Synopsis
Johnny vient de terminer ses études et s’apprête, avec sa petite amie, à quitter la réserve indienne de Pine Ridge pour chercher du travail à Los Angeles. La disparition soudaine de son père vient bousculer ses projets. Il éprouve également des remords à laisser Jashaun sa petite sœur de 13 ans dont il est très proche. Johnny partira-t-il ?
Distribution
John Reddy : Johnny Winters
Jashaun St. John : Jashaun
Travis Lone Hill : Travis
Taysha Fuller : Aurelia
Irene Bedard : Lisa
Allen Reddy : Bill
Générique
Titre : Les Chansons que mes frères m’ont apprises
Titre original : Songs My Brothers Taught Me
Réalisation : Chloé Zhao
Scénario : Chloé Zhao
Photographie : Joshua James Richards
Musique : Peter Golub
Autour du film
La petite vingtaine, Johnny, jeune autochtone de la tribu des Lakotas, veut quitter sa terre natale avec sa petite amie, partir à Los Angeles, trouver du travail et s’en sortir. D’un point de vue citadin et occidental, ce genre d’attitude peut apparaître comme tout à fait logique et naturel. Mais quelle décision prendre lorsque le patriarche de la famille rend son dernier souffle ? Faut-il partir ou rester pour soutenir ses autres parents ? Si le film n’apporte pas de réponse claire et tranchée, il illustre très concrètement la désormais célèbre formule « L’existence précède l’essence » écrite et développée par Sartre dans son ouvrage L’Existentialisme est un humanisme.
Aucune définition – philosophique ou cinématographique – ne saurait être suffisamment large et précise pour définir l’Homme, et ce n’est pas le film de Chloé Zhao qui nous dira le contraire. En effet, tout au long du récit, Johnny fait l’expérience de son libre-arbitre, sans n’en trouver aucune limite. Partir ou rester, le challenge reste entier. Ainsi déchiré entre ces deux partis, le jeune homme entre violemment dans le monde réel : celui des adultes.
Au milieu des squats et des petits trafics en tout genre, auxquels son frère s’adonne à contrecœur pour se faire un peu d’argent, Jashaun, la petite sœur de Johnny, doit elle aussi faire connaissance avec la réalité et la dureté de l’existence. La mort soudaine de son père et le départ incertain de son grand frère la plongent brusquement dans un bain glacé de désillusion. Mais elle y fait face, avec force et pudeur ; et l’histoire prend alors une tournure plus féministe, mais aussi plus violente, car finalement, Johnny et Jashaun se posent en fait les mêmes questions, malgré leur différence d’âge : quelles décisions prendre ? Que faire de nos vies ? Interrogations que nous avons tous, mais dont les réponses ne sont jamais très évidentes.
On l’aura donc compris, Les chansons que mes frères m’ont apprises n’est pas un film facile. Si la photographie soignée de Joshua James Richards sublime les magnifiques plans larges des paysages désertiques d’une Amérique marginale, l’intrigue, dans son ensemble, pourra paraître un peu molle et soporifique à un public non averti. — Arthur Champilou
Pistes de travail
Analyse de séquence
Comment quitte-t-on le seul endroit qu’on a jamais connu ? Telle est la question posée par la réalisatrice chinoise Chloé Zao à travers son premier long métrage. Plaçant sa caméra dans une réserve indienne dans les plaines du Dakota du Sud, elle filme une chronique familiale brutale et tendre pour mieux cerner cette communauté minée par l’alcool et la drogue. Cette vidéo s’intéresse aux procédés cinématographiques utilisés pour filmer la rupture entre le frère, amené à prendre le large pour la Californie, et sa petite sœur, destinée à rester.