Synopsis
Le petit Sosuke, cinq ans, habite un village construit au sommet d’une falaise qui surplombe la Mer Intérieure. Un beau matin, alors qu’il joue sur la plage en contrebas, il découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve, et décide de la garder avec lui dans un seau. Ponyo est aussi fascinée par Sosuke que ce dernier l’est par elle. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s’occuper d’elle, mais le père de Ponyo, Fujimoto – un sorcier autrefois humain qui vit tout au fond de la mer – la force à revenir avec lui dans les profondeurs. Bien décidée à devenir humaine, Ponyo s’échappe pour retrouver Sosuke. Mais avant de prendre la fuite, elle répand l’élixir magique de Fujimoto, l’Eau de la Vie, dans l’océan. Le niveau de la mer s’élève, et les soeurs de Ponyo sont transformées en vagues gigantesques qui montent jusqu’à la maison de Sosuke sur la falaise, et engloutissent le village…
Générique
Titre original : Gake no ue no Ponyo
Réalisation : Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki
Directeur de l’animation : Katsuya Kondo
Directeur artistique : Noboru Yoshida
Musique : Joe Hisaichi
Montage : Takeshi Seyama
Son : Shuji Ioue
Production : Toshio Suzuki / Studio Ghibli
Distribution : Walt Disney studios Motion Pictures France
Sortie en France : 8 avril 2009
Couleurs
Durée : 1h41
avec les voix
Sôsuke / Hiroki Doi
Ponyo / Yuria Nara
Lisa / Tomoko Yamagushi
Koichi / Kazushige Nagashima
Fujimoto / George Tokoro
La jeune femme / Rumi Hiiragi
Gran Mamare / Yuki Amami
Les soeurs de Ponyo / Akiko Yano
Toki / Kazuko Yoshiyuki
Yoshie / Tomoko Naraoka
Autour du film
Ponyo sur la falaise : Miyazaki prend la mer et la rend magique
Ponyo sur la falaise, le nouveau film d’Hayao Miyazaki, s’ouvre sur une explosion de formes et de couleurs, un feu d’artifice visuel où la faune et la flore subaquatiques se déchaînent, emportées par un torrent de vitalité. A l’origine de ce mouvement débridé, un personnage typique de l’univers du vieux maître de l’animation japonaise donne le la. C’est Fujimoto, un sorcier illuminé qui a quitté le monde des humains pour élire domicile sous l’eau et œuvrer à la prospérité des fonds marins. (…)
Tout est possible chez Miyazaki, toutes les combinaisons, toutes les transformations, et s’il adapte ici un classique occidental, ce n’est pas un hasard s’il choisit La Petite Sirène d’Hans Christian Andersen. Récupérée par son père, Ponyo veut aussitôt repartir chez Sosuke. Pour lier son destin à celui de son ami, elle se transforme en petite fille.
Moins cruel que le conte original, empreint de la philosophie écolo-animiste chère au cinéaste, brassant toutes sortes d’influences, qu’elles soient issues de la mythologie nippone ou de la culture occidentale, Ponyo est un film dont l’esthétique et les personnages séduiront les plus jeunes. L’histoire d’amour, charmante, qui unit les deux enfants se déroule sur une toile de fond hybride, qui scelle la rencontre entre le quotidien de la vie d’une famille japonaise d’aujourd’hui et l’univers fantastique du monde de la mer.
Les adultes se laisseront emporter par l’énergie de l’animation, et la fantaisie du conte. Si le film n’atteint pas la grâce du Voyage de Chihiro, de Princesse Mononoke ou de Mon voisin Totoro, si la complexité et la noirceur qui faisaient le sel de ces grands films lui font un peu défaut, il n’en offre pas moins un vrai plaisir de cinéma.
D’abord à cause de l’originalité et le foisonnement de son récit. Après nous avoir fait passer du temps à l’intérieur d’une maison de retraite, après avoir fait déferler un tsunami sur la région, Ponyo sur la falaise nous conduit dans une ville engloutie où les vieilles pensionnaires vont retrouver leur jeunesse.
Entre-temps, on aura assisté à une scène délicieuse entre Ponyo, une mère de famille et son petit bébé, et traversé un tunnel magique qui rappelle étrangement celui de la séquence d’ouverture du Voyage de Chihiro ; on aura été ébloui par des ballets de méduses, et par l’apparition de la mère de Ponyo, lointaine cousine de la sublime géante à laquelle se cramponne le jeune soldat dans Valse avec Bachir d’Ari Folman.
Une fois de plus, Miyazaki se révèle un véritable orfèvre du détail, qui anime chaque recoin de son espace visuel. Alors que, sur la table du dîner, des petits morceaux de pâtes déshydratées traînant à côté d’un bol de soupe apportent à la scène une note d’authenticité et de délicatesse, les vagues déferlantes du tsunami prennent l’apparence de bancs de poissons géants, qui saturent littéralement le cadre. On en prend plein les yeux, plein les oreilles aussi grâce à la musique du fidèle compagnon de route de Miyazaki,
Isabelle Regnier / Le Monde 8 avril 2009
Un petit garçon, un petit poisson s’aimaient d’amour tendre, mais comment s’y prendre… Ecrire à propos de Hayao Miyazaki renvoie au même défi. Il y a sur l’écran tout un monde d’épure et de simplicité ; une vie cristalline saisie avec une délicatesse de fleur ; tout un peuple de personnages terriblement vifs, vivants et attachants ; des éclats et des menus détails dont la vérité et le réalisme écrasent les plus beaux efforts des plus grands cinéastes ; une vibration sociale, enfin, sensible et émouvante où chacun, enfants, vieillards, parents et anonymes, apprend à trouver sa juste place dans le courant vital et mystérieux que forme le ruban des destins humains depuis la nuit des temps.
Tout cela en dessins, couleurs, traits, musiques. Tout cela fait à la main et surgissant de la planche à dessin. Tout cela animé, c’est-à-dire doté d’une âme qui pourrait faire pâlir d’envie les plus obstinés chasseurs de réalisme. Tout cela défiant donc à la fois l’écriture et la critique, parce qu’appartenant de plein droit et en même temps à l’enfance ineffable dont les accès sont condamnés et à une maturité de vieux sage.
Mini-Walkyrie. Toutes ces raisons ont conduit à placer Miyazaki parmi les plus beaux cinéastes du monde, c’est-à-dire l’un des plus grands poètes enfantés par le monde afin de chanter ses louanges.
Ponyo sur la falaise se classe indiscutablement aux côtés de ses plus francs chefs-d’œuvre, Chihiro, Mononoke, Totoro ou Nausicaä. Attaché à raconter la passion amoureuse liant un garçon du littoral avec une petite poissone magique, Ponyo affirme s’inspirer de la Petite Sirène d’Andersen, et de nombreux éléments l’attestent. Mais le film est aussi très éloigné de cette matrice devenue universelle et décolle finalement vers un récit beaucoup plus proche du monde du conte et de la féerie que l’œuvre originale, sujette depuis toujours à des malentendus sur sa portée enfantine.
Miyazaki la fait clairement basculer vers un poème à la fois humaniste et écolo (la mer nourricière, si belle, si sale), sans jamais perdre de vue ce sens de l’épopée, si précieux dans tout son cinéma, ni surtout cette fantaisie éperdue et presque incontrôlable, comme un agent perturbateur interne, ce virus fou que Miyazaki injecte à tous ses films comme s’il voulait en subvertir lui-même l’admirable discipline. A cet égard, il faut avoir vu la petite Ponyo transmutée en mini-Walkyrie chevauchant les vagues du déluge au son d’un pastiche wagnérien…
Maîtres anciens. Parfait équilibre de classicisme fidèle aux techniques des maîtres anciens et de modernité en prise directe sur le monde contemporain (la mère du petit héros en femme japonaise libre, son père marin au long cours, la maison de retraite, l’école… toutes occasions d’aperçus saisies presque live), Ponyo n’est pas que superbe. Il est unique et admirable.
Olivier Seguret / Libération 8 avril 2009
Vidéos
De la mer à la mère
Catégorie : Extraits
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