Dead Man

États-Unis (1995)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Archives LAAC, Lycéens et apprentis au cinéma 2006-2007

Synopsis

Originaire de Cleveland, William Blake postule pour une place de comptable à Machine Town. Dans le train qui le mène à la scierie Dickinson, un inconnu le met en garde. Ce n’est pas la fortune qu’il l’attend là-bas, mais la Mort en personne. Le premier soir, Blake est blessé par balle, c’est le début d’une longue errance, guidée par Nobody l’Indien philosophe.

Générique

Titre original : Dead Man
Réalisation : Jim Jarmusch
Scénario : Jim Jarmusch
Image : Robby Müller
Montage : Jay Rabinowitz
Décor : Bob Ziembicki
Musique : Neil Young
Production : 12 Gauge / Pandora Films / JVC / Newmarket Capital Group
Distribution : Bac Films
Noir et Blanc
Durée : 2 h 14
Interprétation
Johnny Depp / William Blake
Crispin Glover / Train Fireman
Gibby Haynes / Gibby Haines
Gabriel Byrne / Charlie Dickinson
Gary Farmer / Nobody
Robert Mitchum / John Dickinson
John Hurt / John Scholfield
John North / Mr. Olafsen
Mili Avital / Thel Russell
Peter Schrum / Drunk

Autour du film

Jim Jarmusch a choisi le noir et blanc pour son film Dead Man : un conte humoristique et mélancolique inscrit dans un jeu de références aux classiques du cinéma… Entre le comique farfelu du film et la beauté formelle des images, un esprit plus sombre se glisse au fil des séquences. Le héros au nom de poète est « un homme mort ». Parce qu’il n’appartient pas à ce monde dans lequel il s’est retrouvé par inadvertance, parce qu’il a les pires tueurs de l’Ouest à ses basques, et parce qu’il a pris une balle dans le cœur dès le début. Parce que Dead Man est un road-movie à travers les paysages et l’histoire du cinéma, mais dont la destination est le séjour des défunts. William Blake est un homme, aussi, parce qu’il est un héros de film, c’est-à-dire le fantôme d’un âge classique révolu. En fondant sans prétention la légende métaphysique dans le conte farceur, ce film de deuil, souriant, réfracte la belle lumière des étoiles d’une autre ère, aujourd’hui éteintes.Jim Jarmusch a choisi le noir et blanc pour son film Dead Man : un conte humoristique et mélancolique inscrit dans un jeu de références aux classiques du cinéma… Entre le comique farfelu du film et la beauté formelle des images, un esprit plus sombre se glisse au fil des séquences. Le héros au nom de poète est « un homme mort ». Parce qu’il n’appartient pas à ce monde dans lequel il s’est retrouvé par inadvertance, parce qu’il a les pires tueurs de l’Ouest à ses basques, et parce qu’il a pris une balle dans le cœur dès le début. Parce que Dead Man est un road-movie à travers les paysages et l’histoire du cinéma, mais dont la destination est le séjour des défunts. William Blake est un homme, aussi, parce qu’il est un héros de film, c’est-à-dire le fantôme d’un âge classique révolu. En fondant sans prétention la légende métaphysique dans le conte farceur, ce film de deuil, souriant, réfracte la belle lumière des étoiles d’une autre ère, aujourd’hui éteintes.

Jean-Michel Frodon / Le Monde 30/05/1995

L’Amérique du siècle dernier apparaît hallucinée, à la fois monde barbare d’avant les origines et terre désolée après l’apocalypse… Jim Jarmusch écarte immédiatement tout pathos et livre, de façon ricanante et morbide, une sorte de précis de décomposition. Décomposition des mythes fondateurs d’une nation et de sa geste héroïque, ici plutôt malmenée. Décomposition avancée des lois d’un genre (le western). Rarement un récit fondé sur une poursuite aura été aussi peu dramatisé, vide de tension, la violence ne se déchaînant que par fulgurance, à froid, sans identification possible. Décomposition enfin d’un corps, celui du héros atteint d’une balle dès les premières minutes et qui agonisera durant les deux heures du récit. C’est bien un des atouts comiques de ce film on ne peut plus pince-sans-rire… Dead Man est à ce jour le film le plus excitant et le plus risqué (de Jim Jarmusch), un poème autour de la mort qui marque, au bout du compte, sa renaissance de cinéaste.

J.M Lalanne / Cahiers du cinéma 498

Imitant ses précédentes dérives narratives, le cinéaste isole les silhouettes, réitère les incidents, sculpte ses gravures comme il accorderait des instruments. La séquence d’ouverture épouse aussitôt les travellings latéraux de Mystery Train, signature récurrente de Jarmusch. Le passage du fleuve évoque l’échappée belle de Down by Law. Le noir et blanc, magnifié par Robby Müller, reste la texture fétiche. Mais Jarmusch va jusqu’au bout de sa logique déliquescente. Le corps ankylosé de Blake dicte la marche à suivre. Plus les kilomètres s’étirent, plus la pellicule semble s’effilocher. Pareils aux strophes d’un poème, la structure lâche et les fondus au noir matérialisent les évanouissements de Bill. Délaissant les corps putrides et les jeux d’osselets du générique, Dead Man met en lumière une autre héroïne, la musique, instinctive, lancinante, amplement majestueuse. Les improvisations de Neil Young respectent les silences et les entailles du montage. Face à la fuite du sens, le fractionnement du temps et l’éparpillement des rôles secondaires (Jim Jarmusch fait pour la première fois appel à une directrice de casting), les saturations d’une guitare traduisent avec justesse les écarts somnambules de William Blake, toujours plus insistants. L’horizon se dégage peu à peu. Les plans oppressants, au plus près des visages, s’estompent au profit des grands espaces. Nobody et Bill se laissent submerger par une nature ensorceleuse. Dead Man s’achève là où il a commencé: la nacelle en bois qui sert de sépulture est la parfaite antithèse du train, emblème du monde moderne. Délesté de tout balluchon, William Blake est prêt pour un nouveau voyage.

Danielle Chou / film de culte.com

Outils

Web

Ciné Ligue - Dossier pédagogique Lycéens au cinéma pour les enseignants
Exporevue - Page sur William Blake
Film de culte
Films à la fiche - Fiche pédagogique de la Médiathèque de la communauté française de Belgique
ABC Toulouse - Dossier pédagogique
JimJarmusch.free - Contes et mythes dans Dead Man
Chronicart - Jim Jarmusch, de la déambulation à la quête (des origines à Dead Man)

Ouvrages

Jim Jarmusch : phénomènes d’histoire, histoires de phénomènes, par Romain Rogier, Ed. Manuscrit Université Coll. Arts plastiques, 160 p.

Revues

Cahiers du cinéma n° 498 (entretien avec Nicolas Saada)
Positif n° 419,p. 39