Biographie
(1919-1989)
Il est né à Vincennes, en 1919, d’un père caissier aux Galeries Lafayette et d’une mère couturière. Pour répondre à l’incitation de ses parents, il tente le concours de l’àcole Normale d’Instituteurs. Mais ses inclinations vont davantage au sport et au cinéma, et il échoue. En revanche, en 1937, il est admis aux Chemins de fer, dans le service des facturations et statistiques du PLM à Bercy. Il y reste neuf mois.
Il suit les cours de comédie de Raymond Rouleau, puis ceux de René Simon. Il y fait la connaissance de Serge Reggiani qui deviendra l’un de ses meilleurs amis. Et c’est ensemble qu’ils se présentent au Conservatoire : Roger Pigaut en sort premier et Serge Reggiani, second ! C’était en 1939.
Durant l’Occupation, il passe en zone libre, vend des journaux à Toulouse, fait quelques émissions radiophoniques et participe à des tournées théâtrales : il joue » Le Cid « , » L’Arlésienne « , et crée » Les Hauts de Hurlevent » d’Emily Bront’eb, adapté et monté par Marcel Duhamel.
Il découvre le cinéma aux studios de la Victorine, à Nice, où il fait de la figuration dans Félicie Nanteuil de Marc Allégret. Mais c’est Marcel Achard qui le présente à Henri Fescourt sous la direction duquel il tourne son premier film, Retour de flamme (1942). Il y tient, aux côtés de Renée Saint-Cyr, le rôle principal : un jeune et séduisant ingénieur qui sacrifie tout à la réussite de son invention…
La même année, Claude Autant-Lara lui confie le rôle de Fabien Marani, régisseur dans une famille noble, à la fin du XIXe siècle, à Paris. La jeune fille de la maison, Douce, interprétée par Odette Joyeux, s’éprend de lui, mais découvre en la personne de son institutrice, Madeleine Robinson, une dangereuse rivale. Ces amours tragiques mettant à jour l’implacable affrontement des classes sociales lui donnent l’occasion de tenir l’un de ses meilleurs rôles.
Il encha’eene ensuite plusieurs films : Premier de cordée (Louis Daquin), Sortilèges (Christian-Jaque), Nuits d’alerte (Léon Mathot), L’Invité de la onzième heure (Maurice Cloche), La Rose de la mer (Jacques de Baroncelli). Au sortir de l’Occupation, c’est un acteur renommé dont la valeur commerciale est recherchée.
Alors qu’il assure une tournée théâtrale aux àtats-Unis avec Fernand Ledoux, il est rappelé d’urgence par Jacques Becker pour interpréter le personnage d’Antoine dans son prochain film : Antoine et Antoinette. Sa séduction et sa beauté ténébreuse convenaient parfaitement à ce personnage taraudé par un sentiment de culpabilité.
En 1947, il retrouve Madeleine Robinson pour former un couple tragique dans Les Frères Bouquinquant de Louis Daquin. Puis c’est à nouveau un rôle d’amant séduisant qu’il incarne aux côtés de Maria Casarès dans un milieu de paysans cupides (Bagarres, de Henri Calef, en 1948).
En 1951, il interprète deux » remakes » : dans La Maison dans la dune, il reprend le rôle qu’avait interprété Pierre Richard-Willm sous la direction de Pierre Billon en 1934, un contrebandier trahi puis sauvé par sa ma’eetresse ; dans L’Agonie des aigles, il appara’eet sous les traits du Colonel de Montander, fomentant sous la Restauration l’avènement de Napoléon I I, rôle qu’avait tenu Pierre Renoir dans la version de Roger Richebé en 1933. Notons qu’une adaptation muette du roman de G. d’Esparbès avait été réalisée par Bernard Deschamps, en 1921.
En 1952, il se bat pour une belle gitane (Tilda Thamar) dans un conflit qui oppose des éleveurs camarguais à des planteurs de riz (La Caraque blonde), puis complote contre l’Empereur Justinien qui s’est imprudemment amouraché d’une danseuse (Théodora, Impératrice de Byzance). Sacha Guitry lui confie en 1954 le rôle de Caulaincourt dans son Napoléon. Et il tourne à nouveau, en 1955, avec Georges Lacombe, un rôle d’amant aux côtés de Brigitte Bardot (La Lumière d’en face).
Malgré son expérience et sa carrière, il a conservé une certaine fragilité, une certaine timidité qui en ont fait un acteur attachant et authentique. Lorsqu’un critique lui faisait remarquer qu’il était excellent dans Douce, il lui répondit : » On dirait que je joue bien. En fait, je suis crispé parce que je ne sais pas jouer et j’ai eu de la chance. C’était un rôle crispé que je devais tenir ! »
C’est à 39 ans que cet acteur sympathique et très apprécié décide, sur les conseils de Jacques Becker, de mettre fin à sa carrière d’acteur pour passer derrière la caméra (il tournera cependant à nouveau un rôle, en 1978, dans Une Histoire simple de Claude Sautet).
Il réalisera quatre films entre 1958 et 1975 : Cerf-volant du bout du monde et trois » polars « . Il y fait preuve d’une parfaite ma’eetrise technique et surtout se révèle un remarquable directeur pour des acteurs qui comptaient parmi les plus célèbres de l’époque.
Particulièrement, Comptes à rebours (1970) rassemble sur un même plateau, outre son ami Serge Reggiani, Michel Bouquet, Jeanne Moreau, Simone Signoret, Charles Vanel, Jean Desailly et Marcel Bozzuffi. C’est l’histoire de François Nolari (Serge Reggiani), un malfrat trahi par ses complices qui, après dix ans de prison, cherche à se venger de ses anciens amis maintenant rangés. Poursuivi par un détective (Michel Bouquet), il retrouve son ancienne ma’eetresse (Jeanne Moreau) qui entre-temps a épousé un médecin (Jean Desailly). Celui-ci se révélera le véritable coupable. La qualité exceptionnelle des acteurs sauve un scénario par trop conventionnel.
Il retrouve une partie de cette distribution avec son film suivant. Reggiani, Bouquet, Bozzuffi et Bernard Fresson montent un vol de bijoux exposés dans un building de la Défense pour escroquer la compagnie d’assurance et récupérer chacun une somme… dérisoire ! Amusant et remarquablement joué, Trois Milliards sans ascenseur s’avère un film d’agréable divertissement. De même son dernier film, Le Guêpier, avec Claude Brasseur et Marthe Keller.
Mais c’est sans doute Cerf-volant du bout du monde qui restera l’œuvre majeure de cet acteur et cinéaste qui fit ensuite une honorable carrière de réalisateur à la télévision, jusqu’à sa mort en 1989.
Filmographie
1958 Le Cerf-volant du bout du monde
1970 Comptes à rebours
1972 Trois Milliards sans ascenseur
1975 Le Guêpier
Mise à jour le 19 mai 2009