Enfant d’en haut (L’)

France, Suisse (2012)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Collège au cinéma 2023-2024

Synopsis

Simon, 12 ans, vit seul avec Louise, dans une vallée industrielle de Suisse. Tous deux vivent grâce au petit trafic d’équipements de ski de Simon, qui vole le matériel dans la station de ski située en haut de la vallée et le revend ensuite à ses petits voisins ou à des automobilistes au bord des routes. Louise, qui papillonne d’amant en amant, perd son travail et devient progressivement dépendante de Simon. On apprend peu à peu, dans une chronique de la petite misère quotidienne, l’histoire compliquée de ce lien familial : Louise est en réalité la mère de Simon et lui impose de dire qu’il est son petit frère. Le film s’attache à montrer les liens affectifs des deux protagonistes entre déchirement, conflit, réconciliation et affection mutuelle. Simon, sous des aspects de grand débrouillard sans scrupules malgré son jeune âge, reste un enfant fragile à la recherche d’un lien maternel brisé. Louise, bien que frivole et inconsciente, est, quant à elle, tiraillée entre son goût pour l’indépendance et la nécessité de protéger Simon.

Distribution

Kacey Mottet Klein : Simon, l’enfant de 12 ans
Léa Seydoux : Louise, la sœur (en fait mère) de Simon
Martin Compston : Mike, l’employé anglais des cuisines
Gillian Anderson : Kristin Jansen, la dame anglaise
François Santucci : Josh
Damien Boisseau : Le moniteur de ski
Yann Trégouët : Bruno, l’amant à la BMW
Jean-François Stévenin : le chef-cuisinier
Gabin Lefebvre : Marcus
Dilon Ademi : Dilon
Magne-Håvard Brekke : le skieur violent

Générique

Réalisateur : Ursula Meier
Scénario : Antoine Jaccoud, Ursula Meier
avec la collaboration de Gilles Taurand
Musique : John Parish
Image : Agnès Godard afc.
Montage : Nelly Quettier
Son : Henri Maïkoff
Montage son : Etienne Curchod
Mixage : Franco Piscopo
Décors : Ivan Niclass
Costumes : Anna Van Brée
Maquillage : Danièle Vuarin
1ère assistant réalisation : Jérôme Brière
Scripte : Véronique Heuchenne
Régie : Nicole Schwizgebel

Autour du film

Le nouveau film de la Suissesse Ursula Meier, remarquée avec « Home » lors de la Semaine de la critique de Cannes 2008, ressemble en bien des points aux œuvres des frères Dardenne, réalisateurs belges connus pour leurs films dits « sociaux » (« Rosetta », « Le fils », « L’enfant »…). Adoptant elle aussi un point de vue social implacable, loin du comique désabusé et décalé de sa première œuvre, elle nous entraîne aux côtés d’un frère et une sœur qui habitent seuls. La tour lugubre qui les accueille est d’ailleurs en elle-même le symbole de leur isolement, car située dans la vallée, en contrebas de ceux qui peuvent s’offrir une semaine de ski hors de prix et se racheter immédiatement la veste ou les lunettes qu’on leur aura dérobées.

Derrière l’histoire, encore plus dramatique qu’il n’y paraît, puisqu’elle réserve bien des surprises, Ursula Meier dessine progressivement le portrait de Simon (formidable Kacey Mottet Klein), garçon de 12 ans obligé d’agir comme un adulte du fait des défaillances de responsabilité d’une mère désœuvrée, prête à se laisser embarquer par le premier mec venu. On assiste ainsi à l’expansion de la petite affaire du jeune voleur, redoutablement organisé. Celui-ci passe, en effet, de vols dispersés à du véritable recel d’équipements de ski, grâce notamment à un deal réalisé avec un cuistot anglais engagé dans la station (Martin Compston, vu dans « Sweet sixteen » de Ken Loach). Il développe en parallèle sa clientèle, passant des gamins du voisinage ou de la cour d’école, à un groupe d’adultes, trop heureux de profiter de sa jeunesse et de sa détresse sous-jacente.

Dans le fond, la force du film réside en la capacité de la réalisatrice et du jeune interprète à créer l’empathie avec ce malfrat en herbe. Son humanité se révèle en de furtifs moments, notamment lorsqu’il tente de nouer des liens avec une riche anglaise (la Gillian Anderson de « X-files », « Aux frontières du réel »), mère de substitution à qui il ment comme à tous les autres. Enfermé dans sa logique d’auto-exclusion, il est la cigale qui prépare non pas l’hiver mais l’été, perspective implacable de la perte soudaine d’une rente saisonnière, alors que sa sœur s’obstine à jouer les cigales ingénues. Bouleversant, « L’Enfant d’en haut » mérite donc qu’on laisse sa rébellion s’exprimer, épinglant les roublardises liées aux besoins les plus basiques comme la puissance corruptrice de l’argent. À l’image de ce plan où le gamin s’assoit sur un télésiège à l’arrêt, l’absence de perspective, opposée à la beauté des vues sur la campagne suisse, laissera longtemps des traces.

Olivier Bachelard

Pistes de travail

Analyse thématique

Simon, 12 ans, vivote entre l’opulente station de ski dans laquelle il se livre à de petits larcins auprès des touristes et la banlieue industrielle en contrebas où il tente de survivre avec sa grande sœur Louise. Entre haut et bas, richesse et misère, enfance et âge adulte, quiétude et angoisse, L’Enfant d’en haut dépeint deux espaces, deux pôles, deux extrêmes que tout oppose.

Expériences

La cinéaste franco-suisse (« Home », « Journal de ma tête », « La Ligne »…) revient sur la genèse et l’écriture de son long métrage « L’Enfant d’en haut » (2012), Ours d’argent à la Berlinale 2012. Elle en raconte les coulisses, de sa rencontre avec le jeune acteur Kacey Mottet-Klein à ses choix de mise en scène, en passant par le nécessaire travail d’alchimie entre le fond et la forme.