Synopsis
En 1932, à Maycomb, une petite ville d’Alabama. Un avocat, Atticus Finch, veuf et père de deux enfants, Scout et Jem, est amené à défendre Tom Robinson, un ouvrier noir qu’un fermier brutal, Bob Ewell, accuse d’avoir tenté de violer sa fille. Finch n’a cure des menaces d’Ewell et de sa bande d’ivrognes et prend le dossier en charge. A la veille du procès, les fermiers excités par Ewell prennent d’assaut la prison dans l’intention de lyncher Robinson. Finch monte la garde devant la cellule et le pire est évité grâce à une initiative de ses enfants. Lors des débats, l’avocat n’a aucune peine à démontrer l’inanité des accusations qui pèsent sur Robinson…
Distribution
Gregory Peck / Atticus Finch
Robert Duvall / Arthur « Boo » Radley
John Megna / Dill Harris
Frank Overton / le sheriff Heck Tate
Rosemary Murphy / Miss Maudie Atkinson
Ruth White / madame DuBose
Brock Peters / Tom Robinson
Estelle Evans / Calpurnia
Paul Fix / le juge Taylor
Colin Wilcox / Mayella Ewell
James Anderson / Bo Ewell
Alice Ghostley / Stephanie Crawford
William Windom / Gilmer
Crahan Denton / Walter Cunningham
Richard Hale / monsieur Radley
Mary Badham / Scout Finch
Phillip Alford / Jem Finch
Bill Walker / le révérend Sykes
Steve Condit / Walter Cunningham Jr.
Hugh Sanders / le docteur Reynolds
Pauline Myers / Jessie
Jester Hairston / Spence Robinson
Jamie Forster / Hiram Townsend
Nancy Marshall / l’institutrice
Kelly Thordsen / l’homme corpulent
Kim Hector / Cecil Jacobs
David Crawford / Tom Robinson Jr.
Barry Seltzer / l’écolier
Générique
Titre original : To kill a mockingbird
Réalisation : Robert Mulligan
Scénario : Horton Foote, d’après le roman, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, de Harper Lee
Image : Russell Harlan
Musique : Elmer Bernstein
Montage : Aaron Stell
Son : Corson Jowett, Waldon O. Watson
Décors : Fred Knoth, Oliver Emert
Costumes : Rosemary Odell
Production : Brentwood Productions, Universal Pictures, avec Alan J Pakula
Distribution : Lost Films
Noir et blanc
Sortie en France : 31 mai 1963
Durée : 2h09
Autour du film
On parle toujours de ce drame de Robert Mulligan comme d’une belle œuvre antiraciste. Oui, l’histoire d’Atticus Finch, avocat dans une cambrousse d’Alabama en 1930, est cela. Pourtant, l’émerveillement qu’elle suscite vient d’ailleurs : Mulligan a tout compris de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, le seul, unique et superbe roman de Harper Lee, sur la perte de l’innocence.
Atticus, veuf, élève seul son fils Jem et sa fille Scout. Le temps d’un procès, ces deux enfants vont faire l’expérience douloureuse du monde des adultes, qui comporte peu de figures aussi nobles que leur père. Atticus défend, seul contre tous, un ouvrier noir accusé du viol d’une Blanche. Chez lui, il plaide pour que Jem et Scout cessent de fantasmer sur Boo, leur voisin invisible qui aime jouer avec les ciseaux…
Pour Mulligan, l’enfance est un voyage initiatique au pays de la peur. Mais un voyage de proximité : derrière la clôture, devant la maison où il faut abattre un chien enragé, vers le tronc d’un arbre où de petits cadeaux sont déposés par une main anonyme. Pis encore : quand on revient de l’école par la forêt… Plus Jem et Scout découvrent la peur, plus l’obscurité et la cruauté encouragent leur courage, et plus on pense à La Nuit du chasseur. Même noir et blanc soyeux, même atmosphère tendue, même talent sidérant des deux jeunes interprètes. Gregory Peck (oscarisé pour ce rôle) fait d’Atticus un tranquille et imprenable bastion d’humanité. Seul et sans arme dans le halo d’une lampe, il monte la garde. Comme la dernière lueur d’une espérance butée en un monde qui laissera en paix les enfants, les oiseaux et les « nègres ».
Guillemette Odicino / Télérama 14 novembre 2009
Le film est honnête et plein de ces bonnes intentions qui rassurent les consciences et font couler les larmes. Robert Mulligan lui a donné le style vieillot des films américains d’avant-guerre. Le cadre est désuet et charmant, tous les effets psychologiques sont en place. On pense à ces bandes dessinées américaines au ton édifiant et la grisaille académique est à peine rompue par la violence d’une ou deux scènes où l’on retrouve le style plus personnel qu’avait adopté Mulligan à ses débuts.
Jacques Siclier/ Le Monde 16 juin 1963
Alice au pays des bêtes sauvages
Du Silence et des ombres, Robert Mulligan, 1963. Adapté du roman d’Harper Lee, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur.
Maycomb, petite Ville d’Alabama, années 30. Atticus Finch (Grégory Peck) avocat et père veuf de deux enfants, Jem (10 ans) et la charismatique Scout (6 ans), est chargé de la défense de Tom, un homme noir, injustement accusé du viol d’une jeune fille blanche. Alors qu’Atticus démontre avec brio l’innocence irréfutable de l’accusé, celui-ci est condamné par le jury constitué de blancs, sous les yeux des enfants d’Atticus qui assistent au procès. Aucun recours en appel ne pourra être fait, puisque Tom sera abattu lors d’une tentative d’évasion. Quelques jours plus tard, Jem et Scout sont agressés dans un bois au retour de la fête de l’école. Ils sont sauvés de justesse par l’intervention de Boo, personnage mystérieux et énigmatique, craint par les habitants de Maycomb. Dans la lutte, Boo tue l’agresseur des enfants. Le soir-même, lors de la visite du shérif chez les Finch, une version accidentelle de la mort de l’agresseur est décidée, pour éviter à Boo un procès public, malgré le cas évident de légitime défense.
Du silence et des ombres raconte la découverte du monde des adultes par des enfants plongés dans l’été poussiéreux d’une petite ville d’Alabama, à la fin des années 30. Comme eux, leur père Atticus Finch, avocat, va voir ses illusions s’effondrer avec la condamnation injuste d’un noir américain par le tribunal, théâtre de la société ségrégationniste.
Une question a fait débat parmi les personnes présentes le soir de la projection du film organisée par Les Doigts dans la Prise : après cet échec, Atticus Finch renonce à faire appel à la justice et accepte que le silence soit fait sur le meurtre de l’agresseur de son fils, même dans le cadre de légitime défense. Par cet arrangement dans l’ombre avec le shérif, Atticus se compromet-il ?
Le film prend pour décor une période sombre de l’histoire américaine, celle de la ségrégation. Le mal a pris place dans la lumière, les valeurs racistes et ségrégationnistes sont inscrites dans la loi, visibles aux yeux de tous, comme ce chien enragé qui apparaît en plein soleil face à Atticus. Les valeurs d’intégrité, d’amour et de bonté sont, elles, tapies dans l’ombre. La justice en tant qu’institution ne peut pas être équitable, elle est corrompue. La vérité ne peut éclater au grand jour, le tribunal n’apporte la lumière sur rien, il est aveugle à la démonstration d’innocence de l’accusé. Si les enfants pleurent à l’issue du procès, c’est de voir que le désir absolu de leur père d’une justice impartiale est mis à l’épreuve par la réalité. Tout comme ils pleurent la fin de leur innocence enfantine remplacée par la découverte de la cruauté de la société dans laquelle ils vivent.
Dans cette petite ville d’Alabama où la sauvagerie règne comme dans un western, si Atticus Finch est un justicier, c’est un justicier solitaire. Les bêtes humaines ont pris le pouvoir et le salut ne peut donc venir que de l’individu, de l’ombre, de la résistance. Car l’assemblée d’un tribunal, n’hésitera sans doute pas à tirer sur cet oiseau moqueur de Boo, comme elle l’a fait précédemment sur l’homme noir. Cette assemblée des blancs qui a établi sa domination pour satisfaire les plus bas instincts, appelle au règne des plus forts.
Le film s’arrête sur l’échec d’Atticus lors du procès et laisse en suspens la possibilité d’un retour vers une justice dans la lumière et par la société. Il cristallise un moment de doute. On peut alors rappeler qu’en 1962, le mouvement des droits civiques américains est certes grandissant, mais la victoire est toujours incertaine et des années sombres suivront : 1963, assassinat de John Fitzgerald Kennedy, 1968, assassinat de Martin Luther King et Robert Kennedy… la bête rôde toujours.
Pour grandir les enfants devront sortir de leur innocence et apprendre à vivre dans le monde réel ; pour lutter, Atticus Finch devra sortir de son utopie sur la justice, entrer en résistance, fort de ses valeurs humanistes mais en prise avec le réel. La fin de la ségrégation ne se fera pas vers un monde idéal et utopique, un monde enfantin, mais vers une réalité qui comptera toujours aussi bien les prédateurs, les mangeurs de jambon, que les oiseaux moqueurs. Si Atticus a le désir de changer le monde et la société par un éclatant plaidoyer, apportant la lumière sur les faits, il se trompe, car cette justice ne peut exister dans une société pourrissante. C’est dans l’ombre, la résistance, en protégeant sa progéniture, qu’il entretiendra l’espoir de la naissance de temps meilleurs.
En ce sens, Atticus est le reflet des luttes pour les droits civiques de son époque. Sa force est dans sa foi en l’avenir, incarnée par ses enfants, et sa volonté d’une justice institutionnelle.
De mon point de vue donc, Atticus ne se compromet pas, il entre en résistance.
Emilie Desruelle
lesddlp.wordpress.com
Vidéos
Un nouveau cadeau dans l’arbre
Catégorie : Analyses de séquence
Jem et Scout se retrouvent devant l’arbre à côté de la maison de Boo, et y trouvent des petites statuettes à leur effigie.
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Analyse : Stéphan Krezinski
Réalisation : Jean-Paul Dupuis
Une frayeur et un cadeau
Catégorie : Analyses de séquence
Jem, laissé seul par son père qui raccompagne la gouvernante, entend des bruits inquiétants. Le voici devant la maison de Boo, cette maison qui lui fait si peur.
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Analyse : Stéphan Krezinski
Réalisation : Jean-Paul Dupuis
Outils
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Images de la Culture
Caryl Chessman - L'écriture contre la mort (Jean-Christophe Rosé, 1985)
Chronique d'une abolition (Stéphane Diss, Michel Ange Rafoni, 1992)