Nosferatu le vampire

Allemagne (1922)

Genre : Épouvante, Horreur

Écriture cinématographique : Fiction

Archives CAC, Collège au cinéma 2022-2023

Synopsis

En 1838, Thomas Hutter, commis d’agent immobilier, quitte sa jeune femme Ellen pour le château du comte Orlok dans les Carpates. Là-bas, Hutter découvre que le comte est en fait Nosferatu le vampire et est victime des morsures répétées du monstre. Celui-ci quitte son château dans un cercueil rempli de terre et, après un voyage en voilier au cours duquel il décime l’équipage terrorisé, va prendre livraison de sa nouvelle demeure, située face à celle de Hutter et Ellen…

Distribution

Max Schreck : le comte Orlok / Nosferatu
Gustav von Wangenheim : Thomas Hutter
Alexander Granach : Knock
Greta Schröder : Ellen Hutter
Georg H. Schnell : Harding
Ruth Landshoff : Ruth, la sœur d’Harding
John Gottowt : le professeur Bulwer
Gustav Botz : le professeur Sievers
Max Nemetz : le capitaine de l’Empusa
Wolfgang Heinz : le premier matelot de l’Empusa
Heinrich Witte : le garde de l’asile
Guido Herzfeld : un gardien
Karl Etlinger : un étudiant du professeur Bulwer
Hardy von Francois : le docteur à l’hôpital
Fanny Schreck : l’infirmière à l’hôpital

Générique

Titre français : Nosferatu le vampire
Titre original : Nosferatu, eine Symphonie des Grauens
Réalisation : Friedrich Wilhelm Murnau
Scénario : Henrik Galeen, d’après le roman de Bram Stoker Dracula
Décors et costumes : Albin Grau
Photographie : Fritz Arno Wagner
Musique : Hans Erdmann

Autour du film

Scénario

Le scénario de Henrik Galeen, adapté du Dracula de Bram Stoker paru en 1897, prend plusieurs libertés par rapport à cette œuvre. Tout d’abord, il y a un changement de lieu puisque l’action se passe dans la ville imaginaire de Wisborg au lieu de Londres. La ville fictive de Wisborg est largement inspirée des villes de Wismar et de Lübeck où les scènes ont été tournées. Nosferatu se présente à Hutter sous forme d’un loup-garou (ici représenté sous la forme d’une hyène brune), s’inspirant ainsi de L’Invité de Dracula, premier chapitre retiré du roman original et publié sous forme d’une nouvelle quelques années plus tard. Enfin, la lumière du jour peut tuer le vampire (alors que dans le roman, Dracula se promène à Londres, en pleine journée). Néanmoins, la trame narrative est respectée.

Interprétations

Le rôle du vampire est interprété par Max Schreck, il s’agit alors de son neuvième film après deux ans de carrière. Acteur de théâtre issu de la troupe de Max Reinhardt, il tournera à nouveau pour Murnau en 1924 dans les Finances du grand-duc. Acteur à la morphologie particulière, de grande taille et anguleux, il joue de ce physique en adoptant des gestes raides et lents qui accentuent le caractère horrifique du vampire. Il apparaît d’abord sous l’apparence du cocher qui conduit le héros du film au château du comte. L’interprétation du comédien fut tellement marquante qu’elle fut à l’origine d’une légende colportée par l’auteur Ado Kyrou qui faisait de Schreck, dont le nom signifie « peur » en allemand, un authentique vampire.

Décors et costumes

Le coproducteur Albin Grau à l’origine du projet de film est aussi décorateur, en réalisant les costumes, les décors, les dessins et le matériel promotionnel, il apporte beaucoup à l’aspect et à l’esprit du film. Pour l’allure du personnage Nosferatu, il s’inspire des tableaux de Hugo Steiner-Prag illustrateur du roman de Gustav Meyrink Le Golem. Passionné d’occultisme, il imprégna le film de références mystiques et hermétiques. Le souci du détail et de la véracité, allié à ses connaissances occultes le conduit à soigner la lettre de Nosferatu que l’on voit en gros plan seulement quelques secondes.

Tournage

Le tournage débute en juillet 1921 et la plupart des scènes se déroulant dans la ville de Wisborg sont tournées dans les villes de Wismar et de Lübeck. L’équipe de tournage se déplacera ensuite en Slovaquie, dans les Carpates pour filmer les scènes censées se dérouler en Transylvanie. Le château d’Orava va servir de décor pour le château du comte Orlok. Les Hautes Tatras serviront aussi de décor représentant la Transylvanie. Les images du film restent un témoignage de l’architecture et du patrimoine de Wismar et de Lübeck car ces villes furent rasées à plus de 85 % lors des bombardements stratégiques durant la Seconde Guerre mondiale, entre 1943 et 1945.

Technique

Murnau a recouru à des effets spéciaux, tels le stop-motion (comme lorsque Nosferatu sort du bateau) ou l’utilisation de l’image en négatif (lors du trajet de la calèche, quand Hutter se rend au château du comte). Le film est originellement teinté. Le jaune est employé pour signifier le jour et la lumière artificielle ; le vert/bleu, la nuit ; et le rose pour le lever ou le coucher du soleil. Le film ayant été entièrement tourné de jour, ces couleurs donnent un repère visuel qui complète les indices contextuels (présence de bougies ou de lampes allumées ; indications dans les intertitres).

Musique

La partition de Hans Erdmann étant réputée perdue dans son état d’origine, elle est reconstituée par le musicologue berlinois Berndt Heller et interprétée par un orchestre de chambre pour la première fois le 20 février 1984 au festival de Berlin à l’occasion de la présentation de la copie restaurée sous la supervision de Enno Patalas. La version originale pour orchestre symphonique a, quant à elle, été jouée en février 1987 au Gasteig de Munich par l’Orchestre symphonique de Munich sous la direction de Heller, en accompagnement d’une nouvelle version teintée.

Pistes de travail

Analyse thématique

Plongée au début des années 20 quand le cinéma se donnait à voir en muet et en noir et blanc. Dans cette adaptation du roman « Dracula » de l’Irlandais Bram Stoker, le réalisateur allemand utilise déjà d’étonnants effets spéciaux grâce à la technique du stop motion, multiplie les images, les plans et les échelles – alors que le zoom n’existait pas encore. Décryptage d’une œuvre pionnière devenue un classique du septième art.




Nosferatu le vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens en version originale) est un film muet allemand réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau sorti en 1922, adapté du roman Dracula, bien qu’il ne fût pas autorisé par les ayants droit.

Pour cette raison, certains noms et détails ont été changés par rapport au roman. Le comte Dracula devient ainsi le comte Orlok. Le film fit l’objet d’un procès intenté par la veuve de l’écrivain, qui aboutit en 1925 à un jugement exigeant la destruction de toutes les copies illicites. Jugement qui ne fut pas appliqué ; plusieurs copies circulèrent dès les années 1930 aux États-Unis et en France.

Il ne s’agit pas de la première adaptation filmée du roman de Bram Stoker, une première adaptation du roman intitulée Drakula avait été réalisée auparavant par le cinéaste hongrois Károly Lajthay (le film est considéré comme perdu). C’est un des premiers films d’horreur, genre dont Murnau est un des pionniers, et un des grands chefs-d’œuvre du cinéma expressionniste allemand.