Garçon qui a vu l’iceberg (Le)

Canada (2000)

Genre : Aventure

Écriture cinématographique : Court-métrage

École et cinéma 2004-2005

Synopsis

Un jeune garçon s’éveille dans sa chambre. Plutôt que d’affronter la réalité du réveil et du départ à l’école, il s’imagine en victime de geôliers inquiétants.
Le lendemain, alors que lui et ses parents embarquent à bord d’un paquebot de luxe, le garçon, laissant libre cours à son imagination, préfère se projeter en aventurier du bout du monde, affrontant des fauves en Afrique, errant dans le désert et naviguant, enfin, sur un frêle esquif au beau milieu de l’Océan.
Tandis qu’un soir de bal, soudain conscient de la réalité, il veut avertir ses parents d’un danger imminent, personne n’écoute plus ce garçon trop rêveur. Le paquebot heurte alors bel et bien un iceberg et commence à sombrer inexorablement…

Générique

Programme : Courts métrages Ecole cycle III

Réalisation, scénario et animation : Paul Driessen
Son : Normand Roger, Jean-Baptiste Roger
Production : Office National du Film du Canada
Film : 5 mm, couleur
Durée : 9 mn

Autour du film

Regarder Le garçon qui a vu l’iceberg constitue une expérience de cinéma des plus singulières. Le film sollicite en effet l’attention du spectateur d’une manière inhabituelle en l’impliquant véritablement quand bien des films ne misent que sur sa passivité docile. En divisant son écran en deux parties bien distinctes, Driessen pose son court métrage en objet formel particulier et interdit d’emblée au spectateur de suivre tranquillement une action linéaire. Le sens provient ici non pas de la succession des plans mais de la collision de deux images, de leur mise en rapport perpétuelle. Driessen invite l’œil à voyager sur la toile de l’écran. Et d’un plan à l’autre, le sens se construit moins dans les images que dans les collures et, plus précisément, dans la faculté du spectateur à relier les actions entre elles. Le split screen est ici utilisé pour présenter parallèlement deux niveaux de narration hétérogène : le réel et l’imaginaire. Ces deux niveaux de narration coïncident peu dans le cours du film et si cette séparation est clairement établie dès le départ, la toute fin opérera symboliquement leur jonction dans une issue tragique explicitant le titre donné à ce film. Si l’écran reste alors partagé en deux, il s’agira de dire la même chose – la mort de l’enfant – de deux manières différentes. Dès lors, les deux côtés de l’écran peuvent montrer la même image, celle de quelques remous rappelant qu’un bateau vient d’être englouti dans les profondeurs de l’océan.
Stéphane Kahn

Pistes de travail

– Visionner le film deux fois : une fois en ne regardant que l’écran de gauche, une autre fois en regardant celui de droite. Chacun des « deux films », pris individuellement, est-il compréhensible ? Racontent-ils la même histoire ? L’un est-il dramatiquement plus chargé que l’autre ? Réfléchir ensuite sur ce qu’apporte comme informations la mise en relation des deux images…

– Etudier d’autres exemples d’utilisation du « split screen » dans des films comme Carrie de Brian de Palma, Requiem for a Dream de Darren Aronofsky ou dans une série télévisée comme 24 heures chrono.

– D’autres films ont-ils abordé le sujet du naufrage ? Celui du Titanic plus spécifiquement ?