Hiroshima mon amour

France, Japon (1959)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Enseignement obligatoire 2007-2008

Synopsis

Au mois d’août 1957, à Hiroshima, une actrice française d’une trentaine d’années venue jouer dans un film international sur la paix, vit une aventure fulgurante et passionnée avec un jeune architecte japonais (Takahashi Michio). Leur histoire d’amour est doublement hantée par le fantôme de la tragédie d’Hiroshima et par le souvenir de la liaison que la jeune femme avait eue pendant la guerre avec un soldat allemand, qui lui a valu d’être tondue à la Libération…

Générique

Réalisation : Alain Resnais
Scénario : Marguerite Duras
Image : Sacha Vierny, Takahashi Michio
Musique : Giovanni Fusco, Georges Delerue
Montage : Henri Colpi, Jasmine Chaney, Anne Sarraute
Décors : Esaka, Mayo, Petri
Production : Argos Films, Como Film, Daiei, Pathé overseas
Noir et blanc
Durée : 1 h 31
Interprétation
Emmanuelle Riva / Elle
Eiji Okada / Lui
Bernard Fresson / l’Allemand
Stella Dassas / la mère
Pierre Barbaud / le père

Autour du film

Hiroshima mon amour (1959), le premier long métrage d’Alain Resnais, est intimement lié au parcours antérieur et déjà très significatif de son auteur : Resnais avait réalisé Les statues meurent aussi (1953, écrit avec Chris Marker), un film interdit par la censure parce qu’il détournait l’évocation de l’art africain au profit d’une attaque cinglante contre le colonialisme. Deux ans plus tard avec Jean Cayrol, il signe Nuit et brouillard, œuvre ultime sur les atrocités nazies dans les camps concentration. Si Resnais reconnaît lui-même avoir appréhendé de manière naturelle l’acte essentiel qui vise à la perpétuation de la mémoire, il exposait en même temps une angoisse primordiale entièrement assujettie au phénomène de déliquescence et de disparition. Or à chaque reprise cette démarche s’est construite dans l’état d’esprit d’une lutte permanente contre le Temps. Le cinéaste confie par exemple qu’il était littéralement obsédé par l’idée du futur pour Nuit et brouillard et qu’à tout prix, il voulait éviter de construire « un monument aux morts ». Il faut chercher dans cette préoccupation la clé de voûte véritable d’Hiroshima mon amour. Par les thèmes abordés (la bombe atomique, ses victimes, les affres des personnages), par son style, par son montage, Hiroshima mon amour témoigne en permanence de ce combat, d’un passé-présent impossible à capturer. La genèse d’Hiroshima elle-même, le documentaire sur la bombe initialement commandé par Argos Film, l’abandon de Chris Marker associé dans un premier temps à Resnais, le découragement de ce dernier face aux 16 documentaires déjà tournés sur le sujet (et dont seules les images terribles de Kaneto Shintô se retrouveront au final dans Hiroshima mon amour) attestent de l’idée d’un film impossible. « Que dire d’Hiroshima ? Comment parler d’Hiroshima ? ». Le « Tu n’as rien vu à Hiroshima » Marguerite Duras l’explicitera à plusieur reprises : la phrase faisait écho à son propre échec de n’avoir pu écrire pendant plusieurs jours une seule ligne de scénario.
En proie au doute, le cinéaste et l’écrivain décident d’une histoire finalement classique où la bombe serait présente en fond, « comme un paysage ». Les auteurs abandonnent ainsi l’idée de restituer l’Histoire au profit de l’évocation de l’intime : il s’agira d’une femme, « elle » au présent et seule, venue tourner un film sur la paix à Hiroshima. Elle vit une passion éphémère avec un japonais qui réveille le souvenir d’un amour passé avec un soldat allemand pendant la guerre. Avec sa comédienne Emmanuelle Riva, Resnais focalise alors son attention sur un personnage entre deux mondes déclinés à tous les niveaux, géographique, temporel, entre rêve et réalité, entre passé et présent, entre mémoire et oubli. La bombe atomique menace et Resnais développe dans Hiroshima sa sensibilité particulière aux questions qui relèvent de l’imaginaire et de la conscience, captivé sur le plan du réalisme par sa capacité d’invention :Hiroshima mon amour sera à la fois un choc émotionnel et constituera un virage esthétique inégalé.
Olivier Bombarda / Arte novembre 2004

A Hiroshima, elle (l’héroïne) subit un choc, elle reçoit une « bombe qui fait éclater sa conscience, et il s’agit pour elle, à ce moment là, de se retrouvere, de se recomposer. De même que Hiroshima a dû se reconstruire après la destruction atomique, de même Emmanuelle Riva, à Hiroshima va essayer de recomposer sa réalité. Elle n’y arrivera qu’en opérant cette synthèse du présent et du passé, de ce qu’elle a découvert à Hiroshima, et de ce qu’elle a subi à Nevers.
Jacques Rivette / Les Cahiers du cinéma 1959

J’ai dit à Resnais ; « Je m’en vais, je vous rapporterai quelque chose« . Au bout de quinze jours, j’ai rapporté un texte. Cétait le synopsis d’Hiroshima mon amour. J’avais passé dix, treize jours à me dire que j’abandonnais, qu’il était impossible de faire un film sur Hiroshima, et je suis partie de cette impossibilité pour faire le film. Il y avait déjà la phrase « Tu n’as rien vu à Hiroshima« . Je suis revenue. Resnais devait partir tourner à Hiroshima sept semaines plus tard. Il a accepté l’histoire dans son principe. Chaque jour j’ai développé le synopsis. Resnais venait tous les jours ou tous les deux jours lire ce que j’avais écrit. Ou bien il le « voyait », ou bien il ne le voyait pas et dans ce cas-là je recommençais jusqu’à ce qu’il le voie…. Quand j’ai vu le film dqu Resnais avait rapporté du Japon, le premier montage, je l’ai reconnu. C’était bouleversant. Je ne croyais pas que c’était possible de voir une image mentale. C’est possible quand on a affaire à Resnais.
Marguerite Duras / Le Monde 9 novembre 1972

Outils

Web

Télédoc - Fiche pédagogique

Cahier des Ailes du Désir n°16. Analyse de film Hiroshima mon amour :
- La représentation du réel à l'écran, Guillaume Deheuvels
- "se connaître à Hiroshima", Pascal Vacher
- Les cendres du temps ou la question de la mémoire, Céline Braud
- Hiroshima, mon amour, un film pour affronter la peur, Jean Albert Bron
- Les lieux de la métaphore chez Marguerite Duras dans Hiroshima, mon amour, Guy Maden

Films

Van Gogh de Robert Hessens,Gaston Diehl
Paul Gauguin de Gaston Diehl
Le Cinéma en son temps : les années 50 ou le commencement d'une peur inconnue de Claude-Jean Philippe
L'Ecole du court métrage : le parcours français de Claude-Jean Philippe
Gershwin de Alain Resnais
Pierre Braunberger, producteur de films de Pierre-André Boutang
L'Atelier d'Alain Resnais : autour de "On connaît la chanson" de François Thomas
Delphine Seyrig, portrait d'une comète de Jacqueline Veuve
Antoine Bonfanti, traces sonores d'une écoute engagée de Suzanne Durand

Ouvrages

Hiroshima mon amour, par Luc Lagier, Cahiers du Cinéma – les petits cahiers – Scérén - Cndp