Et au milieu coule une rivière

États-Unis (1993)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Archives CAC, Collège au cinéma 1995-1996

Synopsis

Au début du siècle, à  Missoula, petite ville du Montana, Norman et Paul Maclean passent une enfance marquée par l’exercice assidu de deux disciplines inculquées par leur père, pasteur : la religion et la pêche à  la mouche.

Autant Norman est sage et discipliné, autant Paul est impulsif et rebelle. Mais leurs différences ne les empêchent pas d’être profondément complices et Norman se laisse bien volontiers entraîner par son frère dès qu’il s’agit de s’amuser.

Norman part à  l’université et, six ans plus tard, en revient diplômé, ce qui lui permet de postuler un emploi de professeur. Paul, de son côté, est devenu reporter dans le journal local. Les deux frères se retrouvent avec le même plaisir, mais Norman s’aperçoit que Paul est devenu coureur, joueur et alcoolique, cultivant à  plaisir la provocation. Norman le récupère parfois au poste de police après ses beuveries.

Parallèlement, Norman tombe amoureux de l’excentrique Jessie et obtient un poste d’enseignant à  Chicago. Les deux frères se retrouvent de temps en temps pour une partie de pêche et Norman propose maladroitement à  son frère de l’aider. Paul refuse et Norman n’ose pas insister.

Lors de la dernière partie de pêche qui réunit les deux frères et le père avant le départ de Norman, Paul invente de nouvelles règles et son style personnel fascine Norman et le Révérend qui, tout en restant fidèles à  la tradition, sont conscients de la perfection des gestes de Paul.

Mais “ la vie n’est pas une œuvre d’art ” et, un soir, Paul est retrouvé assassiné dans une ruelle, la main droite brisée. Les Maclean supportent silencieusement le malheur, réalisant qu’ils n’ont pas su aider Paul. Norman, marié à  Jessie, part enseigner à  Chicago.

Cinquante ans plus tard, Norman se souvient de son passé en pêchant au bord de la rivière.

Thème

Souvenirs d’une vie
Norman Maclean et son frère Paul passent leur enfance dans le Montana entre la pêche et la religion, inculqués par leur père, pasteur. Norman deviendra enseignant tandis que son frère décédera tragiquement. Le récit à  la première personne de deux destinées.

Distribution

Le Révérend Maclean


Pasteur presbytérien, il se partage entre ses activités religieuses et les joies de la pêche. Attaché à ses fils, il veut en faire des hommes responsables et honnêtes. Mais il n’adopte pas la même attitude vis-à-vis de chacun d’eux : sévère avec Norman, le bûcheur, tout en s’entendant bien avec lui, il semble en revanche faible face à Paul, le rebelle, et ne parvient pas à avoir une emprise sur lui. Il les a tous deux élevés selon des principes rigoureux, leur inculquant la discipline quasi religieuse de la pêche au lancer. Son bureau est un antre, un lieu sacré où il convoque ses fils, le lieu de son autorité. Le temple dans lequel il prêche est en revanche le lieu de ses doutes et, après la mort de Paul, de son autocritique.



Norman

C’est le narrateur de l’histoire. Sérieux, solide, travailleur, il suit des études universitaires, deviendra professeur de littérature et ira enseigner en ville. Il voue un amour profond à ses parents et reste très attaché aux valeurs familiales. Plutôt austère et sans humour, il tombe curieusement amoureux de Jessie, une fille exubérante. Un lien très fort l’unit à son frère Paul en dépit de leurs caractères opposés et de leurs conceptions de la vie diamétralement différentes. Norman a le goût de l’ordre et le sens de l’effort ; il aimerait ramener Paul sur le droit chemin mais ne sait comment s’y prendre. Taciturne, sombre, maladroit, il se sait moins brillant que son cadet qu’il regarde avec une certaine admiration et dont il jalouse secrètement la belle assurance. À la mort de son frère, il se sent certainement coupable de ne rien avoir osé tenter pour l’aider.


Paul

Le jeune frère, un “ artiste ”, dira de lui Norman. Plein d’humour, lumineux, charmeur, doué et instinctif, il possède toutes les qualités pour réussir mais se refuse à devenir adulte. D’où son côté casse-cou, bagarreur et flambeur. Il adore la pêche qu’il pratique naturellement depuis l’enfance. Provocateur, il aime aller à l’encontre des préjugés, se faisant un point d’honneur à amener la jeune Indienne au dancing malgré les protestations de ses copains. Derrière la façade de chien fou, se cache un être meurtri qui souffre d’un cruel manque d’amour, un être blessé qui masque son désarroi sous un aspect frondeur. Endetté, il se jette dans la gueule du loup en retournant dans la boîte où il est interdit de jeu, provoquant ainsi sa propre mort. Roué de coups, son corps sera retrouvé dans une ruelle.


Jessie

Elle a eu une enfance heureuse et une adolescence facile au sein d’une famille méthodiste et fantaisiste. Elle aime s’amuser, danser et rire. Comme toutes ses amies, elle est attirée par le charme de Paul mais choisira la sécurité en la personne de Norman. Elle veut que Norman s’occupe de Neal, son frère. “ Pourquoi ceux qui en ont besoin refusent qu’on s’occupent d’eux ”, dit-elle à Norman après le départ de Neal, le rejoignant ainsi dans son dilemme fraternel.


Madame Maclean

Effacée, c’est une femme entièrement soumise à son mari. Il émane d’elle une sensation de force sensible, elle souffre en silence quand ses fils s’éloignent. Elle laisse à son mari le rôle d’éducateur et n’intervient jamais dans la discussion pour expliquer le pourquoi du comment à ses enfants. Présente et aimante mais silencieuse, elle symbolise la douceur et la compréhension.

Générique

Titre original A River Runs Trough It

Production Allied Filmmakers, Robert Redford et Patrick Markey

Producteur exécutif Jake Eberts

Scénario Richard Friedenberg, d’après le roman de Norman Maclean

Réalisation Robert Redford

Dir. Photo Philippe Rousselot (AFC)

Ingénieurs du son Hans Roland et Gary Rydstrom

Décors Jon Hutman

Costumes Bernie Pollack et Kathy O’Rear

Musique Mark Isham

Orchestrateur et dir. Ken Kugler

Montage Lynzee Klingman et Robert Estrin

Monteur son Richards Hyms

Conseillers artistiques Jean Maclean Snyder et Joel Snyder



Interprétation

Norman Maclean /Craig Sheffer

Paul Maclean /Brad Pitt

Révérend Maclean /Tom Skerritt

Mrs. Maclean /Brenda Blethyn

Jessie Burns /Emily Lloyd

Mrs. Burns /Edie McClurg

Neal Burns/ Stephen Shellen

Paul, jeune/ Vann Gravage

Mabel /Nicole Burdette

Rawhide/ Susan Traylor

Chub Michael /Cudlitz

Conroy /Rob Cox

Humph /Buck Simmonds

Mr. Burns/ Fred Oakland

Ken Burns/ David Creamer

Tante Sally/ Madonna Reubens

Oncle Jimmy/ John Reubens

Norman, vieux/ Arnold Richardson



Film 35 mm Couleurs (1/1,66)

Son Dolby Stéréo

Distribution AMLF

Sortie France 20 janvier 1993

N° de visa 81 913

Durée 2h03

Autour du film

Des Américains bien tranquilles


“ Dans notre famille, nous ne faisions pas clairement le partage entre la religion et la pêche à la mouche ”, clament en chœur Maclean et Redford en ouvrant leur récit. La famille, la religion et la nature : tels sont les principes d’une éducation où les choses essentielles ne sont jamais dites mais se devinent à travers les gestes et les regards.


À l’image du livre, le film se présente comme une chronique sans psychologisme, une sorte de poème, d’hymne à la nature avec ses paysages grandioses et sauvages. Mais aussi ses joies simples et plus particulièrement celles que procure la pêche à la mouche avec les gestes appris, répétés, sublimés du lancer de ligne.


Dans son premier film, Des Gens comme les autres, Robert Redford décrivait les ravages du non-dit dans une famille ordinaire. Dans Milagro, il illustrait l’importance de la nature et la nécessité de la protéger. Avec ce troisième film, il réunit ces deux thèmes à travers une histoire qui plonge dans un passé révolu. Et au milieu coule une rivière prend la forme d’un long flash-back sur une certaine Amérique disparue, d’un constat doux-amer sur la désuétude dans laquelle sont tombées des valeurs comme la foi, l’honneur ou la famille…



Symbolique, la pêche s’identifie avec les principes rigides que le père veut inculquer à ses fils : le silence, la patience, la maîtrise de soi, un sens de l’harmonie. Les caractères se dessinent très jeunes : inventif, Paul échappe aux mouvements codés pour innover, pour tenter l’aventure, alors que Norman applique à la lettre l’enseignement du père.


Redford s’est mis tout entier dans ce film, devenu membre de cette histoire de famille jusqu’à incarner lui-même la voix de Maclean. Cette voix-off qui structure tout le déroulement du film devient triplement symbolique : elle est celle de l’écrivain qui raconte son histoire, celle de son personnage et bien sûr celle du réalisateur qui endosse le rôle de Maclean. Une manière de boucler la boucle. Redford a, lui aussi, vécu une jeunesse tumultueuse et rebelle. Il avait le même caractère que Paul mais aussi des points communs avec Norman, comme la passion de la littérature. “ C’est grâce à la littérature que j’ai pu comprendre la révolte de Paul qui grondait en moi et la surmonter, dit-il. Quelque part, le Norman en moi a survécu au Paul ”.


“ Il faut s’intéresser à l’autre quand il est dans le besoin, mais on ne sait pas comment l’aider ”. Ce dernier sermon du père s’adresse aussi bien à Norman qu’à lui-même, mais également à Jessie qui a connu ce problème avec son frère. En fait, tout le monde est concerné par ces propos car chacun éprouve du mal à communiquer avec les êtres chers. On se doit de surmonter ses blocages, tel est le message du révérend, où se devinent ses remords et son amertume.


À la fin, il reste à Norman, vieilli et solitaire, les souvenirs et la rivière. “ À la fin, toutes choses viennent se fondre en une seule, et au milieu coule une rivière ”, commente-t-il. “ Ce livre a quelque chose de zen , dit Redford. C’est un livre mystique dont le succès immense renvoie à l’attrait actuel pour l’Amérique d’avant la chute. ” Une manière secrète et délicate de traquer les derniers paradis perdus.

(Danièle Parra)



Autres points de vue



La pêche à la mouche comme parabole


“ Que l’œuvre ait séduit Robert Redford, dont on connaît le militantisme obsessionnel du retour aux sources du “ Pays du Premier Homme ”, ne surprendra pas. Son rôle dans l’élaboration de plusieurs décrets pour la protection de l’environnement, la rédaction d’un ouvrage sur les légendes de l’Ouest, ses propres origines et son éducation d’immigré écossais dans l’Ouest américain ne pouvaient que le rapprocher de l’œuvre de Maclean, ce fils de pasteur presbytérien qui pratiquait comme lui l’art de la pêche à la mouche, parabole active au centre du récit et du film. Pour Redford, l’affinité première est devenue identification, si l’on en juge par le choix et la direction de l’acteur choisi pour incarner Paul, le plus jeune des deux frères (Brad Pitt), qui figure comme son double tant sa ressemblance avec le cinéaste comédien est saisissante. ”

Michel Sineux, in Positif, n° 384 janvier 1993.


Virilité, nature et religion



“ En décrivant un univers viril (sans connotation machiste) en harmonie avec la nature, Redford reste sincère et fidèle à ses idéaux qui ne datent pas de la dernière mode écolo. Il suit là une tradition américaine assez ancienne, celle d’écrivains panthéistes comme Thoreau ou Emerson. Mais le film lui-même n’est que théoriquement séduisant. Quand Redford s’essaie à nous faire ressentir l’éveil à la nature (puis à la société) des deux fils d’un pasteur, il n’évite pas les facilités de l’académisme (ni celles du romanesque hollywoodien quand il embraye sur une intrigue). Virilité, nature, religion : l’équation est bien posée, mais gâchée par une volonté d’illustration trop appliquée. ”

Vincent Ostria, in Cahiers du Cinéma, n° 464, janvier 1993.



La rivière sans détour



“ Les rebondissements de l’action sont trop rares pour qu’on en déflore la délicate construction, et sur ce point Redford a eu la sagesse d’une humilité convenable. Sa transposition archi-respectueuse coïncide parfaitement avec le cinéma dont il favorise l’avènement à travers son école “ libre ”, le Sundance Institute : nature, démocratie, tradition et humanisme.”

Olivier Séguret, in Libération, 23 janvier 1993.

Pistes de travail

  • Robert Redford, acteur et réalisateur

    Retracer l’itinéraire de Robert Redford en mettant en parallèle sa carrière d’acteur et son travail de réalisateur. On mettra ainsi en avant sa position paradoxale de star adulée et d’auteur soucieux de délivrer un message. Évoquer comment son engagement s’est traduit par diverses initiatives.



  • Du livre au film

    Raconter le long cheminement qu’a représenté l’élaboration du film à partir du moment où Robert Redford a souhaité entreprendre l’adaptation du roman de Maclean. Se heurtant tout d’abord au refus catégorique de l’écrivain, le réalisateur entreprend de lui proposer un droit de regard sur le scénario. À partir de là, suivre la longue genèse du film.



  • La métaphore de la pêche

    Expliquer le principe de la pêche à la mouche; en quoi c’est un art de l’apparence destiné à tromper le poisson, et en quoi il est une métaphore du cinéma.

    Montrer comment sont filmées les scènes de pêche, comment la pêche est conçue comme un moyen d’appréhender la nature.

    Étudier comment les scènes de pêche reflètent l’état psychologique des personnages, soulignent leur évolution, leur caractère, leur union et leurs désaccords.



  • L’importance de la famille

    Montrer l’importance de la famille dans le film, comme chez les poètes et les philosophes “ transcendentalistes ” – Ralph Waldo Emerson (1803-1882), Henry David Thoreau (1817-1862), Mark Twain (1835-1910) ou Jim Harrison (né en 1937). Recenser les scènes significatives des relations entre les enfants et les parents. Comment se dessine petit à petit la figure du père ? Comment, en tant que pasteur, il se pose en garant d’un ordre divin au sein même de l’ordre naturel et familial?



  • Une histoire personnelle

    Il semble intéressant de souligner à quel point Robert Redford s’est approprié cette histoire, la faisant entièrement sienne. Illustrer cette idée en mettant en lumière les similitudes entre la personnalité du metteur en scène et celle de ses personnages, notamment dans sa manière de se projeter dans ceux, très contrastés, des deux frères.


  • Richesse du cinéma indépendant

    En créant le Sundance Institute et son festival, Robert Redford a offert au cinéma indépendant américain un lieu de travail et d’expression. Il paraît important de marquer la différence entre les grosses productions hollywoodiennes et ces films novateurs qui bénéficient d’une totale liberté. En s’appuyant sur des exemples, montrer que les auteurs de demain se trouve dans ce riche vivier.


  • Des écrivains utopistes

    Et au milieu coule une rivière est adapté d’un court roman de Norman Maclean écrit en 1976. Il s’apparente à un courant d’écrivains américains divinisant la nature et célébrant l’Amérique sauvage et immortelle. Définir les caractéristiques de certains de ces auteurs. Proposer la lecture de quelques poèmes de Emerson ou de Thoreau. Montrer la cassette vidéo consacrée à Jim Harrison.

    Réfléchir à la filiation entre la philosophie “ transcendentaliste ” et l’idéologie du “ politiquement correct ” qui a envahi les États-Unis et dont Redford est l’un des figures emblématiques.


  • Un hymne a la nature

    Le film se présente comme un hymne à la nature, une nature magnifiée par la beauté contemplative des images. Préciser comment le réalisateur a adapté sa mise en scène à son propos, exprimant sans cesse la fusion entre l’homme et la nature.



    Mise à jour:17-06-04

  • Expériences

    Quelques films écologistes


    C’est surtout à partir des années 70 que les préoccupations écologiques apparaissent au cinéma. Et au milieu coule une rivière s’inscrit dans cette lignée de films qui, en exaltant la beauté des paysages, restituent le lien sacré qui unit l’homme aux éléments naturels.


    Louisiana Story (1940) de Robert Flaherty


    Le grand documentariste américain, Robert Flaherty (qui réalisa des documentaires nourris de la fiction), fut sans doute le premier cinéaste à mettre en scène les rapports de l’homme à la nature : non tant son Homme d’Aran qui décrit l’enracinement de l’homme dans une nature hostile, que Louisiana Story qui, au début du film, montre la profonde harmonie qui unit un père et un fils aux mystérieux bayous de la Louisiane. Chez Flaherty, ce sont les “ couleurs ” du noir et blanc qui suggèrent cette osmose, tandis que Redford l’exprime à travers le fonctionnement du “ leurre ” que requière la pêche à la mouche : l’art du cinéma pour l’un, l’art de la pêche pour l’autre.


    La Forêt interdite (1958) de Nicholas Ray



    Nick Ray réalise avec La Forêt interdite un poème d’une grande beauté formelle, un hommage à la splendeur du monde et un avertissement au risque de destruction qu’il encourt. Dans les marais de Floride, peuplés d’une faune fabuleuse, un garde-chasse tente de faire respecter les lois écologiques et se heurte à un chasseur d’oiseaux. On est ici au cœur d’un Éden sauvage décrit avec un lyrisme tellurique.



    Dersou Ouzala (1974) d’Akira Kurosawa

    Kurosawa pénètre dans les steppes glacées de Sibérie en posant un regard ému sur une nature encore vierge. Un trappeur mongol initie un topographe russe aux lois de la survie et lui apprend la nécessité de la solidarité. Outre un lieu de contemplation, la nature y apparaît comme un lieu de confrontation initiatique, au sortir duquel l’homme se retrouve face à sa condition.

    Jeremiah Johnson (1972) de Sydney Pollack



    Robert Redford exprimait déjà des valeurs écologistes en 1972 dans Jeremiah Johnson. Dans cette histoire d’un homme qui renie la société pour aller vivre dans des montagnes inviolées, il personnifie la quête d’une nouvelle vie, libérée des contraintes de la civilisation. Cette œuvre marquante exalte la communication de l’homme avec la nature et la possibilité d’inventer d’autres lois, en dehors de celles édictées par la société. En adoptant un rythme volontairement lent, le film fait ressentir de l’intérieur un nouveau mode de vie, une existence entièrement tributaire des éléments naturels. Ce retour à la mère-nature, auréolée de vertus protectrices, véhicule souvent de douces illusions et d’amères déceptions.



    Délivrance (1971) de John Boorman

    Un film comme Délivrance verse une douche froide sur cette démarche utopiste. À travers la virée de quatre citadins venus se ressourcer en entreprenant la descente en canoë d’un fleuve destiné à disparaître, le réalisateur les plonge dans un cauchemar tragique. Ici, la vie primitive est apparentée à une régression mentale précipitant les personnages au cœur de l’horreur. Le message est clair : la nostalgie de l’Éden n’est plus de mise, l’homme moderne doit s’accommoder de la civilisation, car cette région sans pollution est aussi le berceau d’une dégénérescence inquiétante. Le retour à la nature peut aussi être dangereux et meurtrier, c’est ce que nous clame ce film violent qui contrebalance, non sans un certain cynisme, la quête du paradis perdu cher à Robert Redford.