Synopsis
C’est l’été, Zak et Seth se retrouvent seuls et sans argent dans leur maison de campagne. Les deux frères s’attendent encore une fois à passer des vacances de merde.
Mais cette année-là, ils rencontrent Dany, un autre ado du coin. Ensemble, à un âge où tout est possible, ils vont commencer la grande et périlleuse aventure de leur vie.
Distribution
Zacharie Chasseriaud / Zak
Martin Nissen / Seth
Paul Bartel / Danny
Karim Lekou / Angel
Didier Toupy / Boeuf
Gwen Berrou / Martha
Marthe Keller / Rosa
Générique
Réalisation : Bouli Lanners
Scénario : Bouli Lanners, Elise Ancion
Image : Jean-Paul De Zaeytijd
Son : Philippe Kohn
Montage : Ewin Ryckaert
Décors : Paul Rouschop
Musique : The Bony King of Nowhere
Costumes : Elise Ancion
Production : Versus Production, Samsa Film, RTBF
Distribution : Haut et Court
Couleurs
Sortie en France : 2 novembre 2011
Durée : 1h24
Autour du film
Les films sur les enfants, avec des enfants. Comment en guérir ? Bouli Lanners a peut-être la potion souveraine. D’abord, filmer depuis l’irréel du présent : «On dirait qu’on serait des monstres, des explorateurs, des enfants perdus…» Les parents disparaissent dans les premières minutes du film : un coup de fil de la mère informe ses deux garçons, 15 et 13 ans, qu’elle ne pourra pas venir les chercher à la fin de l’été. Ils sont dans une maison vide, disposent de la vieille auto morte du grand-père tout aussi mort. Ils volent dans la cave du voisin (figuré comme un nain de jardin) pour manger. Ils se font un pote de leur âge, mal barré itou car confié à un frère psychopathe : on se demande si Lanners a un truc contre les services sociaux belges. Persuadés que leur mère ne reviendra plus, ils décident de louer leur maison au dealer du coin, dit Bœuf, lequel pourra planter son herbe tranquille durant ce temps, un peu à l’écart de la ville. Puis, tout prend l’eau, car c’est une région de marais et de pluie.
On dirait donc qu’on serait dans l’imaginaire des gosses, mais que rien (c’est le sel du filmage) n’évoque le conte. Aucune buée sur l’objectif, aucun procédé d’invagination d’icelui dans le subjectif et vice-versa. En revanche, une redoutable précision dans la construction de l’espace et de la chair, un art de la physique ado, avec sa logique gravitationnelle anti-adulte. Lignes de fuite, un tiers de ciel, deux de terre, grand angulaire et montage musical – c’est-à-dire répondant, comme le corps adolescent, à un désir rythmique plutôt qu’à un souci fonctionnel. Et vas-y qu’on se vide des trucs sur la gueule et de l’alcool dans le ventre en sautant partout.De même qu’avec Eldorado (2008), Lanners joue la singularité, la cotte mal taillée au monde.
Vers le milieu de cette belle divagation, il teint en jaune paille les tifs de ses trois oiseaux pas tellement rares, faisant de leurs identités un seul et même corps aux membres maladroits. La caméra s’attarde sur les visages, sur le nuancier de la stupeur de ces vieux enfants (et le léger strabisme du frère aîné). Un film où l’on se rappelle qu’à l’âge des héros, le monde adulte est un truc absolument extraterrestre, terrifiant et grotesque.
Eric Lioret / Libération 2 novembre 2011
Avec ce troisième long métrage, Bouli Lanners, réalisateur belge déjà remarqué pour Ultranova et surtout Eldorado (sélectionné en 2008 à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes), que l’on connaît aussi comme acteur de comédies française, confirme sa nature de cinéaste folk. Portés par des personnages de marginaux, ancrés dans des situations sociales relativement épouvantables et magnifiés par un regard de peintre qu’il pose sur la nature et les paysages, ses films se donnent à voir comme des ballades mélancoliques, pleines de tendresse, relevées d’une pointe d’humour insolite.
Dans Les Géants, il se penche sur un trio d’adolescents, deux frères et un troisième garçon qu’ils adoptent comme un des leurs. Des jeunes gens pas encore sortis de l’enfance et déjà confronté à la vie dans ce qu’elle a de plus cruel, les parents étant ici aux abonnés absents.
Pour raconter son histoire, Bouli Lanners prend le parti du conte, ce qui fait à la fois le charme de son film, et sa limite. Livrés à eux-mêmes, les enfants se voient obligés, pour survivre, de faire affaire avec les adultes qui les entourent, qui se répartissent en deux catégories.
La plus fournie est celle des monstres (trafiquants de drogue crasseux d’une cruauté à vous causer des cauchemars tous les soirs de votre vie). Mais il y a aussi une bonne fée (une femme providentielle qui les prendra sous son aile quand ils auront besoin de réconfort).
Si cette question de survie en fournit l’arche dramatique, le cœur du film palpite dans les moments d’insouciance. La tendresse avec laquelle Bouli Lanners restitue cette légèreté propre à l’adolescence, la grâce avec laquelle il saisit ces moments précieux durant lesquels l’esprit de l’enfance continue de souffler, mais où les jeunes gens découvrent les ailes qui viennent de leur pousser dans le dos, en font toute la beauté.
Isabelle Regnier / Le Monde 1er novembre 2011
Vidéos
Sur la route
Catégorie : Analyses de séquence
Seth et Zak deux frères livrés à eux-mêmes pour quelques semaines, prennent la route avec la voiture familiale.
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Analyse : Stéphan Krezinski
Réalisation : Jean-Paul Dupuis
Home Sweet Home
Catégorie : Analyses de séquence
Les trois fugueurs sont recueillis par une femme qui les emmène chez elle où elle vit avec sa fille handicapée.
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Analyse : Stéphan Krezinski
Réalisation : Jean-Paul Dupuis
Outils
Les géants (Le site du film)
Canal + (Interview de Bouli Lanners)
Canal + (Interview de Bouli Lanners)