Synopsis
Middlesex, Iowa, 1988. Donnie Darko est un adolescent de seize ans pas comme les autres. Introverti et émotionnellement perturbé, il entretient une amitié avec un certain Frank, un lapin géant que lui seul peut voir et entendre. Une nuit où Donnie est réveillé par la voix de son ami imaginaire qui lui intime de le suivre, il réchappe miraculeusement à un accident qui aurait pu lui être fatal. Au même moment, Frank lui annonce que la fin du monde est proche. Dès lors, Donnie va obéir à la voix et provoquer une série d’événements qui sèmeront le trouble au sein de la communauté…
Distribution
Jake Gyllenhaal : Donald « Donnie » Darko
Jena Malone : Gretchen Ross
Drew Barrymore : Mme Karen Pomeroy
Mary McDonnell : Rose Darko, la mère de Donnie
Katharine Ross : Dr Lilian Thurman
Patrick Swayze : Jim Cunningham
Noah Wyle : Dr Kenneth Monnitoff
Holmes Osborne : Eddie Darko, le père de Donnie
Maggie Gyllenhaal : Elizabeth Darko
Daveigh Chase : Samantha Darko
James Duval : Frank
Arthur Taxier : Dr Fisher
David St. James : Bob Garland
Jazzie Mahannah : Joanie James
Jolene Purdy : Cherita Chen
Stuart Stone : Ronald Fisher
Gary Lundy : Sean Smith
Ashley Tisdale : Kim
Beth Grant : Kitty Farmer
Patience Cleveland (en) : Roberta Sparrow
Seth Rogen : Ricky Danforth
Mark Hoffman : l’officier de police
Tom Tangen : l’homme au survêtement de sport rouge
Jerry Trainor : l’étudiant dégingandé
Générique
Réalisation et scénario : Richard Kelly
Musique : Michael Andrews
Décors : Alec Hammond
Costumes : April Ferry
Photographie : Steven B. Poster
Montage : Sam Bauer et Eric Strand
Autour du film
Premier long-métrage de l’Américain Richard Kelly réalisé à seulement vingt-six ans, Donnie Darko a tout du film prodige. Mélange de teen-movie mélancolique et de thriller fantastique, son créateur nous embarque dans un voyage chaotique au cœur de la psyché d’un adolescent.
Pour le spectateur, voir Donnie Darko relève de l’expérience onirique puisque son héros semble évoluer comme dans un rêve – ou plutôt un cauchemar – éveillé. En brouillant la frontière entre songe et réalité, Richard Kelly livre une brillante allégorie de l’adolescence, cet état de flottement entre le monde de l’enfance et celui des adultes. Dans son premier grand rôle au cinéma, l’acteur Jake Gyllenhaal (Le Secret de Brokeback Mountain, Zodiac) offre une interprétation remarquable, incarnant à la perfection toutes les contradictions de cet âge : tantôt apathique, tantôt colérique, tendre avec sa petite amie Gretchen mais exécrable avec sa famille, il est à la fois le sauveur et le destructeur de sa communauté.
Voyage dans le temps au cœur de la cinéphilie de son auteur, Donnie Darko impressionne par sa grande maîtrise stylistique lorgnant autant du côté de David Lynch que de la culture MTV. Pour ce digne rejeton de Steven Spielberg, auquel il emprunte son univers très eighties, le mélange des genres cinématographiques est partie intégrante de son œuvre. Largement influencé par le fantastique à la Philip K. Dick, son portrait d’une ville typique de la province américaine, théâtre de toutes les bizarreries, le rapproche en outre de films d’horreur comme Carrie au bal du diable (1976) ou, plus récemment, de Scream (1996).
Film à tiroirs qui n’en finit pas de dévoiler ses secrets, Donnie Darko marquera par son empreinte de nombreux cinéastes indépendants américains comme Gregg Araki avec Mysterious Skin (2004), David Robert Mitchell et son It Follows (2014) ou encore la série des frères Duffer Stranger Things (2016 –).
Pistes de travail
Analyse de séquence
Dans ce film entre teen movie mélancolique et thriller fantastique, cette séquence se concentre sur le personnage de Karen Pomeroy, professeure de littérature, incarné par Drew Barrymore. Il y est question de travelling, de hors champ ou encore de plans rapprochés.
Donnie Darko ou la naissance d’un mythe
Richard Kelly écrit le scénario de Donnie Darko en 1997, alors qu’il termine ses études de cinéma à l’Université de Californie du Sud. Une fois l’écriture achevée, lui et son producteur Sean McKittrick font le tour de Hollywood pour proposer cet « Attrape-cœurs à la sauce Philip K. Dick » (dixit son auteur). Bientôt, la célèbre agence CAA (Creative Artists Agency) se montre intéressée. Pendant un an et demi, les deux comparses enchaînent les rendez-vous, en vain – si les gens sont séduits par le projet, ils sont toutefois réticents à l’idée d’embaucher un réalisateur et un producteur débutants. Tout bascule lorsque l’acteur Jason Schwartzman (la star du premier film de Wes Anderson, Rushmore, en 1998) accepte de signer pour le rôle de Donnie Darko. Puis c’est au tour de la célèbre actrice Drew Barrymore, alors en plein tournage de Charlie et ses drôles de dames (2000), d’être intéressée par le projet. Non seulement celle-ci accepte de jouer le rôle de Mlle Pomeroy, la professeur d’anglais du lycée, mais elle souhaite également que sa société de production Flower Films finance le film. Le tournage commence en juillet 2000 avec le jeune acteur Jake Gyllenhaal dans le rôle de Donnie Darko, suite au désistement de Jason Schwartzman.
Tourné en 28 jours avec un budget de 4,5 millions de dollars, Donnie Darko bénéficie d’une équipe de rêve. Si, pour son réalisateur, il s’agit d’un baptême de feu, ce n’est pas le cas pour de nombreux acteurs et techniciens du film : le directeur de la photographie Steven Poster qui a travaillé sur le plateau de Rencontres du troisième type (1977) et Blade Runner (1982), les acteurs Katharine Ross (Le Lauréat, 1967), Patrick Swayze (Ghost, 1990), Drew Barrymore (E.T. l’extra-terrestre, 1982) ou Noah Wyle (John Carter dans la série Urgences, 1994-2009)… D’un éclectisme rare, ce casting reflète avec brio la grande cinéphilie de Richard Kelly.
Une fois le tournage et la postproduction terminés, Richard Kelly doit faire face à un enjeu majeur : trouver un distributeur. Après de longs mois de recherches et l’arrivée de la société Newmarket aux manettes, Donnie Darko a enfin une sortie salles aux États-Unis. Celle-ci est prévue la semaine d’Halloween 2001, soit un mois et demi seulement après la tragédie du 11 Septembre. Coup de massue pour Richard Kelly, la campagne de publicité de son film est annulée. Donnie Darko sort quand même, mais peine à trouver son public. Il est rapidement retiré de l’affiche pour ne ressortir dans les salles américaines qu’un an plus tard. Outre-Atlantique, le film est un succès d’estime, en particulier au Royaume-Uni.
Mais le mythe de Donnie Darko va véritablement s’écrire durant les années qui suivront sa sortie en salles. Au fil des années, grâce à un impressionnant bouche-à-oreille, les ventes et les locations du DVD vont engendrer un véritable culte autour du film pour devenir l’un des chefs-d’œuvre du cinéma américain des années 2000. De son côté, le cinéaste ne réalisera que deux longs-métrages, Southland Tales (2006) et The Box (2009), deux œuvres aussi complexes, sombres et intrigantes que leur aînée. Quant aux fans de Donnie Darko, de plus en plus nombreux, ils continuent de s’approprier l’œuvre, multipliant les théories autour de son intrigue si mystérieuse.