Synopsis
Isolé au milieu de la mer, le cyclope s’invente des compagnies en fabriquant des créatures de bois qu’il anime grâce à d’astucieux mécanismes. Un jour, il découvre un petit poisson rouge échoué sur le rivage. Il le ramène chez lui et, croyant s’en faire un ami, l’installe dans un aquarium. Mais le poisson, effrayé par cet être à l’œil unique, tente de s’échapper sans succès. Dès lors, le cyclope va tenter de lui rendre familier son nouvel environnement en lui faisant cadeau d’un phare miniature et en confectionnant de faux poissons qui lui permettront de ne plus se sentir seul. Mais ne se transforme-t-il pas petit à petit aux yeux du poisson en un possessif geôlier ? Un soir, une violente tempête qui détruira partiellement le phare permettra pourtant au cyclope de sauver le poisson une deuxième fois…
Générique
Programme : Courts métrages Ecole cycle III
Programme : Courts métrages Ecole cycle II
Réalisation : Philippe Jullien
Scénario : Philippe Jullien et Jean-Pierre Lemouland
Image : Pierre Bouchon
Son : Thierry Gault
Montage : Anne Rennesson
Musique : Yann Tiersen
Décors : Jean-Marc Ogier
Production : JPL Films & Arte
Film : 35 mm, couleur
Durée : 13 mn
Autour du film
Le cyclope de la mer est avant tout un film sur la solitude, l’histoire d’un être imaginaire indéfectiblement lié à un phare dont il est un prolongement (son œil qui sert de balise) et qui s’invente des compagnons imaginaires pour tromper son isolement. A cet égard, le film de Philippe Jullien offre un beau portrait de l’animateur dès lors que l’on accepte l’idée que le personnage du cyclope, sculptant, façonnant des personnages de bois, pourrait très bien être un double de l’animateur, celui-là même qui, dans son atelier, fabrique puis anime avec la plus grande minutie des marionnettes. Aussi, quand il constate que le poisson est malheureux, le cyclope ne décide pas de le rendre à la mer, mais choisit de lui offrir un univers de substitution, de recréer en miniature un environnement dans lequel son compagnon se sentira à sa place : à l’instar du réalisateur, le cyclope offre au poisson un océan de carton, un ersatz, auquel celui-ci ne se laissera pas prendre.
Est-ce alors la prétention du cyclope à recréer l’océan en miniature qui provoque la tempête ? A l’eau plate et paisible de l’aquarium succède en effet le déferlement de flots qui, détruisant en partie le phare et laissant finalement le cyclope aveuglé, laisse entrevoir l’idée d’une sorte de châtiment divin (le nom de Poséidon, dieu de la mer dans la mythologie grecque, venant ici assez vite à l’esprit). Comme si – hypothèse – par la force des éléments, le poisson se vengeait d’un trop long enfermement et réaffirmait cette indépendance dont le maladroit cyclope a voulu le priver.
Stéphane Kahn
Pistes de travail
– En partant de détails, d’infimes variations autour de l’anatomie humaine, dessiner, inventer d’autres personnages merveilleux en classe.
– A l’aide de matériaux récupérés (bouchons de liège, papiers découpés, cartons ou petits morceaux de bois), confectionner des personnages rudimentaires de quelques centimètres comme le ferait le cyclope.
– Le corps de l’animateur est énormément sollicité dans la préparation des mouvements des marionnettes. Le mime n’est pas si éloigné du travail de l’animateur. Réfléchir à la décomposition des mouvements du corps pour tenter de comprendre le travail de l’animateur qui filme une marionnette image par image.