Ami retrouvé (L’)

États-Unis (1988)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Collège au cinéma 2010-2011

Synopsis

New York, 1988. Un vieil homme part pour l’Allemagne, prétextant un voyage d’affaires. Il est en réalité sur les traces de son passé. Un passé lointain et torturant puisqu’en 1932, ce fils d’un médecin juif assiste à la montée du nazisme. Il a alors seize ans et lie une profonde amitié avec un jeune aristocrate fortuné, dont les parents sont nazis. Il va chercher à savoir ce qu’est devenu son ami d’enfance.

Distribution

Henry Strauss / Jason Robards
Hans / Christian Anholt
Konrad / Sam West
Lisa / Maureen Kewin
Comtesse von Lohenburg / Françoise Fabian
Mme Strauss, mère de Hans / Barbara Jefford
M. Strauss, père de Hans / Bert Parnaby
Herr von Lohenburg, père de Konrad / Jacques Brunet
La jeune comtesse Gertrud / Shebah Ronay

Générique

Titre original : Reunion
Réalisation : Jerry Schatzberg
Scénario : Harold Pinter, d’après le roman de Fred Uhlman
Image : Bruno de Keyser
Son : Karl Laabs
Musique : Philippe Sarde
Montage : Martine Barraqué
Décor : Alexandre Trauner
Production : Les Films Ariane, FR3 Films production (Paris), N.E.F Filmproduktion und Certriebs (Munich), C.L.G Films (Twickenham) en association avec TAC Ltd and Arbo-film Maran GmbH
Film : Couleur
Durée : 110 mn
Sortie à Paris  : 17 mai 1989

Autour du film

L’Ami retrouvé est l’adaptation du livre éponyme de Fred Uhlman, paru en 1971. Jerry Schatzberg et Harold Pinter ont souhaité transposer l’œuvre dans une forme réellement cinématographique, mettant delibérement de côté les allusions à la littérature.

Quand on demande à Jerry Schatzberg ce qui l’a poussé à tourné L’Ami retrouvé en Europe plutôt qu’aux Etats-Unis, dont il est originaire, il répond : « … C’est un film qui parle de relations humaines. J’ai été très touché par le livre de Fred Uhlman. Quand vous devez traiter un sujet aussi universel que celui-là, il importe peu de savoir où. L’impact reste le même… » (Jerry Schatzberg, propos recueillis par Yves Alion, Revue du Cinéma, 1989 ).

Le film s’articule autour d’un flash-back, les séquences au passé encadrant le récit de voyage en Allemagne. Ainsi, les deux anciens amis entreprennent d’inventer le présent, ce qui permet à la fin du film de boucler la boucle, d’aller jusqu’à la « réunion », titre original de l’œuvre. Tout au long du film sont présentes de discrètes relations du présent et du passé. On peut suivre par exemple le thème de la moustache : Henry, en arrivant en Allemagne, rafraîchit aux ciseaux la coupe de ses moustaches ; un peu plus tard, il retrouve dans un tiroir des ciseaux semblables, et la boucle se ferme dans le flash-back lorsqu’on voit son père utiliser ses ciseaux là pour sa propre toilette. A cette évocation indirecte de l’émotion, s’ajoutent quelques perspectives : la moustache paternelle aussi bien que le casque à pointe font de ce juif un parfait Allemand ; le professeur de gymnastique, raide et tyrannique, mais sympathique et juste , porte une petite brosse à la Hitler.

Jerry Schatzberg a décidé de ne pas montrer l’Allemagne actuelle, le principal de l’action se déroulant sous le nazisme. Gilbert Salachas, dans un Télérama de 1990 explique que « les années 30 sont traitées dans le style rétro de la souriante mélancolie et cette douceur trompeuse crée un climat de déséquilibre et d’ambiguïté qui colle au propos (…) Un beau film, en vérité, qui allie le sens de l’évocation historique à l’influence de l’Histoire sur les destinées individuelles. »

Dans la première partie du film, on trouve des scènes en noir et blanc, des flash-bach, des images d’archives ainsi que des extraits de films. Le réalisateur explique que ces « séquences sont comme des énigmes dont on ne trouve la clef que progressivement ». Les images de L’Ange bleu correspondent aux souvenirs qui s’attachent à l’amitié d’Henry pour Hans. On reconnaît une séquence du film de Josef von Sternberg au moment où les deux amis vont au cinéma ; or on avait aperçu plus tôt un passage si bref qu’il n’était guère identifiable ; on comprend alors que cette image de tendresse mensongère suggérait l’amitié trahie.

Alain Masson / Positif 339, mai 1989