Biographie
Cheik Doukouré est né à Kankan (Guinée), en 1943. Après des études secondaires à Conakry, il arrive en France en 1964 où il obtient une licence de Lettres modernes à la Sorbonne. Il s’inscrit alors au Cours Simon, puis au Conservatoire de la rue Blanche. Il aborde ensuite une carrière de comédien au théâtre, à la télévision et au cinéma où il travaillera également comme scénariste puis comme réalisateur.
Sa première réussite comme co-scénariste est le très beau film de Jacques Champreux Bako, l’autre rive. Prix Jean Vigo en 1978, ce film peut être qualifié d’autobiographique : » Lui aussi était à sa façon un voyage initiatique avec un personnage quittant son village pour d’autres rencontres et pas seulement pour des raisons économiques. Le thème du départ, celui de la rencontre, sont récurrents chez moi. Je crois que, comme le petit garçon du Ballon d’or, beaucoup d’Africains ont connu cette expérience et suivi son chemin, que cela soit en partance vers l’Europe ou ailleurs. Partir avec quelque chose en bagage et recevoir pendant le voyage. »
En 1991, il aborde enfin la réalisation et tourne, chez lui, en Guinée, Blanc d’ébène, reconstitution de l’époque de la colonisation française à travers l’opposition d’un adjudant de l’armée française et d’un jeune instituteur africain aux idées humanistes et indépendantistes. Pendant le tournage de ce film, il retrouva son pays et en regardant autour de lui, trouva l’inspiration de son second film : » En 1991, alors que je tournais Blanc d’ébène en Guinée, j’ai vu des enfants qui tiraient des chariots chargés de bois mort jusqu’à la ville, distante de plus de 8 km, pour gagner un peu d’argent. C’est là qu’est né Le Ballon d’or, de ce désir de faire un film sur les enfants d’Afrique. Mais comme je voulais à tout prix éviter le misérabilisme, je ne pouvais pas aborder le problème de front. Là¯fort physique que s’imposaient ces gamins m’a conduit au sport, et très vite au football. C’est le sport le plus populaire en Afrique, accessible à tous, c’est un sport collectif, où la notion de solidarité correspond à la culture et à la mentalité africaines. Il offre aussi aux Africains, depuis que le cinéma a cédé le terrain à la vidéo, le dernier motif qu’ils ont de communier, toutes classes sociales confondues, sans exclusion d’aucune sorte. »
Après ce premier film qui engrangea de nombreux prix dans divers festivals, il trouve auprès de Monique Annaud une productrice décidée à s’engager pour produire son prochain film. Car la production d’un film destiné principalement à la jeunesse et dont les protagonistes sont, en plus, des Noirs, relève de la gageure pure et simple.
Malgré ces multiples difficultés, Cheik Doukouré continue cependant à revendiquer son appartenance à l’Afrique et à son cinéma. » Il y a déjà une différence propre cinéma africain, je n’ai pas dit une excellence ou une supériorité, non, quelque chose qui a son univers et sa poésie propres. Le cinéma – et plus largement toute la culture africaine – se manifeste en effet par cette envie propre de communiquer et partager, ce qui existe et a toujours existé chez nous. C’est notre tradition et notre réalité. Je crois profondément que cela enrichirait les cinéastes européens et occidentaux de voir de près ce que les cinéastes africains apportent. Ce qu’on appelle parfois naà¯veté, ce côté vrai, naturel, que nous avons dans nos créations et nos interprétations, dans notre vécu, est sans doute quelque chose d’indispensable à tous. «
Filmographie
Réalisateur
- 1991 Blanc d'ébène
- 1994 Le Ballon d'or
- 2002 Paris selon MoussaActeur
- 1970 La Folle de New York (David Newman)
- 1972 Chut ! (Jean-Pierre Mocky)
- 1972 Elle cause plus, elle flingue (Michel Audiard)
- 1973 Brève rencontre à Paris (Two People, Robert Wise)
- 1978 Bako, l'autre rive (Jacques Champreux)
- 1978 L'État sauvage (Francis Girod)
- 1978 Les 400 coups de Virginie (TV)
- 1979 Le Professionnel (Georges Lautner)
- 1984 Frankenstein 90 (Alain Jessua)
- 1984 Les Ripoux (Claude Zidi)
- 1986 Black mic-mac (Thomas Gilou)
- 1988 Y'a bon les blancs (Marco Ferreri)
- 1989 Les Maris, les femmes, les amants (Pascal Thomas)
- 1985 Cheb (Rachid Bouchared)
- 1986 Un indien dans la ville (Hervé Palud)
- 1987 Le Cri du cœur ( Idrissa Ouedraogo)
- 1998 Lumumba (Raoul Peck)
- 2000 Chez ma tante (TV) (Daniel Ravoux)
- 2006 Le grand appartement (Pascal Thomas)
- 2007 Africa Paradis (Sylvestre Amoussou)Scénariste
- 1978 Bako, l'autre rive (Jacques Champreux)
- 1986 Black Mic Mac (Thomas Gilou)
- 1988 Y'a bon les blancs (Marco Ferreri)
- 1994 Le Ballon d'or (Cheik Doukouré)
Mise à jour le 4 mai 2009