Quand passe le train

France (2012)

Genre : Autre

Écriture cinématographique : Court-métrage, Documentaire

Collège au cinéma 2017-2018

Synopsis

Chaque jour, des centaines d’hommes et de femmes traversent le Mexique, entassés sur le toit de trains de marchandises. Portés par le rêve d’une vie meilleure, ces voyageurs de mauvaise fortune ont l’espoir de passer la frontière des États-Unis. Norma, Bernarda et une dizaine d’autres femmes du village La Patrona, traversé par l’une des voies de chemin de fer sur lesquelles circulent ces trains, se sont données pour mission d’aider les migrants. « Quand passe le train » est une œuvre généreuse qui aborde ici, d’une manière extrêmement sensible, un sujet cher au réalisateur : la migration. Sans être dans la compassion, Jérémie Reichenbach nous plonge dans l’intimité de ces femmes qui ont sans doute vu partir leurs maris, leurs fils dans ces trains d’exil.

Générique

Auteur(s)-réalisateur(s) : Jérémie Reichenbach
Image : Jérémie Reichenbach
Son : Jérémie Reichenbach
Montage : Baptiste Petit-Gats
Production / diffusion : Quilombo films
Durée : 30 min.

Autour du film

« Quand passe le train » est l’un des cinq courts français présentés en compétition internationale au Cinéma du Réel. Pourtant, l’histoire de ce documentaire nous emmène loin, bien loin de la France, au cœur du Mexique dans l’État de Veracruz.

Si Jérémie Reichenbach avait jusque là plutôt exploré des sujets d’Afrique, il donne ici à voir le quotidien d’un groupe de femmes latino-américaines rythmé par le passage de trains de migrants qui cherchent à gagner les États-Unis.

On pourrait dire de ce documentaire que tout est dans le titre tant le train est un élément déterminant dans la vie du groupe de femme filmées par Jérémie Reichenbach. C’est dans cette relation presque intime, en tous cas inconditionnelle, entre les femmes et la machine que le réalisateur semble puiser l’énergie de son œuvre. Tout le film se construit autour du passage des trains en bordure du village de Patrona. Un des uniques moments de réconfort dans cet éprouvant voyage se situe là, à Patrona, dans un mouvement de vie des femmes qui, regroupées au bord des rails les bras chargés de victuailles, crient « à manger » et jettent dans les bras des migrants des paquets de nourriture.

Un des partis pris de réalisation les plus significatifs du film réside sans doute dans la façon d’opposer radicalement les moments de la vie quotidienne « classique » et ceux où les trains passent. Le réalisateur, dans son montage, suit pendant plusieurs jours les femmes du village. Les temps de préparation presque ritualisés des denrées défilent à l’image (le marché, la cuisson, la répartition, l’emballage, le chargement…). Les mouvements sont précis, adéquats, silencieux… Ces temps sont tels de longs instants de calme avant la tempête ferroviaire, rapide, bruyante et puissante. Les hommes jaillissent alors de partout (des wagons, du toit du train, …) pour tenter d’attraper des victuailles tendues à bout de bras par les femmes au bord des rails. Ça crie, ça grouille de vie, et puis… Stop. Le train est passé. La vie reprend son cours, jusqu’au prochain sifflement du train.

« Quand passe le train » est un film généreux. Jérémie Reichenbach aborde ici d’une manière extrêmement sensible un sujet qui lui est cher : la migration. Le film nous entraîne au plus proche de ces femmes courageuses qui donnent à des inconnus de quoi survivre dans un geste d’amour gratuit. Sans être dans la compassion, Jérémie Reichenbach nous plonge dans l’intimité de ces femmes qui ont sans doute vu partir leurs maris, leurs fils dans ces trains d’exil.

Fanny Barrot, 29 mars 2013, pour Format Court
www.formatcourt.com

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