Biographie
Né en 1932 en ancienne Tchécoslovaquie à Caslav, Miloš Forman perd ses parents, déportés à Auschwitz. Il est alors élevé avec ses frères par le reste de sa famille. Miloš Forman étudie le cinéma la FAMU, l’école des Hautes études cinématographiques de Prague dans les années cinquante. Une fois diplômé, il écrit ses premiers scénarios avec Martin Fric, puis devient assistant réalisateur auprès d’Alfred Radok pour Grand père automobile.
À cette période, suite à la mort de Staline en 1953, on assiste à au fameux dégel amorcé par Krouchtchev en Union soviétique, qui a entre autre pour conséquence un assouplissement du régime communiste et donc une expression plus libre chez les artistes, dont les réalisateurs. C’est dans ce contexte que Forman se lance comme cinéaste, avec deux premiers courts-métrages, Concours, et S’il n’y avait que des guinguettes. Ces films révèlent déjà le goût du jeune cinéaste pour un cinéma réaliste mais également sa capacité à diriger des acteurs, ainsi qu’un premier thème de prédilection, à savoir la jeunesse face au monde adulte, et le besoin de liberté individuelle.
Depuis 1956, le dégel amorcé par Khrouchtchev en Union soviétique a conduit à un relatif assouplissement du régime communiste et permis aux réalisateurs de s’exprimer plus librement. Dans le sillage des résistants de toujours, Jon Kadar, Elmar Klos, Jiri Weiss ou Jiri Krejcik, une nouvelle génération de cinéastes prône la libération par la culture, espère une prise de conscience de la société.
En 1963, c’est ainsi toute une génération de cinéastes de vingt à trente ans qui fait une entrée retentissante dans la production. Non seulement Miloš Forman mais aussi Vera Chytilová et, Jaromil Jireš tournent leur premier long métrage : respectivement Quelque chose d’autre et Le premier cri. Ils seront bientôt suivis par Ivan Passer, Jirí Menzel, Jan Nemec et Stefan Uher. Au diapason des cinémas nationaux qui renaissent un peu partout dans le monde dans le sillage de la Nouvelle Vague et du free cinema, ces trublions marient la recherche esthétique à un regard critique sur la société. Participant au bouillonnement culturel de la jeunesse pragoise, leurs films remportent les suffrages d’un public fatigué des mensonges idéologiques et qui a l’impression de retrouver enfin une part de sa réalité vécue à l’écran.
Attiré par le genre de la comédie, Forman tourne son premier long métrage dans la mouvance de la Nouvelle Vague L’as de pique (1964), une satire sociale sur un jeune homme devenu vigile, représentatif d’une société dominée par le contrôle et la délation, qui a du mal à s’insérer dans la société. Forts du vent nouveau qui souffle sur l’industrie cinématographique d’Europe de l’est, la nouvelle génération de réalisateurs émergente se démarque du cinéma national en conjuguant esthétisme et critique sociale, trouvant par là-même un écho au sein de la jeunesse pragoise.
Miloš Formann poursuita ainsi avec Les amours d’une blonde (1965) une comédie douce-amère, mélange de tendresse et d’ironie qui remporte un énorme succès public en Tchécoslovaquie. Présenté dans de nombreux festivals (Cannes, New York, Venise), il connut également une belle carrière internationale et fut sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger. La nouvelle vague tchèque atteignait son apogée.
Flairant la bonne affaire, et riche à millions du triomphe au box-office de Docteur Jivago, le producteur italien Carlo Ponti proposa à Forman et à ses deux coscénaristes Ivan Passer et Jaroslav Papoušek de financer leur prochain film. Un premier scénario, Les Américains arrivent, puis un second racontant l’histoire d’un déserteur réfugié dans les sous-sols d’une salle de concert se succèdent quand, un soir de détente les trois hommes assistent au bal des pompiers du village. Ce sera la satire provocatrice Au feu les pompiers ! (1967) qui lui vaut les foudres de la censure dans son pays. Alors qu’il se trouve à Paris pour des négocier son premier contrat avec Hollywood, à la faveur du Printemps de Prague et de son vent de révolte, Miloš Forman quitte l’Europe pour les États-Unis.
Au feu les pompiers ! provoqua la colère des pontes du parti, qui se sentirent directement visés. Le climat social, à la veille du Printemps de Prague, ne permettait pas une interdiction du film aurait été politiquement risquée, mais on entreprit d’en saboter l’exploitation. Lorsque Ponti, qui avait détesté le film lui aussi, décida de retirer son apport financier Forman fut accusé de sabotage économique, délit passible de dix ans d’emprisonnement.
Invité au festival d’Annecy, il eut heureusement la chance d’y rencontrer Claude Berri et François Truffaut. Mis au courant de la situation, ces derniers réunirent les fonds nécessaires pour sauver la mise. Berri assura une distribution internationale au film qui fut, comme Les amours d’une blonde, sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger. Alors que les chars entrent dans Prague , les studios tchèques licencient Miloš Forman au motif d’une sortie illégale du territoire. Se trouvant alors à Paris, Forman s’envole pour les États-Unis fin 1967 à l’invitation de la Paramount.
Il réalise d’abord une comédie sociale, Taking Off (1971), sur la fugue d’une jeune fille à travers laquelle on assiste à une confrontation entre deux générations. Le film, co-écrit avec son ami, le scénariste Jean-Claude Carrière, est le seul jamais réalisé sur le mouvement hippie alors même qu’il se déroulait, et fût récompensé du Grand prix du jury au Festival de Cannes. En 1975, le cinéaste quitte la comédie et la classe moyenne américaine pour le drame et le milieu psychiatrique avec le brillant Vol au-dessus d’un nid de coucou. Porté par Jack Nicholson qui y trouve là un de ses plus grands rôles, le film rafle cinq Oscars dont ceux du Meilleur film, Meilleur acteur et Meilleur réalisateur. En 1979, il se voit confier l’adaptation d’un grand succès de la scène musicale à Broadway : Hair, film culte de toute une génération. En 1981, il remplace au pied levé Robert Altman sur le difficile tournage de Ragtime ; portrait d’une Amérique du début du XXe siècle en proie au racisme.
En 1985, il obtient à nouveau l’Oscar du Meilleur réalisateur pour Amadeus qui en remporte sept autres, un biopic du compositeur porté par Tom Hulce. Quatre ans plus tard, il réalise Valmont, adaptation des Liaisons dangereuses de Choderlos De Laclos. Mais le film souffre d’une comparaison avec Les Liaisons dangereuses, sorti la même année. Depuis Amadeus, il semble avoir pris goût aux biographies en réalisant Larry Flynt (1996) Ours d’or à Berlin et Man on the Moon (1999) Ours d’argent à Berlin, inspiré de la vie du comique américain Andy Kaufman. Avec Les fantômes de Goya, dans lequel Natalie Portman et Javier Bardem se donnent la réplique, il retrouve à nouveau l’univers onirique et les costumes du XVIIIe siècle.
Filmographie
Courts et moyens métrages
• 1963 : L'Audition
• 1963 : S'il n'y avait pas de guinguettes
• 1971 : I Miss Sonia Henie
• 1973 : Visions of Eight, partie : Le Décathlon
Longs métrages
• 1963 : L'As de pique
• 1965 : Les Amours d'une blonde
• 1967 : Au feu, les pompiers !
• 1971 : Taking Off
• 1975 : Vol au-dessus d'un nid de coucou
• 1979 : Hair
• 1981 : Ragtime
• 1984 : Amadeus
• 1989 : Valmont
• 1996 : Larry Flynt
• 1999 : Man on the Moon
• 2006 : Les Fantômes de Goya