. Premières expériences. Premières tentatives. De la tendresse, et de ce qu’elle peut faire naître. » Pour la chorégraphe, cette pièce était un laboratoire. En 1999, elle l’avait déjà remise sur le métier avec des acteurs de plus de 65 ans dont elle voulait qu’ils la façonnent avec leur expérience de la vie. Avec les jeunes, une spirale harmonieuse, très émouvante, prend forme au fil des répétitions, dans laquelle se modifient conjointement la connaissance de soi et le rapport aux autres.
Le film montre les adolescents qui dansent, la manière dont les corps se dégourdissent, dont la maladresse s’efface, mais plus encore, les auteurs se concentrent sur leurs visages. Des personnalités s’affirment, des personnages apparaissent dont on comprend, comme le dit l’une des répétitrices, qu’ils ont déjà tout vécu : l’amour, l’humiliation, la haine, pour celle-ci la guerre, pour celui-là la discrimination ethnique, pour celle-là encore la perte d’un père.
Toute cette mémoire, consciente ou inconsciente, vient modeler les mouvements des corps. Le travail de Pina Bausch et de ses deux assistantes, on le comprend, consiste d’abord à en ouvrir les vannes et à la canaliser. En adoptant, comme ils l’ont fait, une position modeste, extrêmement attentive et respectueuse vis-à-vis de leurs personnages et du travail qu’ils étaient en train d’accomplir, Anne Linsel et Rainer Hoffmann signent un film à mi-chemin entre une comédie musicale et un teen-movie qui aurait intégré une dimension tragique. Une belle manière de célébrer la vitalité de la danse de Pina Bausch.
Isabelle Régnier / Le Monde 13 octobre 2010
Vidéos
Bande son / Bande image
Catégorie : Analyses de séquence
Les Rêves dansants n’est pas le making off du spectacle “Kontakhof” monté en 2008 avec des adolescents, pas plus qu’il n’en est la simple captation. C’est une œuvre en soi qui à la fois épouse la structure de l’œuvre originale de Pina Bausch et compose sa propre musique en sons et en images. La séquence d’ouverture, véritable “exposition” musicale et visuelle, donne la clé du travail spécifique du film, qui suit son propre cheminement, évoluant du reportage sur l’élaboration d’un spectacle à l’approche du groupe d’adolescents s’ouvrant à une activité nouvelle qui se répercute sur leur vie intime. À partir des images et des sons de la répétition, du travail, et des paroles des jeunes danseurs comme de leurs directrices de répétition, le film construit son propre discours esthétique, reconstruisant pour son propre compte un univers parallèle à celui de la grande chorégraphe Pina Bausch.
Cette vidéo peut être mise en relation avec les pages 4-5 (« Analyse du scénario »), 9-11 (« Mise en scène et significations ») et 13 (« Bande-son ») du dossier “Les Rêves dansants”.
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Analyse : Claude Brunel
Réalisation : Jean-Paul Dupuis
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