Synopsis
Au cimetière de Montpellier, plusieurs femmes sont réunies pour jeter une fleur dans la fosse de Bertrand Morane, ingénieur de quarante ans, mort dans un accident. Il a aimé les femmes, toutes les femmes qu’il a rencontrées. Il a raconté ses aventures dans un roman autobiographique intitulé « Le cavaleur », dans lequel il fait l’inventaire de ses conquêtes féminines. Le héros était un amateur, un collectionneur de femmes. Il était particulièrement fasciné par les jambes des femmes, depuis qu’il avait découvert qu’elles étaient « des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie ». La vie de Bertrand Morane était régie par une géométrie invariable, celle de ses rencontres avec les femmes.
Générique
Réalisation : François Truffaut
Scénario : François Truffaut, Michel Fermaud, Suzanne Schiffman
Image : Nestor Almendros
Son : Michel Laurent
Musique : Maurice Jaubert et François Porcile
Montage : Martine Barraque-Curie
Décors : Jean-Pierre Kphut-Svelko
Production : Les Films du Carrosse. Artistes associés.
Couleurs
Durée : 2h
Interprétation :
Bertrand Morane / Charles Denner
Geneviève Bigey / Brigitte Fossey
Delphine Grezel / Nelly Borgeaud
Hélène / Geneviève Fontanel
Martine Desdoits / Nathalie Baye
Bernadette / Sabine Glaser
Fabienne / Valérie Bonnier
Denise / Martine Chassaing
Le médecin urologue / Jean Dasté
Véra / Leslie Caron
Nicole / Roselyne Puyo
Uta / Anne Perrier
Mme Duteil / Monique Dury
Liliane / Nella Barbier
Juliette / Frédérique Jamet
Bétany / Roger Leenhardt
Bertrand adolescent / Michel Marti
Les lecteurs / Henri Agel et H.J. Servat
Autour du film
François Truffaut hésita longtemps entre deux titres qui, accolés, forment le recto verso de sa porpre personnalité : Le Cavaleur et L’Homme qui avait peur des femmes. Comme son héros, qui peine à parler de lui et se plonge dans la lecture de journaux intimes pour voir comment les autres se confessent, le cinéaste tâtonne, se cache et se dévoile. Jamais à la première personne du singulier, mais à tu et à toi avec la douleur d’aimer, cette autobiographie à peine voilée recèle ses éternelles obsessions : l’enfance bafouée, dont découle un incurable penchant pour la pluralité en amour, porteuse d’espoirs fous à demi satisfaits et donc à demi déçus. Bertrand Morane n’est pas le malade mental que sa frénésie compulsive laisse penser : c’est un enfant, comme le montrent ses activités professionnelles puériles (faire avancer des petits bateaux sur l’eau) et comme il le confesse à la baby-sitter qu’il engage malhonnêtement. Grandir, c’est choisir, et Morane ne le peut pas. En prenant à rebrousse-poil le MLF des années 70, Truffaut réussit quand même à être résolument du côté des femmes. Son film signe un pacte d’égalité des sexes beaucoup plus moderne qu’il n’y paraissait à l’époque, où l’on réduisait son propos à une passion rétrograde pour les jupes ondulantes.
Marine Landrot, Télérama 8 mars 2000
Il y a toujours eu des livres et des lettres dans les films de François Truffaut (se rappeler Fahrenheit 451). De même que La Nuit américaine était un film sur le cinéma, L’Homme qui aimait les femmes est un film sur la littérature. Son écrivain ne s’aime pas, il estime n’avoir fait qu’aligner des records de séduction, comme autrefois sa mère tenait un compte exact de ses amants. Or, Brigitte Fossey affirme qu’il a écrit une histoire de l’amour au vingtième siècle, et, visiblement, c’est ce que Truffaut a voulu faire.
Claire Devarrieux, Le Monde 3 mai 1977
Charles Denner confère une grandeur étonnante et un pouvoir d’émotion remarquable, toujours juste, sans pathos ni cabotinage. Cet être déchiré n’a pas la fatuité phallocrate d’un Casanova, il n’exerce aucune domination, et constitue en ce sens une représentation nouvelle de « l’homme à femmes » au cinéma. C’est là l’intérêt premier du film qui, à l’intérieur même du genre cinématographique, la comédie, se livre sans démystification ni détournement particulier des codes et du langage à une approche sensible et intelligente de l’affectivité, thème cher à l’auteur, à nouveau développé en profondeur sous les apparences, et les apparences seulement, de la légèreté …
Gilles Colpart , Saison cinématographique 77
Vidéos
La voix d’Aurore
Catégorie : Analyses de séquence
L’homme qui aimait les femmes est tissé de diverses séries narratives, chacune d’entre elles consacrée à une femme. La série la plus fournie en nombre d’occurrences, est celle de la voix du service de réveil, qui intervient à quatre reprises. Bertrand la baptise « Aurore » car il ne connaîtra jamais son identité véritable : cette voix humaine qui l’appelle chaque jour depuis son standard, très vivante et prosaïque, va s’apparenter de plus en plus à un principe, une idée de femme, voire à une chimère.
Texte, voix : Jean-François Buiré
Réalisation : Centre Images
Véra, fantôme du passé
Catégorie : Analyses de séquence
Bertrand, venu à Paris pour régler les détails de la publication de son livre, fait la rencontre fortuite de Véra. Alors qu’il tente de fuir cette ancienne maîtresse qui lui a jadis brisé le cœur, elle le rattrape, le forçant à la confrontation qu’il redoutait. Filmée très différemment des scènes de séduction, cette séquence donne un statut particulier à Véra, dont Bertrand dira que c’est à cause d’elle qu’il a écrit son roman.
Cette vidéo a été conçue en complémentarité avec le texte « Véra », en page 13 du livret enseignant Lycéens et apprentis au cinéma.
Texte : Raphaëlle Pireyre
Réalisation : Centre Images