CLAIR René

Cinéaste, Écrivain, Parolier, Réalisateur, Scénariste

Biographie

Formation

Fils d’un commerçant auvergnat installé à Paris, René Clair est élevé dans le quartier des Halles. Il fait ses études au Lycée Montaigne puis au Lycée Louis-le-Grand. Recalé au Bac, il s’engage dans la boue des tranchées comme ambulancier. Evacué du front au bout de quelques mois, il est présenté à Léon Daudet et devient journaliste à L’intransigeant, puis assure la rubrique cinéma à Paris-Journal et Théâtre et Comedia illustrés. Il fait simultanément ses premiers pas en tant que comédien en interprétant quelques rôles de jeune premier, sans conviction. Plutôt attiré par l’idée de devenir romancier que par celle de faire du cinéma, il se montre réticent lorsque son frère Henri Chomette le présente au cinéaste Jacques de Baroncelli. Il en devient finalement l’assistant pendant la période du muet (Pêcheurs d’Islande, Carillon de Minuit et La légende de Soeur Beatrix).

Carrière au cinéma

René Clair signe son premier film en 1923, Paris qui dort, qui frappe par son influence surréaliste. L’année suivante, le poète Francis Picabia et le musicien Erik Satie lui passent commande pour un petit film diffusé pendant l’entracte de leur ballet. C’est Entr’acte (1924), qui lui vaut pour un temps des intentions avant-gardistes. Il n’en est rien. Ses films suivants dévoilent au contraire un cinéaste soucieux de se détacher des contingences de la recherche formelle et préférant se consacrer à un cinéma intuitif et spontané. Le cinéma de René Clair parle des bonheurs simples de l’existence et laisse à d’autres le soin de disserter sur les perspectives de l’Art et les vicissitudes de la condition humaine. Ses deux premières comédies, Un chapeau de paille d’Italie (1927) et Les deux timides (1928), donnent en partie le ton à son œuvre. Le cinéma est à l’orée du parlant ; René Clair s’en accommode mieux que beaucoup de ses contemporains. Cette nouvelle dimension stimule son imagination. Il réalise alors ses plus beaux films. Dans Sous les toits de Paris (1930), les idées neuves se bousculent et René Clair invente le cinéma moderne. Attachant une grande importance au montage, il ne se contente pas de coller le son à l’image : il joue avec l’un et l’autre, les utilise à contretemps (images sans dialogues) et en extrait une intensité qui ajoute à la poésie des histoires. Avec la comédie musicale, René Clair introduit la nouveauté et porte le genre à des sommets rarement atteints par la suite (Le million, 1930 ; A nous la liberté, id.). Bien qu’adulé par le public français, il connaît l’échec en 1934 avec Le dernier milliardaire. Le réalisateur croit à la fin de sa carrière en France et s’exile. Pendant près de dix ans, il réalise trois films en Angleterre et sept aux Etats-Unis. Chacun d’entre eux connaît des fortunes diverses, mais aucun n’est accueilli avec le même enthousiasme que les films de la période française. Célébré comme le chantre du cinéma à la française par une critique qui n’attend que son retour, il revient à Paris en 1946 et tente de renouer avec son passé dans Le silence est d’or (id.). Pétri de charme, le film évolue dans le Paris canaille et gouailleur cher au cœur de l’auteur, celui qu’il décrit dix ans plus tard dans Porte des Lilas (1957). Au début des années cinquante, Clair fait débuter Gérard Philippe dans La beauté du diable (1949) et Brigitte Bardot dans Les Belles de nuit (1952). Les grandes manœuvres (1955), premier film en couleur tourné par le réalisateur, ressort indiscutablement du lot des films tournés pendant cette période, même s’il n’atteint pas la perfection et la fraîcheur de ses films de l’avant-guerre.

Autres activités

René Clair est le scénariste de ses films (excepté pendant la période américaine).
Son œuvre cinématographique éclipse son œuvre littéraire. Il publie plusieurs recueils de poésie et quelques romans dont Adam et La Princesse de Chine.
En 1960, il est reçu à l’Académie française.

Filmographie

Comme réalisateur

Films muets
1924 : Entr'acte (court métrage)
1925 : Paris qui dort (version originale, long métrage)
1925 : Le Fantôme du Moulin-Rouge
1926 : Le Voyage imaginaire
1927 : La Proie du vent
1928 : La Tour (court métrage)
1928 : Un chapeau de paille d'Italie
1929 : Les Deux Timides

Première période française
1930 : Sous les toits de Paris
1931 : Le Million
1931 : À nous la liberté
1933 : Quatorze juillet
1934 : Le Dernier Milliardaire

Période anglaise et américaine
1935 : Fantôme à vendre (The Ghost Goes West)
1938 : Fausses Nouvelles (Break the News)
1941 : La Belle Ensorceleuse (The Flame of New Orleans)
1942 : Ma femme est une sorcière (I Married a Witch)
1943 : Et la vie recommence (Forever and a Day) (séquence 1897, 13 minutes)
1944 : C'est arrivé demain (It Happened Tomorrow)
1945 : Dix Petits Indiens (And Then There Were None)

Retour en France : période "Comédies et commentaires"
1947 : Le silence est d'or
1950 : La Beauté du diable
1952 : Les Belles de nuit
1955 : Les Grandes Manœuvres
1957 : Porte des Lilas

Dernière période
1960 : La Française et l'Amour (film collectif, sketch "Le Mariage", 13 minutes)
1961 : Tout l'or du monde
1962 : Les Quatre Vérités (film collectif, sketch "Les Deux Pigeons", 20 minutes)
1965 : Les Fêtes galantes
1971 : Paris qui dort (version révisée, court métrage)