Synopsis
Suite à un accident d’avion où tous les adultes ont péri, des écoliers anglais de la bonne société se retrouvent sur une île déserte. Au son d’une conque, sur les conseils de Piggy, Ralph les rassemble. Pour survivre, ils tentent de s’organiser et Ralph est démocratiquement élu chef face à Jack (pourtant chef de chœur). Il fait allumer un feu pour alerter d’éventuels secours et fait veiller à la sécurité des plus petits. Chargé de la surveillance du feu, Jack le néglige et ne songe qu’à la chasse avec ses ex-choristes. La nuit, la peur des petits devient vite contagieuse. Jack s’affirme assez fort et courageux pour affronter la mystérieuse « bête » qui menace et fait sécession. Deux clans se forment. Ralph assiste impuissant à l’abandon de ses derniers fidèles et à la métamorphose des garçons qui se livrent à la violence, adorent une idole (une tête du cochon en décomposition couverte de mouches) et obéissent aveuglément au tyran Jack. Simon, qui venait de découvrir que la « bête » n’était que le cadavre d’un aviateur, sera leur première victime, suivie de Piggy, privé de ses lunettes. Ralph, traqué par la meute des tueurs, ne devra son salut qu’à l’arrivée sur l’île de la marine de sa Majesté.
Générique
Titre original : Lord of the Flies
Réalisation : Peter Brook
Scénario : Peter Brook, d’après le roman de William Golding
Supervision du scénario : Stella Maude
Image : Tom Hollyman (et Gerald Feil).
Musique : Raymond Leppard
Son : James Townsend (et carter Harman)
Montage : Peter Brook, Gerald Feil, Jean-Claude Lubtchansky
Casting : Michael MacDonald, Terry Fay
Filmé à : Porto-Rico.
Production : Allen-Hogdon Production
Producteur : Lewis Allen et Dana Hogdon
Distribution : Carlotta Films
Présenté à Cannes : 12 mai 1963
Sortie du film à Paris : 2 juin 1965
Durée : 1h32
Format : 35 mm, couleur
Interprétation
James Aubrey / Ralph
Tom Chapin / Jack
Hugh Edwards / Piggy
Roger Elwin / Roger
Tom Gaman / Simon
Kent Fletcher / Percival Wemys Madison
David et Simon Surtees / Sam et Eric (les jumeaux)
…
Autour du film
Le noir & blanc et la preuve par l’image-vérité
Parfois critiqué à la sortie du film en 1963, le choix du noir et blanc n’a rien d’exceptionnel en 1960-61 (tournage). C’est encore le procédé majoritaire des films de la Nouvelle Vague. Il renvoie également à ces mouvements issus du cinéma ethnographique (Jean Rouch), des débuts du reportage TV et des progrès de la technique (pellicule rapide et ultrasensible), le « cinéma vérité » (France) et le « cinéma direct » (USA, Canada). Le N&B de Sa majesté des mouches en a la brutalité et les imperfections techniques : sur- ou sous-expositions, raccords de lumière parfois approximatifs, contraste poussé de temps à autre.
L’apparence du reportage
Par souci de saisir aussi bien l’action principale que les mouvements du groupe de jeunes « acteurs » en liberté, Brook a opté très vite pour un tournage à deux caméras, comme Laurent Cantet dans sa salle de classe d’Entre les murs. À l’écran, nombre de scènes, en particulier de groupe (fêtes organisées par Jack, dégustation du cochon…) donnent le sentiment d’une action qui se déroule indépendamment de la présence de (des) caméra(s), de tout observateur, d’un cinéaste-organisateur. L’écriture se fond ainsi avec le projet du film : l’observation apparemment objective du retour de collégiens issus de la meilleure société à une forme de sauvagerie primitive que vivent les jeunes acteurs eux-mêmes mis dans une situation expérimentale comparable. Passer par les apparences du reportage pouvait seul rendre acceptable un propos aussi éloigné de l’humanisme rousseauiste encore si vivace de nos jours – « l’homme est bon, c’est la société qui le pervertit » – et supportable le comportement de ces collégiens sympathiques et d’une beauté angélique sombrant rapidement dans une barbarie allant jusqu’au meurtre : mon esprit le refuse, pourtant l’œil objectif de la caméra me le (dé)montre…
Le théâtre et le rituel
À l’opposé de cette confusion, on trouve les scènes de débat, d’assemblées, ou lorsque Piggy raconte aux petits l’histoire de sa ville. Tout est alors bien ordonné, comme sur une scène de théâtre à l’italienne, les répliques de détachant avec clarté, sans confusion. Il semble alors que les jeunes acteurs, comme les personnages, se coulent dans un moule préétabli, comme si la liberté les renvoyait à des structures quasi universelles : le chef, le guerrier, le conseiller, le fou un peu sadique, le sage… On songe aux Maîtres fous de Jean Rouch (1954), où un rituel « primitif » renvoie à une situation coloniale. Du « naturel », le film bascule dans une dimension métaphorique et symbolique.
Loin du réalisme…
Le prologue introduisait déjà cette dimension, loin de tout réalisme, entre gravure ancienne et bande dessinée. Un collège anglais, des armements militaires, un plan d’évacuation sur un tableau noir, un combat aérien doublé d’un orage, le crash d’un avion… Ce mini-récit enchaîne sur les images, cinématographiques celles-là, de deux enfants (Ralph et Piggy) s’extirpant d’une végétation exotique envahissante. Sa majesté des mouches (le roman) a été écrit en 1954, neuf ans après Hiroshima et la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais les allusions à la guerre sont sibyllines. Le montage des dessins rapproche à trois reprises des spectateurs anglais applaudissant à un match de base-ball et des rampes de lancement de fusées. Rien de précis, mais un rappel de la dernière guerre (une escadrille survolant Big Ben) et l’idée d’une guerre atomique ressentie jusqu’au début des années 60 dans l’imaginaire collectif comme possible, voire probable depuis Hiroshima et la première bombe H (1950).
Ces images et leur traitement placent la suite du film sous le sceau de l’allégorie. Si l’image joue la carte du réalisme cru, la situation, elle, est arbitraire : deux enfants rescapés, puis une trentaine, sans adultes et sans la moindre égratignure, parfaitement peignés et vêtus, en particulier le groupe de choristes mené par Jack, avec cape, collerette et coiffe. Très vite, l’ordonnance du costume strict de collégien anglais de Ralph, avec casquette et cravate, s’oppose à la luxuriance envahissante et désordonnée de la végétation, soulignée par Piggy (« On s’emmêle les pieds là-dedans ! »). L’arrivée de la chorale est présentée dans un plan harmonieux, le premier du film, les collégiens de noir vêtus sur un paysage blanchâtre suivant la courbe de la mer au son d’un chant. À quoi répond la composition triangulaire des trois visages surmontés de casquette des compagnons de Ralph. La troupe s’intègre à la composition végétale dominée par les feuilles, puis Jack et Ralph s’inscrivent dans un cadre traversé en diagonale par un tronc… Ce sont là des composition dignes de l’Eisenstein du Cuirassé Potemkine ou ¡ Que viva Mexico !
Un jeu d’oppositions violentes
Pourtant, la ligne du tronc séparant Jack de Ralph annonce une rupture d’équilibre : la chute de Simon. On se précipite pour emporter l’enfant évanoui. L’écriture passe brusquement de la picturalité au reportage, la caméra a du mal à suivre le corps de Simon que l’on emmène, les dos, les nuques, les casquettes des collégiens aux mouvements désordonnés nous cachent le « spectacle ». La mise en scène de Sa majesté des mouches joue sur des oppositions brutales. Aux images blanches, quasi surexposées (bords de mer) s’opposent les scènes sombres de sous-bois et plus encore de nuit, comme celle de la fête qui s’achèvera par la mort de Simon.
Une autre opposition structure visuellement le film, celle du haut et du bas. Plongées et contre-plongées sont légion. Les relations entre les personnages principaux, Jack et Ralph en premier lieu, sont marquées par la place de chacun, au-dessus ou en dessous. Dès l’instant où Ralph accueille Jack, il descend à sa hauteur, remettant un instant en jeu sa supériorité.
Plongées et contre-plongées accompagnent aussi nombre de situations : l’exploration de l’île, la montée de Ralph vers Jack et la mort de Piggy… Le haut est le lieu symbolique du pouvoir, mais du pouvoir matériel et brutal des guerriers, incapable d’élévation (faire s’élever la fumée). En bas vivent les simples « humains », de la raison et de l’égalité. Ainsi, Piggy, le raisonneur, mais aussi l’humaniste celui qui se préoccupe de ce qui est bon pour tous, a des difficultés à grimper !
Peter Brook oppose également les grosseurs des plans. Un certain nombre de plans généraux – l’arrivée de la chorale, l’image des premiers rescapés sur la plage appelés par le son de la conque de Ralph, une plongée sur le cochon sauvage filant entre les plantes, n’insistent pas seulement sur l’immensité de l’espace, mais créent un phénomène d’étrangeté. Cet espace est-il habité par des forces ou des êtres obscures ? C’est cette autre réalité que tente de saisir Simon, qui croit aux fantômes, observant avec soin les apparences (gros plans de plantes et insectes) pour en percer le secret.
Plans (trop) rapprochés, corps morcelés
Les personnages sont, presque en permanence, filmés de très près, le cadre se limitant à une partie du visage ou des corps. À l’opposé du découpage classique en plans moyens, américains, qui respectent une échelle humaine, voire humaniste, ces plans trop rapprochés restituent des corps morcelés qui perdent une grande part de leur humanité. Le geste de Jack coupant brutalement d’un coup de couteau la feuille que Simon est en train de regarder de près en est la métaphore, renvoyant aussi à la brutalité du montage de l’ensemble du film.
Paradoxalement, le spectateur est très prés, en osmose avec les personnages, et dans le même temps, il ne les reconnaît plus comme des corps réels, mais seulement des portions, des objets. Cette approche produit un sentiment de malaise qui répond à la situation d’enfants qui perdent peu à peu leur humanité. D’où la nécessité de ce long plan presque final où le regard de Ralph remonte lentement des chaussures du militaire à son visage, comme si, enfin, un corps humain se reconstituait dans son entier, même si cette réincarnation s’accompagne des signes inquiétants d’une civilisation elle-même encline à la violence.
Vidéos
Sa majesté des mouches
Catégorie : Extraits
32’19” à 35’16” ( = 3’ 03”)*
* Le minutage peut varier légèrement en fonction du mode de lecture utilisé : projection cinéma, lecteur de DVD, ordinateur.
Les divergences entre Ralph et Jack sont entrées dans une phase décisive. Ralph vient de lui reprocher d’avoir délaissé le feu au profit de la chasse. Jack a réagi en faisant profiter tous, y compris Ralph, du cochon grillé et en brimant Piggy. Le découpage de la scène montre comment se produit une faille irréversible qui met en cause l’autorité de Ralph.
Ralph et ses proches sont juchés sur un pan rocheux. Ils sont disposés en escalier, le chef évidemment en haut, selon le un principe hiérarchique et militaire. L’excitation des troupes est totale. Jack a libéré les énergies, les instincts meurtriers, qui s’expriment pas slogans répétitifs appelant au meurtre du cochon. Le plan suivant, à la manière d’un contrechamp, montre le groupe des fidèles isolés autour de Ralph. Ici aussi le chef est au sommet mais dans une organisation pyramidale plus solidaire. Alors que le soleil illuminait Jack dans un effet inquiétant de contre-jour, il éblouit Ralph et les siens, comme si la popularité de Jack risquait d’entraîner l’aveuglement de tous. Le montage semble séparer radicalement les deux groupes, mais la présence, en bas à droite du second plan, d’un des fanatiques de Jack montre la perméabilité encore possible des deux clans.
Il en surgit logiquement le mouvement de Ralph se levant seul dans un plan rapproché, convoquant l’assemblée.
Comme une réponse à la décision du chef élu, un insert sur le couteau de Jack frappant un bâton à coups régulier dans un silence impressionnant constitue une menace d’autant plus inquiétante que celui qui la profère n’est pas montré. Il s’agit bien de Jack, seul à disposer d’un couteau, mais l’abstraction du plan implique tout ce que ce dernier et la menace de son arme sont capables de produire…
Un travelling latéral accompagne la voix de Ralph, ferme, mais calme, faisant appel à la raison. Ce travelling parcourt vers la droite les fidèles de Ralph, montre ce dernier la conque entre les mains, selon le principe démocratique qu’il a lui-même institué pour toute prise de parole, et s’achève sur Piggy, le théoricien du groupe.
Au plan suivant, sur la conclusion du discours de Ralph en off, « il faut nous organiser », les « guerriers » sont alignés et regardent avec scepticisme, leurs lances formant un barrage menaçant aux paroles de Ralph et renvoyant un message muet : eux, oui, sont organisés !
Retour sur Ralph, cette fois isolé des siens. Les chasseurs de dos en premier plan et les lances composent un cadre qui enferme Ralph. l’une d’elles se balance de façon plus menaçante encore. À côté de Ralph, Simon et Piggy, futures victimes, sont sous la menace de ces armes qui pourraient les frapper à tout moment.
Sur un plan des petits, indifférents à ce qui se joue, masse mouvante et malléable, la voix-off de Jack succède brutalement à celle de Ralph.
La caméra passe sur Jack au moment où il se tourne vers Ralph. Il a la conque en main et entend donc respecter un minimum de démocratie formelle. Il s’excuse même d’avoir négligé le feu. Filmée en plongée, de dos, sa silhouette domine Ralph, assis en arrière-plan. Sa supériorité, comme celle de ses « chasseurs », désignés comme une sorte de caste à part, il entend l’asseoir sur des réflexes élémentaires : la faim, la peur…
Un plan de Simon, seul. On devine que son regard suit Jack dont il s’est détaché depuis longtemps. Il semble le seul à saisir l’utilisation que ce dernier fait, sous les applaudissements, de la menace de la mystérieuse « bête ». La clé en est donnée avec l’alignement des chasseurs en ligne, chef à l’extrémité, sûrs de leur triomphe et de leur force.
Contrastant avec cette démonstration, voici l’un des plus petits et des plus fragile, Percival, qui se lève face à Ralph, s’empare de la conque comme un grand et se tourne vers l’assemblée. La question répétée, scandée, de la foule sur son identité lui fait saisir avec étonnement que le respect des règles démocratiques ne suffit pas pour avoir le droit à la parole. En bute à la force, il cherche en vain de l’aide du regard. La réponse est donnée par le plan d’ensemble qui suit. Percival est pris entre la rangée des chasseurs de dos, dont les lances verticales militairement ordonnées, forment une barrière symbolique et, au fond, de face, la foule installée en désordre dons la végétation, qui accompagne le chahut, surmontant le groupe des « démocrates » impuissants.
Assistera-t-on au triomphe des factieux ? Non, Ralph se lève courageusement. Son autorité demeure intacte, puisqu’il obtient immédiatement le silence. Un plan serré cadre Percival et Ralph dans une relation attentive et chaleureuse. L’enfant retrouve son identité, mais n’ira pas jusqu’au bout de son secret. Pour une raison aussi mystérieuse que la direction vers laquelle se tourne son regard, sans doute en relation avec le secret, il reste muet… Ralph doit abandonner, quitter le champ tandis que Percival, en plan plus large et vu en légère plongée s’effondre sur le sol dans un geste de renoncement que commente la conque désormais au sol : qui songe encore à l’utiliser ? La suite du plan donne la réponse : on voit Roger, le lieutenant de Jack envoyer un de ses hommes avec un masque jouer une sorte de chien fou et sautillant pour dérider l’enfant. Effet immédiat qui rejaillit sur la foule et même Ralph. Le plan qui montre ce dernier isolé s’achève sur un rire qui se fige tandis que le regard se lève avec inquiétude sur le « fou ».
Pas si fou, comme l’indique le plan suivant où il s’est rapproché de Percival et l’empêche de se relever et lui tend son oreille. Là où la persuasion affectueuse de Ralph avait échoué, la force du chasseur devenu inquiétant réussit. Celui-ci peut quitter le champ tandis que Percival masse son épaule endolorie.
Retour sur Ralph dans le même cadre, entouré de Simon et Piggy. Le rire a fait cette fois place à l’inquiétude. La réponse à sa question lui parvient en off, comme une vérité sans origine : Percival a vu une bête… le discours de Jack est cette fois validé, en même temps que la défaite, encore provisoire et relative de Ralph, pris dans les filets du raisonnement de son rival.
Un plan sur la mer observée par un des enfants laisse planer le doute et l’inquiétude de tous : une menace inidentifiable. Quel chef sera en mesure de la combattre ?
Photogrammes pour repérage
Pistes de travail
Décors
L’île Vieques proche du Porto-Rico a été mise à la disposition de Peter Brooks pour le tournage du film. Décrire son relief, sa végétation, sa faune et déduire son climat et identifier à l’aide d’une carte le nom de l’océan qui l’entoure. .pp
Epoque
Relever dans le film des informations et des éléments visuels permettant de savoir à quelle époque se déroule l’action du film.
Personnages
Faire la liste des personnages principaux avec leurs caractéristiques physiques et les traits de caractère. Souligner de deux couleurs différentes qui est allié avec qui, qui est opposé à qui, en faisant ressortir les changements de camp. Relever les évènements qui provoquent des changements d’alliance. Qualifier chaque camp et son importance.
La Violence
Relever les formes de violence, leurs causes et leurs conséquences présentes dans le film.
Structure narrative
Dans l’adaptation de Sa Majesté des Mouches, l’une des préoccupation de Peter Brook était de respecter la structure narrative complexe et entremêlée du roman de Golding.
Le film s’articule en trois grandes parties. La première concerne l’organisation et l’exploration. Dans la seconde partie, Ralph voit son pouvoir s’effriter au fur et à mesure que Jack renforce le sien .
Dans la troisième et dernière partie Jack règne sans partage.
Une conclusion vient clore le récit.
Relever des scènes et les placer dans la partie correspondante.
Résumer la conclusion du film
Dégager l’intrigue qui se met en place au début du film, celle qui lui succède, puis quand et comment réapparaît la première
Mise en scène
– Style reportage et picturalité
Certaines scènes donnent l’impression de venir d’un reportage où le caméraman se serait contenté de filmer les enfants livrés à eux-mêmes sans indication de jeu. Relever deux scènes qui donnent cette impression, et expliquer pourquoi
Faire décrire l’arrivée de la chorale d’ans l’île et leur découverte par Ralph et Piggy. Ces plans ressemblent-il à un reportage ? Pourquoi ?
– Loin du réalisme
Relever ce qui montre que l’arrivée des enfants sur l’île n’est pas réaliste.
– Échelle des plans, grosseur des plans.
En utilisant les définitions qui suivent, relever quel type de plan est le plus utilisé pour filmer les personnages, et quel effet cela produit-il sur le spectateur.
Dans un plan d’ensemble, les personnages sont visibles en pieds à une certaine distance, mais le décor est prépondérant. Le plan moyen cadre les personnages en pied, le plan américain à mi-cuisses. Le plan rapproché les cadre à la taille, à la poitrine ou aux épaules. Le gros plan découpe la tête au niveau du cou. Le très gros plan isole une partie du visage ou du corps (œil, main, pied…).
La démocratie.
Montrer en quoi l’organisation que tentent de mettre en place Ralph et Piggy, s’inspire de la démocratie. Chercher ce qui provoque l’échec.
Joël Magny d’après Francis Delattre, le 25 août 2009
Expériences
William Golding
Sa Majesté des Mouches (1954) est le premier roman de William Golding . Né en Cornouailles en 1911, il a repris son poste d’enseignant après la Deuxième Guerre mondiale , très marqué par sa mobilisation dans la marine anglaise, sa participation au débarquement sur les côtes normandes et la découverte des horreurs commises par les nazis. À cause de sa noirceur, le manuscrit avait été refusé par une dizaine d’éditeurs. Son immense succès lui permet de se consacrer entièrement à l’écriture. Il publiera au cours des années suivantes plusieurs romans qui mettent en scène des personnages qui tentent, en vain, de combattre le mal.
Pour Golding, la barbarie instinctive de l’homme refait surface en cas de tension. Les démocraties sont balayées. Les voix des plus faibles ou des plus raisonnables peinent à se faire entendre quand vient le bruit des bottes. Pour lui, l’influence civilisatrice de la raison n’est qu’un vernis qui craque dés que les fragiles barrières de la paix sont renversées.
Cette thèse à l’origine de Sa Majesté des Mouches sera reprise dans son second roman Les Héritiers (1955). Un groupe de primitifs pacifiques est dominé par un être des plus habile appelé homme, assoiffé de haine et de destruction. Pour Golding, l’évolution n’est pas synonyme de progrès. « Notre monde dit civilisé n’est qu’un mythe ou règne la violence et qui se laissera vaincre et détruire par le mal. Avant la seconde Guerre mondiale ma génération eut, dans l’ensemble, une croyance libérale et naïve dans la perfectibilité de l’homme. La guerre nous fit subir un endurcissement sinon physique, du moins morale et nous elle donna une inévitable rudesse. L’après-guerre nous fit voir peu à peu ce que l’homme peut faire à l’homme, ce que l’Animal pouvait faire à sa propre espèce. » (Cible mouvante, Gallimard, 1985).
Golding explore également les dilemmes moreaux qui se posent à l’homme confronté à des situations extrêmes. Chris Martin (1956) décrit les affres d’un officier seul survivant d’un destroyer coulé par les Allemands, réfugié sur un rocher au milieu de l’océan.
Avec Chute libre, il aborde le problème du choix et de la perte de liberté. La Nef (1964), La Pyramide (1967), Le Dieu Scorpion (1971) dépeignent des individus tiraillés entre aspirations et contingences contradictoires.
Passionné de mer et de voile, il publie entre 1980 et 1989 A Sea Trilogie (Rites of Passages, Closes Quarters et Fire Down Bellow).
Prix Nobel de littérature en 1983, anobli par la reine Elisabeth II en 1988, il décède le 19 juin 1993.
– Principaux ouvrages de William Golding
- 1954 Sa Majesté des Mouches
- 1955 Les Héritiers (The Inheritors), Gallimard, « Du monde entier », 1981.
- 1956 Chris Martin (Pincher Martin)
- 1959 Chute libre (Free fall)
- 1964 La Nef (The Spire)
- 1967 La Pyramide (The Pyramid)
- 1971 Le Dieu Scorpion (The Scorpion Gold), trois nouvelles.
- 1980 Rites de passage (Rites of Passage)
- 1982 Cible mouvante (The Moving Target), Gallimard, 1985.
- 1984 The Paper Men
- 1987 Coups de semonce (Close Quarters)
- 1989 Fire Down Below (La Cuirasse de feu)
- 1991 To the End of the Earth (A Sea Trilogy) (Trilogie maritime) : I. Rites de passage ; II. Coup de semonce ; III/ La Cuirasse de feu, Gallimard, « Folio », n° 3681/3683
L’accueil du film : la presse
– Difficile à digérer pour les estomacs fragiles
« Peter Brook nous dit que cet âge est sans pitié, que l’homme ne naît pas bon, que derrière notre façade d’éducation civilisée, les grandes peurs ancestrales, les monstrueuses passions primitives sont toujours présentes, à peine assoupies. Message sévère, trop difficile à digérer pour les estomacs fragiles… Message peu convaincant d’ailleurs, car une fois encore, Peter Brook n’a pas su l’exprimer par des moyens adéquats et n’a pas dominé son ambitieuse entreprise : le délire sauvage de ses jeunes interprètes atteint trop vite son paroxysme et s’y maintient, dans un registre inchangé, avec une monotone constance. Mais quelques éclairs d’une impitoyable lucidité, et la hauteur de ton, et le courage de l’entreprise, et son ambition, méritent un grand coup de chapeau. »
Pierre Billard, Cinéma 63, n°77, juin 1963
– Un pamphlet vertigineux
« William Golding, qui fut maître d’école, devait bien connaître les enfants. Peter Brook le suit de confiance dans la voie de démythification de l’enfance, et fait de son film un pamphlet vertigineux, dont la démonstration pessimiste ne pouvait que troubler les bonnes âmes de la critique française, plus imbue de Rousseau que de Sade… »
Jean-Paul Torök, Positif, n° 55-56, juillet août 1963
– L’aspect bouffon de la chose
« Mettez des collégiens anglais dans une île déserte et laissez-les vivre (!). Vous obtiendrez d’une part des petits monstres – c’est-à-dire des petits d’hommes –, d’autre part, des Laughton, Burton, O’Toole, etc. en herbe. Conclusion : les enfants ça n’existe pas ; ce que l’humanité est cruelle tout de même et ce Peter Brook, quel talent ! Mais l’aspect bouffon de la chose ne va pas jusqu’à rendre la vision tolérable. »
Jacques Bontemps, Cahiers du Cinéma, n° 168, juillet
– Plus fort que bien des témoignages
« Il s’agit d’une fiction bien sûr, mais dotée d’une telle puissance évocatrice qu’elle nous secoue plus fort que bien des témoignages. Nulle force n’est plus dévastatrice que la poésie. N’est-ce pas elle qui, sous le voile du mythe, nous a tout appris sur nous-mêmes et sur notre destin ? Cette bataille perdue de la civilisation contre la barbarie, Peter Brook la décrit en images très composées dont la beauté hiératique ou violente coupe le souffle. Sans cette beauté, aurions-nous aussi bien mesuré la gravité de l’enjeu ? »
Madeleine Garrigou-Lagrange, Témoignage Chrétien, 13 mai 1965
– Les hommes que nous deviendrons et que nous sommes
« Là où la fable devient intéressante, c’est lorsque, cessant de nous effarer devant ces enfants terribles, nous reconnaissons en eux les hommes qu’ils deviendront et que nous sommes. Comme il est bien analysé le processus par lequel ceux qui sont forts et armés obtiennent dans cette petite société humaine pleine de bons principes le droit de vie et de mort sur tout le monde, et même le droit de diriger les pensées et d’obscurcir les consciences. »
Janick Arbois, Télérama,20 juin 1965
Outils
Web
Fiche pédagogique consacrée au livre - document téléchargeable
Les enfants sauvages - Critique du film
Dossier - document à télécharger. Il propose un témoignage de Peter Brook concernant le tournage, un commentaire sur le roman ainsi qu'une analyse de séquence).
Bibliographie
Peter Brook : Une biographie, par Mickael Kustow, Broché
Dossier pédagogique « Collège au cinéma », n° 178, par Francis Delattre, CNC, 2009.
Jeune cinéma, n°8, 1963, Andrée Tournès
Télérama, 20.06.65, Janick Arbois
France-Observateur, 16.05.63
Le Monde, 08.06.65, Jean de Baroncelli
L’Humanité, 05.06.65, Samuel Lachize
Cinéma 63, n° 77, juin 1963, Pierre Billard
Positif, n° 54-55, juillet-août 1963 (Cannes), Jean-Paul Török
Cahiers du cinéma, n° 144, juin 1963 (Cannes)
Cahiers du cinéma, n° 162, 1965, Jacques Bontemps
Positif, n° 72, décembre 1975, JOJO
La Saison cinématographique-Image et Son, 1963, Jacqueline Lajeunesse
Témoignage Chrétien, 13.05.65, Madeleine Garrigou-Lagrange
Cinéma 65, juillet-août 1965, Gilles Jacob
Libération, 07.10.83, Gérard Lefort.
Le livre de William Golding
Sa Majesté des Mouches (Lord of the Flies, Gallimard, « Folio », n° 1480, 1983 ; « Classicollège », Belin, 2008 (commenté par Nicolas Saulais et Lola Tranec) ; Gallimard, « Foliothèque », n°25, commenté par Jean-Pierre Naugrette.
Robinson Crusoé, Daniel Defoe, nombreuses éditions, dont : Folio , n° 3937, Gallimard ; Le Livre de Poche, n° 4266.
L’Île au trésor, Robert Louis Stevenson, nombreuses éditions, dont : le Livre de Poche, n°756 ; Folio n° 3399, Gallimard : « Bibliocollège », Hachette, 2003 (présenté par Jean-Claude Landat).
Vendredi ou la vie sauvage, Michel Tournier, Folio Junior, n°445, Gallimard.
Les Origines de la culture René Girard, (2004), coll. « Pluriel », Hachette, 2007 ; (avec Maria Stella Barberi) ; Celui par qui le scandale arrive, idem, 2008 ; La Violence et le sacré, idem, 2003.
DVD
Sa majesté des mouches, DVD libre de droits pour une utilisation en classe, ADAV, référence: 107200. Ce DVD propose :
- le film
- "Le cinéma en liberté" (entretien exclusif avec peter Brook)
- une bande-annonce d'époque
- une partie DVD-Rom pédagogique
Sa Majesté des Mouches, de Peter Brook, DVD zone 2, Pal, N&B, VO anglaise STF, VF, 87’. (DVD libre de droits pour une utilisation en classe, ADAV, référence : 107200). En compléments : « Le cinéma en liberté » (entretien exclusif avec Peter Brook), une bande-annonce d'époque, une partie DVD-Rom pédagogique élaboré sous la direction d'Alice Vincens (enseignante à L’ESAV, Université de Toulouse II) en collaboration avec Dominique Galaup-Pertusa (enseignante à l'IUFM d’Albi). Permet le développement d'analyses croisées et interroge la rencontre du cinéaste Peter Brook avec l'œuvre de William Golding.
Sa Majesté des Mouches, DVD zone 2, VOSTF et VF, Carlotta Film (même contenu). (Strictement réservé à l’usage familial).