Synopsis
La Nouvelle-Zélande au siècle dernier. Ada, mère d’une fillette de neuf ans, s’apprête à partager la vie d’un inconnu, au fin fond du bush. Son nouveau mari accepte de transporter toutes ses possessions, à l’exception de la plus précieuse : un piano, qui échoue chez un voisin illettré. Ne pouvant se résigner à cette perte, Ada accepte le marché que lui propose ce dernier : regagner le piano, touche par touche en se soumettant à ses fantaisies… L’étrange contrat entraînera les trois personnages dans une relation sentimentale et sexuelle de plus en plus complexe, où la passion naïve le disputera aux plus grandes audaces.
Distribution
Holly Hunter : Ada (McGrath)
Harvey Keitel : Baines (George de son prénom)
Sam Neill : Stewart (Alistair de son prénom)
Anna Paquin : Flora (McGrath)
Kerry Walker : Tante Morag
Geneviève Lemon : Nessie
Tungia Baker : Hira
Ian Mune : Révérend
Peter Dennett : Head Seaman
Te Whatanui Skipwith : Chef Nihe
Pete Smith : Hone
Bruce Allpress : Accordeur de piano non-voyant
Générique
Réalisation : Jane Campion
Scénario : Jane Campion
Photographie : Stuart Dryburgh
Décors : Andrew McAlpine
Musique : Michael Nyman (The Piano (bande originale) : Concerto pour piano (Nyman), The Heart Asks Pleasure First…)
Montage : Veronika Jenet
Durée : 2h01
Autour du film
Le grand drame passionnel de Jane Campion
Palme d’or du Festival de Cannes de 1993, La Leçon de piano est seulement le troisième film de la cinéaste néo-zélandaise Jane Campion après les remarqués Sweetie (1989) et Un ange à ma table (1990). Grande amatrice de littérature romanesque et gothique, marquée notamment par les œuvres des soeurs Brontë ou d’Ann Radcliffe, Jane Campion transpose avec succès ce genre typiquement anglais dans les contrées sauvages de la Nouvelle-Zélande, à l’aura tout aussi mystérieuse que celle des landes. La scénariste-réalisatrice joue brillamment avec les codes du classicisme pour raconter l’histoire de ce triangle amoureux à haute tension érotique, magnifiquement incarné par Holly Hunter (Crash), Harvey Keitel (Reservoir Dogs) et Sam Neill (Jurassic Park). Comme toujours chez Campion, l’histoire est envisagée à travers le prisme féminin : le personnage d’Ada est une femme forte et affirmée, prête à affronter toutes les batailles pour récupérer son piano, son unique moyen d’expression avec sa fille Flora – interprétée par l’impressionnante Anna Paquin (True Blood), alors âgée de neuf ans. Jane Campion signe là une œuvre charnelle – où le plaisir féminin est pour une fois mis en avant – autour de personnages tiraillés entre la culture qui leur a été inculquée, et leurs instincts et pulsions naturels. Avec ses paysages ensorcelants et sa musique enivrante, La Leçon de piano est une peinture aussi délicate qu’embrasée de la passion amoureuse sublimée par un fabuleux quatuor d’acteurs.
Quand l’intimité d’un couple devient une œuvre d’art…
Durant toute sa filmographie, Jane Campion s’est efforcée d’offrir des rôles ambitieux à ses actrices. La leçon de piano n’échappe pas à la règle. Malgré son mutisme, Ada impose la volonté (et Holly Hunter son talent) d’un caractère fort, en contradiction totale avec les conventions de l’époque victorienne. Ces gestes hachés, seuls moyens de communication avec sa fille, se transforment en ballet lorsque ses doigts effleurent les touches de son piano. Ada dicte certes ses volontés, apposant au film un caractère féministe, mais elle n’en demeure pas moins une femme fragile qui se bat avec ses armes : le désir charnel, la passion et la fragilité. On ne peut éprouver en ce sens que de la compassion mêlée à du respect pour ce petit bout de femme, perdu entre l’amour de deux hommes.
Jane Campion ne réalise pas un pamphlet contre les conditions sévères de vie de la gent féminine à cette période. Elle se penche sur la naissance d’une passion dévorante, qui bouscule sans commune mesure l’ordre établi. Le piano devient un objet de partage, durant ce jeu érotique. Il ne s’agit plus de laisser les cordes vibrer à la place du cœur d’Ada. Cette dernière s’ouvre enfin au monde, symbole d’une émancipation révolutionnaire. Jane Campion revisite l’acte sexuel en caressant le corps de ses acteurs avec sa caméra. Rarement un contact charnel n’aura été aussi palpable qu’avec La leçon de piano. On ne peut rien faire d’autre que de se laisser bercer par la poésie de ce film. À voir À lire
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