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Le générique d’ouverture (de 00 min à 3 minutes 24)
Initialement, le générique d’un film est avant tout fonctionnel. Câest une séquence comportant les noms de l’équipe technique et artistique du film. Mais les réalisateurs l’utilisent souvent pour donner le ton du film. Câest ce rà´le dont s’emparent ici les Monty Python. En trois minutes, le générique concentre efficacement la logique humoristique du film : ne rien prendre au sérieux.
Le générique d’ouverture se divise en deux parties aux styles totalement opposés.
La première se caractérise par son austérité. Avec élégance, les lettres blanches sur fond noir apparaissent en fondu. Après un silence respectueux, des notes disjointes viennent ponctuer les noms de l’équipe. Rythmes complexes et irréguliers, cette musique savante et tourmentée fait glisser le spectateur dans l’univers de films originaires du nord de l’Europe, réputés impénétrables. On pense au réalisateur suédois Ingmar Bergman et à la musique hypnotique de Persona. En somme, nous sommes à des années lumière de l’univers des Monty Pyton. Mais comme on pouvait s’y attendre, les choses vont vite déraper : les sous-titres suédois (la graphie nous l’indique) n’assument plus leur rà´le de simple traducteurs de l’anglais mais s’imposent maintenant comme des répliques de dialogue : » – Et si on visitait la Suède, il y a de jolis lacs. – Un élan a mordu ma sÅur, une fois’¦ « .
Avec la prise de distance qui caractérise le film à suivre, des cartons nous renseignent sur la fabrication du générique : il est question des réalisateurs du générique, de leur laisser-aller et de leur renvoi. En effet, un changement est notable : la musique n’est plus la même. Elle est maintenant symphonique et passionnée. Nous avons quitté le drame psychologique pour un film romantique comme Docteur Jivago de David Lean. Un autre carton annonce le goà»t pour les digressions dont font faire preuve les Monty Python dans Sacré Graal : les sous traitants sont eux aussi renvoyés et le générique va faire peau neuve.
Chose promise, chose due : un générique psychédélique nous saute aux yeux. Une joyeuse musique mexicaine populaire rythme des cartons complètement déjantés. Mission accomplie : le ton est donné.