Biographie
Abbas Kiarostami est né en Iran en 1940. Après des études aux Beaux Arts de Téhéran, il se tourne vers la réalisation par hasard, après s’être consacré à la publicité et aux dessins pour enfants. Il réalise son premier court métrage en 1970, intitulé Le Pain et la rue. Mais c’est avec Le Passager et Où est la maison de mon ami ? qu’il sera révélé en France à la fin des années 80. La critique voit en lui un héritier du néo-réalisme italien. Kiarostami travaille en étroite collaboration avec l’Institut pour le Développement Intellectuel des Enfants et des Adolescents, qui devient très vite un lieu d’innovation et de recherche pour beaucoup de réalisateurs iraniens. Avec Kiarostami, le cinéma semble retrouver ce qui lui avait fait le plus défaut depuis le début des années 80 : un humanisme et une intelligence du regard qui mêlent à la fois certains principes du documentaire avec un travail dramatique et scénaristique très poussé.
Kiarostami mêle avec bonheur le réel la fiction comme le prouvent son sidérant Close-Up et le magnifique Et la vie continue qui forme, avec Où est la maison de mon ami ?, une sorte de diptyque.
Pas de naturalisme ou de vérisme pour ce cinéaste. De ce point de vue Kiarostami n’est peut-être pas plus un cinéaste » réaliste » que d’autres comme Fellini ou Tati. Chacun à sa manière puise dans le quotidien la matière première pour donner une œuvre où le réel contient toujours une part de poésie : la voiture coincée dans le chemin vers Pochté dans Et la vie continue, le petit Ahmad courant après un homme à dos d’âne dans Où est la maison de mon ami ?.
Dans une période récente, le cinéma de Kiarostami prend une forme abstraite, plus interrogative qu’affirmative. Le dispositif de mise en scène l’intéresse plus que le propos immédiat, réaliste et lisible au premier degré. Dans Le Goà»t de la cerise et Le Vent nous emportera, les mobiles des personnages deviennent mystérieux, plus encore que l’obstination d’Ahmad à rapporter son cahier à son ami. Parfois, c’est même la situation qui l’est un temps ou jusqu’à la fin du film. Dans le premier, un homme circule en » 4×4 » dans la banlieue de Téhéran et propose de l’argent en échange d’un service. On comprendra plus tard qu’il cherche à être » suicidé « . On ne saura jamais pourquoi. La mort est aussi au cœur du second, où l’on ne saisir que tardivement et fugacement qu’il s’agit d’un reportage sur un rite funéraire. Dans les deux films, les trajets interminables et répétitifs deviennent des rituels semblables aux déplacements de Ahmad dans Où est la maison de mon ami ? La fermeture de l’univers (iranien ?) est justement le sujet des deux films comme de ce dernier. L’essentiel est dans ce que cet itinéraire permet de découvrir. Dans le dernier, le héros s’enquiert auprès d’un enfant : » Est-ce que je suis bon ou mauvais ? » L’enfant hésite, puis : » Tu n’es pas mauvais, tu es occupé. » Obligé d’attendre la mort d’une vielle qui n’en finit pas de survivre, il ouvre peu à peu les yeux sur ce qui l’entoure’85 Toute la leçon du cinéma, très proche de la démarche de Roberto Rossellini, de Kiarostami.
Filmographie
Longs métrages
Mise à jour le 17 avril 2010
Outils
Films
dans le catalogue Images de la culture
Abbas Kiarostami, vérités et songes de Jean-Pierre Limosin
Close up Long Shot (Sujet) de Mahmoud Chokrollahi,Moslem Mansouri
Cinéma, une histoire de plans (Le) de Alain Bergala
Kid (The) - Avec la participation d'Abbas Kiarostami de Alain Bergala
Ouvrages
- Philippe Raget (sous la dir) Abbas Kiarostami : le cinéma à l'épreuve du réel, édition Yellow now, 2008