Synopsis
Paris, en 1942. Chauffeur de taxi au chômage, Marcel Martin gagne sa vie en livrant des colis au marché noir. Un jour, il doit transporter à pied, à l’autre bout de la capitale (plus précisément de la rue Poliveau à la rue Lepic), quatre valises contenant un cochon découpé. Il se rend dans la cave d’un nommé Jambier et y joue de l’accordéon pendant qu’on égorge l’animal.
Il se dirige ensuite avec sa femme Mariette vers le restaurant où il doit retrouver son complice. Il y apprend que celui-ci vient d’être arrêté par la police. Un inconnu entre alors dans le restaurant et, sur un malentendu, craignant qu’il n’ait glissé un rendez-vous à sa femme, Martin l’invite à partager son repas et à travailler avec lui.
Ce choix s’avère vite calamiteux, car ce nouveau personnage, un certain Grandgil, est loin d’être docile. Il s’octroie tout d’abord une substantielle augmentation de salaire en terrorisant le malheureux Jambier. Puis, il détruit les bouteilles d’un bistro, où les deux complices se dissimulent de la police, et traite les clients de « salauds de pauvres ». Il va même jusqu’à assommer un policier dans le quartier où habite Martin. Et lorsque, fuyant une patrouille allemande, ils finissent par se réfugier dans l’appartement de Grandgil, c’est avec stupéfaction que Martin découvre qu’il s’agit d’un peintre d’une certaine renommée qui ne l’a suivi que pour se distraire.
Poursuivant néanmoins leur chemin, ils arrivent enfin à l’adresse de la livraison mais trouvent la porte close. Ils font alors un tel tintamarre qu’une patrouille allemande intervient. Dans la Kommandantur où ils sont emmenés, un officier allemand reconnaît le peintre Grandgil. Il s’apprête à les faire relâcher lorsqu’on annonce l’assassinat d’un colonel. L’officier allemand ne parvient à sauver in extremis que Grandgil tandis que Martin, lui, est envoyé en Allemagne au STO.
Les années ont passé. Paris est libéré, et nous retrouvons Grandgil sur un quai de la gare de Lyon suivi par un porteur de valises. Du haut de la fenêtre du wagon, Grandgil reconnaît soudain Martin, portant comme toujours les valises des autres.
Distribution
Jean Gabin : Grandgil, l’artiste peintre
Bourvil : Marcel Martin, chauffeur de taxi au chômage
Louis de Funès : Jambier, l’épicier
Jeannette Batti : Mariette Martin, la femme de Marcel
Jacques Marin : le patron du restaurant
Robert Arnoux : Marchandot, le boucher charcutier
Georgette Anys : Lucienne Couronne, la cafetière
Jean Dunot : Alfred Couronne, le cafetier
Monette Dinay : Mme Jambier, l’épicière
René Hell : le père Jambier
Myno Burney : Angèle Marchandot, la bouchère, charcutière
Harald Wolff : le commandant allemand
Bernard Lajarrige : un agent de police
Anouk Ferjac : la jeune fille lors de l’alerte
Hubert Noël : le gigolo arrêté
Béatrice Arnac : la prostituée
Jean/Hans Verner : le motard allemand
Laurence Badie : la serveuse du restaurant
Claude Vernier : le secrétaire allemand de la Kommandantur
Hugues Wanner : le père de Dédé.
Paul Barge : le paysan avec sa vache
Marcel Bernier : le militaire sur le quai de la gare
Georges Bever : un consommateur
Germaine Delbat : une femme au restaurant
Clément Harari : l’otage aux lunettes
Jean Imbert : l’homme à la sortie du métro
Hubert de Lapparent : l’otage nerveux
Franck Maurice : le vendeur de journaux, à l’entrée du métro
Albert Michel : le concierge de l’immeuble
Michèle Nadal : la jeune fille à la sortie du métro
Maryse Paillet : une femme au restaurant
Jean Vinci : le client mécontent au restaurant
Louis Viret : le cycliste
Louisette Rousseau : la cuisinière du restaurant St-Martin
Yvonne Claudie : la vieille prostituée
Générique
Réalisation : Claude Autant-Lara
Assistant réalisateur : Ghislaine Autant-Lara
Scénario et Dialogues : Jean Aurenche et Pierre Bost, adapté de la nouvelle éponyme de Marcel Aymé parue dans le recueil le Vin de Paris.
Décors : Max Douy
Fourrures : André Brun
Photographie : Jacques Natteau
Cadreur : Gilbert Chain
Son : René-Christian Forget
Montage : Madeleine Gug
Musique : René Cloërec
Maquillage : Yvonne Fortuna
Photographe de plateau : Jean-Louis Castelli, Emmanuel Lowenthal
Script-girl : Geneviève Cortier
Régisseur général : André Hoss
Affichiste : Clément Hurel (non crédité)
Producteur : Henry Deutschmeister
Directeur de production : Yves Laplanche
Sociétés de production : Franco-London Film (Paris), Continentale Produzione (Rome)
Société de distribution : S.N.A Gaumont
Pays d’origine : Drapeau de la France France, Drapeau de l’Italie Italie
Langues : français, allemand
Format : noir et blanc (il existe une Version Colorisée de 1994) – – 35 mm – 1,37:1
Tirage : Laboratoire Franay L.T.C Saint-Cloud, sur pellicule couleur
Tournage : Studios Franstudio et à Paris, du 7 avril au 9 juin 1956
Date de sortie : en France 26 octobre 1956
Genre : comédie dramatique
Durée : 80 minutes
Tous publics
Vidéos
Le marché
Catégorie : Analyses de séquence
Martin et Grandgil touchent au but
Catégorie : Analyses de séquence
Pistes de travail
Dans le film, Grandgil et Marcel Martin doivent faire six kilomètres (huit selon Grandgil), de la rue Poliveau à la rue Lepic, via le Jardin des Plantes, le pont Sully, la rue de Turenne, la rue Montmartre et la rue Saint-Georges. Cependant, les scènes en extérieur sont tournées en studio.
Une légende tenace veut que le film eut un succès public mitigé ; c’est faux puisqu’avec 4 893 174 entrées, le film se place 4e au box-office de 1956.
Le choix de Bourvil pour le rôle de Martin fit l’objet d’une opposition si violente de la part de Marcel Aymé qu’il finit par inquiéter la production. Claude Autant-Lara, qui tenait à son choix, dut diminuer son budget de plus de 50 %, renonçant ainsi à la couleur, pour obtenir toute liberté quant à la distribution. Marcel Aymé reconnut par la suite son erreur concernant Bourvil, ajoutant de plus : « C’est vraiment la toute première fois qu’on ait fait au cinéma quelque chose tiré d’un de mes livres qui soit non seulement bien, mais d’une très grande qualité. Et dans ce cas particulier, ce n’était pas facile ».
Avant ce film, Bourvil n’avait jamais travaillé avec Jean Gabin. Leur première scène fut justement celle de la première rencontre entre Martin et Grandgil. Lorsque Gabin rentre (de dos) dans le bistrot et lance un « Bonsoir » inquiétant, l’acteur Bourvil était terrifié.
L’équipe technique est visible à deux reprises dans le film. Lorsque Jeannette Batti tend un savon à Jean Gabin au début du film : on peut parfaitement voir, l’espace d’une seconde, l’ombre portée de la caméra sur l’actrice. Lorsque Bourvil aperçoit Jeannette Batti qui s’apprêtait à le quitter, Gabin sort de l’immeuble seul. Lorsque Gabin quitte le couloir : on voit très clairement qu’un assistant referme la porte derrière lui.
Le budget serré du film encouragea Max Douy (célèbre chef décorateur) à réaliser des quartiers entiers de Paris en studio. Les influences expressionnistes de l’artiste (déjà visibles dans d’autres films) explosent dans certaines séquences de La Traversée de Paris. De plus, le film est certainement l’une des visions les plus justes et les plus saisissantes de la période de l’occupation au cinéma. La force du traitement réside évidemment dans la présence d’un noir et blanc très contrasté et inquiétant.
Le film a été colorisé en 1994 par la société AFT – American Film Technologies avec l’accord de Claude Autant-Lara.
Claude Autant-Lara aurait attendu cinq ans avant de tourner les retrouvailles finales gare de Lyon, minutées par le départ du train de Grandgil (il avait acquis les droits en 1950). Cette issue désabusée se démarque complètement de la nouvelle de Marcel Aymé dans laquelle Grandgil est tué par Martin qui incarne l’honneur du prolétariat contre le cynisme d’une bourgeoisie oisive.
Au crépuscule de sa carrière, Claude Autant-Lara réalisa un remake inavoué de La Traversée de Paris. Il s’agit du film Les Patates, d’après le roman de Jacques Vaucherot, réalisé en 1969 avec Pierre Perret et Henri Virlojeux.
Outils
Web
http://www.iletaitunefoislecinema.com/chronique/3346/la-traversee-de-paris-claude-autantlara-1956
Retour sur le film
http://www.boxofficestory.com/la-traversee-de-paris-box-office-louis-de-funes-1956-a91170381
Anecdotes sur le film, images et extrait vidéo du film
http://www.ina.fr/video/I05124049
Témoignage du réalisateur Claude Autant-Lara sur le choix de Bourvil comme acteur principal du film
http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere/2012/04/18/claude-autant-lara-loeil-du-diable/
Présentation de Claude Autant-Lara et de son œuvre
http://occupation-paris.blogspot.fr/p/le-paris-allemand.html
Retour sur la ville de Paris sous l’occupation allemande
http://www.histoire-en-questions.fr/francais-occupation-1940-1945.html
Anecdotes sur le rationnement et le marché noir sous l’occupation allemande
Ouvrages
La Comédie cinématographique à l’épreuve de l’Histoire, Sebastien Fevry, édition l'Harmattan, 2013
Le vin de Paris, Marcel Aymé, édition Gallimard, collection Folio, 1984
Vidéographie
Gabin, gueule d’amour
Films sur la même thématique
La Grande illusion (1937)
La Vache et le prisonnier (1959)
La Grande Vadrouille (1966)
Les Patates (1969)
Papy fait de la résistance (1983)