Biographie
Tex Avery (1908-1980)
Né à Taylor (Texas) en 1908, Fred Avery, s’est vu attribué le surnom Tex en raison de ses origines texanes. En 1927, il décide de se consacrer à la bande dessinée puis s’installe à Los Angeles.
– Premiers pas chez Lantz
Ne trouvant pas d’emploi de dessinateur, il tente sa chance aux studios de Walter Lantz à la Universal, où il apprend les rudiments de l’animation. Deux événements vont marquer sa vie à la Universal : il rencontre une «  encreuse « , Patricia Johnson, sa future épouse, et devient borgne en prenant dans l’oeil une agrafe, lancée par un joyeux luron du groupe.
– «  La terrasse aux termites » aux studios Warner Bros
En 1935, Avery quitte Lantz et postule à la Warner. Il y rencontre des animateurs tels que Chuck Jones, Bob Clampett, Bob Cannon, Virgil Ross, Sid Sutherland. C’est en s’inspirant de vieux de Freleng (dessinateur qui créera la Panthère rose) qu’ils créent leur premier personnage, Porky Pig pour I Haven’t Got a Hat (1935), puis Page Miss Glory (1936). Quand il réalise en noir et blanc les dessins animés de la série Looney Tunes et en couleur celle des Merrie Melodies, selon Brion : «  Avery semble encore prisonnier du style de l’époque et dans l’incapacité de donnerlibre cours à sa démesure « . Mais jouissant d’une grande latitude, l’équipe va créer son style propre à l’opposé de «  l’idéalisme d’avant-guerre » de Walt Disney. C’est ainsi qu’en 1936, dans Porky Rainemaker, Avery va utiliser l’un des gags qu’il exploitera à fond plus tard : à la fin du dessin animé, l’oie sort de la pellicule ; puis, en 1937, dans Duffy Duck and Egghead, en ombre sur l’écran, il fait intervenir un spectateur qui sera tué par Egghead. L’équipe crée toute une panoplie de personnages qui va permettre à Schlesinger d’occuper la deuxième place au box-office des cartoons. La personnalité de Bugs Bunny, création de Ben Hardaway, est établie par Tex Avery qui le rend insolent, arrogant et sà»r de lui. Dans A Wild Hare (1940). Perfectionniste il veut se charger de tout. Son style de plus en plus personnel commence à s’affirmer et il multiplie les gags de plus en plus farfelus, les parodies, les jeux de mots, les provocations, et offre en 1941 un pastiche délirant du Tout-Hollywood dans Hollywood Steps Out. La même année, il reprend pour la dernière fois le personnage de Porky dans Porky’s Prewiew. Puis il décide d’inaugurer une nouvelle technique : «  (…) J’ai découvert que je pouvais doubler les bouches des animaux en posant dessus des bouches animées. « , se souvient Avery. Il propose son idée à Schlesinger qui la refuse, une dispute s’ensuit et il est suspendu pour deux mois. Il envoie un script à la Paramount qui accepte et réalise trois des films de la série Speaking of Animals dont quarante-huit épisodes seront produits entre 1941 et 1949. La rupture avec la Warner semble inévitable. Après une soixantaine de films réalisés pour ces studios, Tex Avery rejoint la MGM
– Tex à la Metro-Goldwyn-Mayer
Avery arrive à la MGM en 1942 quand les àtats-Unis entrent en guerre. La firme traverse une époque de prospérité artistique. Avery y restera treize ans. On lui demande de créer autre chose que des Tom et Jerry. Malgré le manque d’humour des dirigeants de la firme, il bénéficie d’une grande liberté qui va lui permettre de donner libre cours à son humour irrévérencieux, son style exagéré par l’accélération et l’augmentation des gags, l’absurde porté jusqu’au paroxysme. à son arrivée, il crée The Early Bird Dood It (1942) qui sortira néanmoins plus tard que The Blitz Wolf (1942), dans lequel il  reprend The Three little Pigs (les trois petits cochons) de Disney et y transforme le grand méchant loup en Adolf Hitler. Pour ce chef-d’œuvre, il obtient trois nominations aux Oscars, mais c’est Der Fuhrer’s Face de Disney qui obtient la récompense. En 1943, Dumb-Hounded voit la naissance de Droopy. Le Petit Chaperon rouge (Red Hot Riding Hood) introduit le loup libidineux et la girl, animés respectivement par Ed Love et Preston Blair. Le dessin animé fut censuré, mais les officiers obtinrent la version complète pour les G.I.’s. Avery n’échappe pas à l’effort de guerre et travaille pour l’armée et la marine pour lesquels il réalise Bertie The Bomber.
En 1944, apparaît Screwball Squirrel, l’écureuil fou, et en 1946, George et Junior. Après King Size Canary (1947), le dessin animé préféré du surréaliste André Breton, il se tourne vers les chats avec, entre autres, The Cat Hated People (Le Chat misanthrope,1948). Ses trouvailles sont de plus en plus délirantes, mais il revient parfois à des gags créés à la Warner, comme celui du cheveu bloqué sur la pellicule dans Magical Maestro (1952). Mais La fermeture du département animation à la MGM va accélérer le départ d’Avery qui songeait à se retirer. Avec Mise en boîte (Cellbound,1955), il fait ses adieux. Le genre de cartoon cher à Tex Avery étant tombé en désuétude, il n’a plus d’autre choix que de s’orienter vers la publicité.
1 Tex Avery à faire hurler les loups. Alain Duchêne. Dreamland éditeur. 1997. p.96
Tex Avery, Patrick Brion, éd. Du Chêne, Paris, 1984, p. 13
Robert Benayoun, Le Mystère Tex Avery, Points-Seuil, Paris, 1988
Dans cette première version, le loup doit épouser la grand-mère et le juge de paix a la tête d’Avery lui-même. De cette union naissent trois petits loups qui se déchaînent aussi à la vue de la girl.
Filmographie
Prod. Warner Bros : Sous le nom de Fred Avery
- 1935 : Gold Diggers of '49 ; The Blow Out ; Plane Dippy ; I'd Love to Take Orders from You ; I Love to Singa ; Porky the Rain-Maker.
- 1936 : The Village Smithy ; Milk and Money ; Don't Look Now.
- 1937 : Porky the Wrestler ; Picador Porky ; Porky's Duck Hunt ; Only Have Eyes for You ; Uncle Tom's Bungalow ; Ain't We Got Fun ; Porky's Garden ; I Wanna Be a Sailor ; A Sunbonnet Blue ; Little Red Walking Hood.
- 1938 : Daffy Duck & Egghead ; The Sneezing Weasel ; The Penguin Parade ; The Isle of Pingo Pongo ; A Feud There Was ; Johnny Smith and Poker-Huntas ; Daffy Duck in Hollywood ; Cinderella Meets Fella ; The Mice Will Play.
- 1939 : Hamateur Night ; A Day at the Zoo ; Thugs with Dirty Mugs ; Believe It or Else ; (Dangerous) Dan McFoo ; Detouring America ; Land of the Midnight Fun ; Fresh Fish ; Screwball Football.
- 1940 : The Early Worm Gets the Bird ; Cross Country Detours ; Bear's Tale ; A Gander at Mother Goose ; Circus Today ; A Wild Hare ; Ceiling Hero ; Holiday Highlights ; Wacky Wildlife ; Of Fox and Hounds.
- 1941 : The Crackpot Quail ; The Haunted Mouse ; Tortoise Beats Hare ; Porky's Preview ; The Heckling Hare ; Aviation Vacation.
Prod. Paramount : Sous le nom de Tex Avery :
- 1941 : Speaking of Animals Down on the Farm ; Speaking of Animals in a Pet Shop ; Speaking of Animals in the Zoo.
Prod. MGM :
- 1942 : BlitzWolf (Le Très Méchant Loup), The Early Bird Dood It ! (L'Oiseau matinal) 1943 : Dumb-Hounded (Droopy fin limier) ; Red Hot Riding Hood (Le Petit chaperon rouge) ; Who Killed Who ? ; One Ham's Family (Quel petit cochon !) ; What's Buzzin' Buzzard ? (Qui a trop faim ?).
- 1944 : ScrewballSquirrel (Cassenoisette et ses copains) ; BattyBaseball ; Happy-Go-Nutty (Cassenoisette fait le fou) ; Big Heel-Watha (Buck of the Month) (Cassenoisette s'amuse). 1945 : The Screwy Truant (Cassenoisette fait l'école buissonnière) ; The Shooting of Dan McGoo) (Droopy en Alaska ou Un petit bar sans histoire) ; Jerky Turkey ; Swing Shift Cinderella (Les Métamorphoses de Cendrillon) ; Wild and Woolfy (Robinson's Screwball) (Entre chien et loup).
- 1946 : Lonesome Lenny (Un chien bien solitaire ou Lenny s'ennuie) ; The Hick Chick (Le Poussin indécis) ; Northwest Hounded Police ou The Man Hunt (Policemontée) ; Henpecked Hoboes (Méfiez-vous des cocottes).
- 1947 : Hound Hunters (George et Junior vagabonds ou Chasseurs de chiens) ; Red Hot Rangers (Pas de fumée sans feu) ; Uncle Tom's Cabaña (La Cabane de l'oncle Tom) ; Slap Happy Lion (Le Lion flagada ou Le Lion frapadingue) ; King-Size Canary (Drôle de canari ou Un drôle de canari). 1948 : Half-Pint Pygmy (Le Pygmée demi-portion) ; What Price Fleadom (Homère la puce) ; Little'Tinker (ou Little Stinker) (Le Putois amoureux) ; LuckyDucky (La Conga des canetons) ; The Cat That Hated People (Le Chat misanthrope).
- 1949 : Bad Luck Blackie (Le Noiraud porte-malheur) ; Señor Droopy (Droopy toréador) ; Wags to Riches ; The House of Tomorrow (La Maison de demain) ; Doggone Tired (Le Coup du lapin) ; Little Rural Riding Hood (Méfie-toi fillette ou Le Petit Chaperon rural ou Les Deux Chaperons rouges) ; Out-Foxed (Droopy-chasseur) ; The Counterfeit Cat (Tom se déguise).
- 1950 : Ventriloquist Cat (Le Chat ventriloque ou Tom ventriloque) ; The Cuckoo Clock (Tom et le coucou) ; Garden Gopher (Entre chien et taupe) ; The Chump Champ (Droopy sportif ou Rien ne sert de tricher) ; The Peachy Cobbler (Le Petit Cordonnier)
- 1951 : Cock-a-Doodle Dog (Cocorico ou Le Chant du coq) ; Daredevil Droopy (Droppy l'intrépide) ; Droopy's Good Deed (Un boy-scout émérite ou Droopy scout modèle) ; Symphony in Slang ; Car of Tomorrow (La Voiture de demain) ; Droopy's Double Trouble (Droopy et son frère ou son double)
- 1952 : Magical Maestro (Tom et le Magicien ou Maestro magique oi le Chef-d'orchestre illusionniste ou Tom et le magicien) ; One Cab's Family (Bébé taxi ou La Famille Taxi) ; Rock-a-Bye Bear.
- 1953 : Little Johnny Jet (Bébé Avion à réaction) ; T.V. of Tomorrow (La TV de demain) ; The Three Little Pups.
- 1954 : Drag-A-Long Droopy (Droopy à la conquête de l'Ouest) ; Billy Boy (Billy la fringale) ; Homesteader Droopy (Droopy pionnier) ; Farm of Tomorrow (La Ferme de demain) ; The Flea Circus (Le Cirque de puces) ; Dixieland Droopy (Droopy chef d'orchestre).
- 1955 : Field and Scream (Pêcheur et chasseur) ; The First Bad Man (le Premier Truand texan) ; Deputy Droopy (Droopy Shérif) ; Cellbound (Mise en boîte ou La P'tite évasion).
- 1956 : Millionaire Droopy.
- 1957 : Cat's Meow (Le Chat ventriloque).
Prod. Walter Lanz :
- 1954 : I'm Cold (Chaudes les fourures)
- 1955 : Crazy Mixed Up Pup (Le Meilleur ami du chien) ; The Legend of Rockabye Point (La Légende du rocher pointu) ; Sh-h-h-h-h-h (Chut...).
- 1986 : Looney Tunes 50th Anniversary (TV).
Outils
- Livres
Robert Benayoun, Le Mystère Tex Avery, Points-Seuil, n° P1861, Paris, 1988 ; « Entretien avec l'insaisissable », Positif, n° 57, juillet-août 1963.
Joe Adamson, Tex Avery : King of Cartoons (1975), Da Capo Press, New York, 1985. Repris partiellement dans Tex Avery, la folie du cartoon, « Fantasmagorie », Artefact, Montreuil/Enghien, 1979.
Patrick Brion, Tex Avery, le Chêne, Paris, 1984 ; Tex Avery : dessins, croquis, études. 1908-1980., Nathan, Paris, 1988 ; Les Dessin animés de la Metro-Goldwyn-Mayer, La Martinière, Paris, 1999.
Pierre Lambert, Tex Avery : l'art de Tex Avery au studio Metro-Goldwyn-Mayer, Démons et Merveilles, Rozay-en-Brie, 1993
Alain Duchêne, Tex Avery à faire hurler les loups, Dremland, Paris, 1996.
Annie Battista, Joël Magny, dossier-maître Collège au cinéma, éd. Centre National de la Cinématographie (d'où sont extraits des éléments de cette fiche).
- Articles
Peter Král, « Tex Avery ou le délire lucide », Positif, n° 160, juin 1974 ; « Le mythe et le rituel dans le burlesque de cinéma », revue Humoresques, cf. ci-dessous.
Sylvie Volzé-Valaire, « Les représentations féminines chez Tex Avery », Banc Titre, n° 14, octobre 1980.
Gilles Colpart, « Tex Avery », La Revue du cinéma-Image et son, n° 357, janvier 1981.
Patricia Duleuil, « Le comique de Tex Avery », Humoresques, n° 6, spécial « Humour et cinéma », Presses Universitaires de Vincennes, 1995.
Henri Beaudin, « Le "ça" retrouvé : l'irréalisme burlesque dans le dessin animé », revue Humoresque, cf. ci-dessus.
Pierre Floquet, « Tex Avery : du récit burlesque à la fulgurance du clip », CinémAction, n° 123, cf. ci-dessous.
Joël Magny, le 15 septembre 2008