Alice Comedies

Alice Comedies

États-Unis (1924-1926)

Genre : Autre

Écriture cinématographique : Programme de courts-métrages

Archives EEC, École et cinéma 2021-2022, Maternelle au cinéma 2023-2024

Synopsis

Les Alice Comedies sont une série de courts métrages d’animation produits par Walt Disney au tout début de sa carrière à Hollywood, de 1923 à 1927. Dans cette série de films muets et en noir et blanc, une jeune fille prénommée Alice se retrouve régulièrement dans Cartoonland, un monde de dessins animés, avec entre autres personnages un chat nommé Julius. Elle comprend un pilote Alice’s Wonderland réalisé en 1923 à Kansas City puis 56 autres courts métrages muets en noir et blanc réalisés entre 1924 et 1927 à Hollywood.

La série est la première réalisée par Disney à Hollywood et marque le début du studio d’animation Disney, devenu la société The Walt Disney Company. La célèbre série Mickey Mouse, lancée en 1928, n’est donc que la troisième de Disney, précédée par Alice Comedies et Oswald le lapin chanceux.

Les premiers films de Walt Disney (1901-1966) datent des années 1920. Ce sont des mélanges de diverses techniques d’animation, des bijoux d’inventivité, de drôlerie et de poésie. Les films sont menés tambour battant par Alice, une héroïne en chair et en os aux accents féministes qu’interprète avec brio Virginia Davis, première star de Walt Disney. Sonorisés par l’Orchestre de Chambre d’Hôte (8 instruments), les quatre burlesques N&B ont été sélectionnés et restaurés par Malavida et la Cinémathèque des Pays-bas (EYE), qui a retrouvé les copies d’origine. Une redécouverte exceptionnelle !

Distribution

Le personnage d’Alice a été interprété par quatre jeunes actrices :
Virginia Davis
Margie Gay
Dawn Evelyn Paris (connue aussi sous les noms de Dawn O’Day et Anne Shirley)
Lois Hardwick

Générique

Réalisation : Walt Disney
Durée : 42 min.

Autour du film

La série comporte trois personnages principaux et récurrents Alice, le chat Julius et l’ours Black Pete. Julius, Pete et d’autres moins récurrents sont tous en animation. Il y aura aussi quelques autres acteurs réels au côté d’Alice. Ce principe d’une série d’histoires mettant en scène une jeune fille n’est pas une première. On peut noter la série de 20 courts métrages muets The Perils of Pauline réalisés par Louis Gasnier et Donald A. MacKenzie en 1914, avec Pearl White.

Julius possède une forte ressemblance avec Félix le Chat et celle-ci n’est pas accidentelle. Charles B. Mintz qui distribuait aussi la série de Félix de Pat Sullivan insista auprès de Disney dans ce sens afin d’émuler le succès de Félix.

L’ours Black Pete, prémices de Peg-Leg Pete qui deviendra Pat Hibulaire, fait sa première apparition dans Alice Solves the Puzzle sorti le 15 février 1925 et devient un méchant récurrent de la série avant de continuer avec Oswald le lapin chanceux puis Mickey Mouse. S’il est un ours dans Alice et Oswald, son museau se raccourcit et il devient un chat avec Mickey.

Le personnage de Clarabelle Cow aurait fait sa première apparition dans Alice on the Farm en 1926 mais la vache de ce film est blanche et ne ressemble à Clarabelle que par son état bovin.

Pistes de travail

Une série thématisée

Les six premiers films produits en 1924 de la série Alice Comedies possèdent une importante introduction en prises de vue réelles avant de poursuivre dans Cartoonland, le monde du dessin animé. Dans ces films, un autre personnage réel apparaît joué par Spec O’Donnell.

Le principal thème de la série est l’enlèvement ou la course-poursuite. Bien qu’Alice soit une jeune fille, elle passe la plupart de son temps à éviter le danger, être enlevée par des méchants (dont Pete) ou frôler des périls tels qu’être découpée comme un tronc dans une scierie. Mais toutes les menaces sont des éléments dessinés. Les spectateurs peuvent être perturbés par le jeune âge de l’actrice et le fait qu’elle soit une personne réelle. De plus des actions devenues illégales sont montrées dans certains épisodes tels que la contrebande d’alcool.

Michael Barrier précise que les scènes en prise de vue réelles avec « Alice » étaient tournées avant l’animation et donc à une étape de la production où le scénario n’était pas encore très développé. Pour cette raison, les prestations des différentes comédiennes se sont résumées de plus en plus à des actions « génériques » et donc de moins en moins importantes, laissant le rôle principal aux personnages animés, en premier lieu Julius.

Une série de son temps

La série est souvent considérée comme « mignonne et drôle » en son temps, mais elle contient des scènes qui peuvent être très surprenantes ou dures de nos jours à l’image des premiers Mickey Mouse, parus quelques années plus tard. Ainsi dans Alice’s Orphan (1926), Julius n’hésite pas à laisser retomber dans un étang gelé, une chatte qu’il vient juste de sauver parce qu’il ne la trouve pas physiquement à son goût.

La série est la première de Disney à utiliser un élément assez courant à l’époque, l’anthropomorphisme des personnages non humains.

Un des éléments de la série, qui disparaît dans les productions plus tardives de Disney (Oswald excepté), est une forme de « rébellion contre l’autorité ». Alice se voit ainsi obliger de mettre un bonnet d’âne dans Alice Gets in Dutch (1924) car elle a séché l’école, et dans Alice the Jail Bird (1925) elle et Julius sont mis en prison pour un vol de tarte. Les choses ne s’arrangent guère dans la suite de ces courts métrages car dans le premier Alice rêve de faire la guerre à sa maitresse tandis que dans le second, les deux compères provoquent une émeute dans la prison et en profitent pour s’évader. Un autre élément de ce type est la forte propension des personnages à recevoir des coups de pieds ou de tomber sur les fesses, sur un cactus par exemple Sean Griffin précise que plusieurs films utilisent des scènes d’humour « sous la ceinture » dont Alice’s Tin Pony, Alice Rattled by Rats, Alice in the Jungle (tous de 1925) dans lesquels des personnages perdent leurs pantalons. Un autre trait d’humour récurrent est lié aux nombreuses vaches qui arrosent de lait leur entourage après que leurs pis aient été pressées, volontairement ou non68. Un autre point est l’usage de stéréotypes de l’époque qu’Alex Wainer met en exergue en pointant les stéréotypes raciaux dans Alice Cans the Cannibals (1933).

Pour Griffin, la ressemblance au niveau graphique et humoristique avec les productions de Fleischer (Koko le clown et Betty Boop) et de Messmer (Félix le chat) a provoqué l’irritation de Winkler, ce que confirme les mémos envoyés à Disney, bien que cela concerne plus la série avec Oswald que celle d’Alice.

Cette série, ayant duré trois ans et demi, a permis de transformer Walt Disney de « débutant ambitieux à un producteur expérimenté ». Mais malgré son nom comportant Alice, la série est essentiellement centrée sur le personnage du chat Julius. Ce dernier porte l’action, les apparitions d’Alice se font rares comme dans Alice Foils the Pirates où elle passe la majorité du temps du film emprisonnée par les pirates, et c’est donc Julius qui déjoue les pirates.

Une série innovante

En parallèle, le nombre et l’expérience des animateurs augmentent et permettent à la série de gagner en qualité. À l’opposé des séries comme Félix le Chat et Out of the Inkwell, la série comprend assez peu de « transformations facétieuses » mais possède quelques innovations dont des rassemblements des éléments du corps après dispersion.

Disney avait trouvé une méthode à faible coût pour résoudre un problème de double-exposition provoquant une surluminosité, voir la disparition d’Alice, en noircissant la zone des cellulos où le personnage devait apparaître, puis en projetant un négatif de pellicule de prise de vue réelle avec l’animation sur le film final.