Synopsis
Pierre Gauthîer et son épouse Thérèse tiennent un petit garage dans un bourg de la Touraine, où ils vivent avec leur fille Jacqueline, leur fils Claude et la mère de Thérèse, Mme Brissard. A la suite de la fondation d’un Aéro-Club dans le pays par le docteur Maulette, Pierre, qui fut mécano de Guynemer pendant la grande guerre, est repris par son ancienne passion, qu’il communique à sa femme. Ils achètent un petit avion et, sur ce modeste « zinc », Thérèse s’envole un jour de Marseille pour battre le record féminin de distance en ligne droite. Sans nouvelles d’elle, on la croit d’abord perdue, puis on apprend sa victoire. Elle sera reçue triomphalement à son retour par la population du petit bourg et tombera dans les bras de Pierre qui, en tant que président de l’Aéro-Club, doit lui adresser le discours officiel.
Distribution
Madeleine Renaud : Thérèse Gauthier
Charles Vanel : Pierre Gauthier
Anne Vandène : Lucienne Ivry
Jean Debucourt : Larcher, le professeur de piano
Raymonde Vernay : Madame Brissard, la belle-mère acariâtre
Anne-Marie Labaye : Jacqueline Gauthier, la fille de Pierre et Thérèse
Albert Rémy : Marcel, le barman
Léonce Corne : le docteur Maulette et le président
Robert Le Fort : Robert
Jacques Beauvais : le maître d’hôtel
Fernand Blot : le vice-président
Marius David : un invité à la présentation
Paul Demange : Petit
Michel François : Claude
Générique
Réalisation: Jean Grémillon
Adaptation : Charles Spaak
Producteur : Raoul Ploquin
Directeurs de la photo : Roger Arrignon, Louis Page
Montage : Louisette Hautecœur
Auteur de la musique : Roland Manuel
Photographe de plateau : Raymond Voinquel
Dialoguiste : Charles Spaak
Scénariste : Albert Valentin
Ingénieur du son : Jean Putel
Décorateur : Max Douy
Costumes : Louis Page
Autour du film
Point de vue
Inspiré d’un fait réel, le record du vol en ligne droite établi en 1937 par la femme d’un garagiste de Mont de Marsan, ce film dépeint les exploits sportifs d’une jeune femme passionnée d’aviation.
C’est surtout un film profondément anti-vichyste. Grémillon exalte le féminisme au moment où le pouvoir en place estime que la seule vraie place de la femme se trouve au foyer. C’est ce que diront les membres du conseil municipal qui, Maulette une fois mort, retireront sa subvention au couple. Grémillon croit bien au contraire à l’héroïsme du français de base et lance ainsi un message d’espoir vers la province, appelant à ne pas se résigner à la collaboration mais à rechercher toujours la liberté.
Sorti en février 44, mois où se tourne Les enfants du paradis, ce sera le dernier succès public de Grémillon qui ne fera plus que trois films. L’amour entre Pierre et Thérèse est rendu avec d’autant plus de force qu’il s’oppose au conservatisme moutonnier du village. Le plan d’ouverture du film, un troupeau de moutons avec, en parallèle, des enfants sous la conduite d’un curé ne dit sans doute pas autre chose. On retrouvera, à la fin du film, lorsque tout semble perdu et que Pierre rentre seul avec les enfants, ce même plan des orphelins défilant. C’est, cette fois-ci, le destin qui les attend peut-être ; ce même défilé ayant été vu lorsque les enfants commentent, seuls, le départ de leurs parents pour l’envol de leur mère. Enfin le film se clôture sur ce défilé, comme une menace qui s’éloigne, alors que triomphent Pierre et Thérèse.
La menace villageoise, d’abord matérialisée par les coups de téléphone hargneux et dénonciateurs manque de virer au lynchage avant que Pierre ne se rende compte qu’on vient lui annoncer le triomphe de sa femme. A cette meute qui hurle, Pierre oppose la sincérité de son amour : « J’ai pas d’idée moi, j’ai rien à dire, j’ai seulement de la peine. » Comme précédemment, avant de laisser partir Thérèse, il lui avait demandé : « La plus grande preuve d’amour, c’est de te dire oui ou de te dire non ? »
Jean-Luc Lacuve
Pistes de travail
Le film, a été tourné de juin à octobre 1943. L’aérodrome du Bourget servit pour quelques plans du film avant les bombardements du 16 août 1943. Les autres scènes « aéronautiques » furent prises ensuite sur l’aérodrome de Bron (Lyon) .
Bande sonore
Grémillon (lui-même musicien et compositeur) était connu pour son attention à l’ambiance sonore de ses films. Dans ce film qui vante à sa façon l’émancipation des femmes, il utilise un chœur de petites filles chantant la vieille complainte populaire « Sur le pont du Nord » (qui met en scène le triste destin d’Adèle, une jeune fille qui désobéit à ses parents) 1 dans une cour de récréation voisine, alors que Pierre est vilipendé par tout le village, son acariâtre belle-mêre en tête, pour avoir laissé Thérèse se lancer, sans radio, dans un dangereux record de longue distance.
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