Biographie
Né en 1943 à Valence d’Agen, André Téchiné aborde le cinéma par la critique (il écrit dans les Cahiers du cinéma de 1964 à 1967) avant de réaliser un premier film au climat poétique original, Paulina s’en va (1969), où passent les ombres de Cocteau et de Godard.
Souvenirs d’en France (1975) apporte la reconnaissance au jeune réalisateur et affirme son intérêt pour les aspects les plus formels de la mise en scène : sous l’influence du théâtre de Brecht, qu’il admire, André Téchiné révèle un style à la fois distancé et flamboyant qui s’oppose au naturalisme dominant alors le cinéma français. Barocco (1976) et Les Soeurs Bronté (1979) approfondissent la recherche esthétique du cinéaste, tout en libérant son goà»t pour le lyrisme romanesque et les mosaà¯ques de personnages. Le travail sur la forme est dès lors inséparable d’une peinture subtile des sentiments, et la beauté savamment élaborée de la mise en scène affronte la nudité des âmes et des cœurs.
André Téchiné, qui fait de chacun de ses films une déclaration d’amour au cinéma (à la magie des artifices capables d’exprimer la vérité), découvre rapidement l’amour des acteurs, et particulièrement des actrices. Avec Catherine Deneuve (qu’il dirige dans Hôtel des Amériques, Le Lieu du crime, Ma saison préférée et Les Voleurs), Juliette Binoche (Rendez-vous, Alice et Martin) ou Sandrine Bonnaire (Les Innocents), s’ouvre la voie d’un cinéma moins soucieux de sa perfection formelle que de l’échange dont il donne le cadre : l’énergie de la mise en scène passe dans les personnages, et celle des personnages dans la mise en scène. Ce lien est particulièrement crucial dans les romans d’apprentissage qu’évoquent la plupart des films de Téchiné : déracinés, en quête d’eux-mêmes plus que de réussite ou de reconnaissance (les jeunes provinciaux héros de J’embrasse pas ou Alice et Martin), les personnages de Téchiné font, à tout âge, l’expérience d’une remise en question douloureuse et vitale. Des séismes intérieurs auxquels le cinéaste donne une ampleur qui lie l’intime et le monde, englobe la nature et les destinées humaines.
L’univers d’André Téchiné a aujourd’hui une dimension impressionnante, sans équivalent dans le cinéma français.
Filmographie
- 1969 Paulina s'en va
- 1975 Souvenirs d'en France
- 1976 Barocco
- 1979 Les Soeurs Bronté
- 1981 Hôtel des Amériques
- 1983 La Matiouette
- 1984 L'Atelier
- 1985 Rendez-vous
- 1986 Le Lieu du crime
- 1987 Les Innocents
- 1991 J'embrasse pas
- 1993 Ma saison préférée
- 1994 Les Roseaux sauvages
- 1996 Les Voleurs
- 1998 Alice et Martin
- 2001 Loin
- 2002 Les Egarés
- 2004 Les temps qui changent
- 2007 Les témoins
- 2009 La fille du RER
- 2011 Impardonnables
- 2012 L'Homme qu'on aimait trop
Mise à jour le 27 octobre 2014
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dans le catalogue Images de la culture
André Téchiné, après la Nouvelle Vague de Laurent Perrin