Une belle fin

Grande-Bretagne (2015)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Lauréats du Prix Jean Renoir, Lycéens et apprentis au cinéma 2016-2017, Prix Jean Renoir des lycéens 2014-2015

Synopsis

Modeste fonctionnaire dans une banlieue de Londres, John May se passionne pour son travail. Quand une personne décède sans famille connue, c’est à lui de retrouver des proches. Malgré sa bonne volonté, il est toujours seul aux funérailles, à rédiger méticuleusement les éloges des disparus… Jusqu’au jour où atterrit sur son bureau un dossier qui va bouleverser sa vie : celui de Billy Stoke, son propre voisin.

Distribution

Eddie Marsan : John May
Joanne Froggatt : Kelly Stoke
Karen Drury : Mary
Andrew Buchan : M. Pratchett, le patron de John

Générique

Réalisation : Uberto Pasolini
Scénario : Uberto Pasolini
Directeur de la photographie : Stefano Falivene
Montage : Lisa Hall
Musique : Rachel Portman

Prix Jean Renoir 2015
Prix Orizzonti du Meilleur Réalisateur
Prix CICAE du Meilleur Film – Festival de Venise 2014

Autour du film

Natures mortes

Au début du film, une succession de plans fixes nous laisse explorer les vestiges d’un quotidien. Nous reconstituons avec le protagoniste les gestes de celle qui investissait les lieux avant sa dernière heure. Le film laisse le passé s’emparer de décors immobiles, pour donner le temps de parcourir des yeux ce qui s’apparente à un portrait en creux. En se concentrant sur une photo, une lettre, une bouteille de lait, ou encore un lit défait, John May interprète, imagine, et écrit sur la personne qui a imprimé sa présence sur les lieux. Dans cette approche d’un monde découpé dans des cadres irrémédiablement fixes, naît alors la projection d’un mouvement disparu. Uberto Pasolini prépare en fait le spectateur à regarder son protagoniste de la même manière. Chaque cadrage, tout autant que chaque point de raccord, révèle un trait de caractère, une habitude, qui resteraient invisibles sans leur révélation par les procédés du cinéma. L’imagination investit jusqu’au moindre détail, et s’insinue dans ce qui est d’abord perçu comme une simple toile de fond. La fenêtre d’une façade d’immeuble que nous pouvons désormais relier au logement d’un personnage ouvre à elle seule la possibilité d’entrevoir ce que cachent toutes les autres. L’insignifiant devient signifiant, dans un procédé qui a cette subtilité d’encourager l’envie d’explorer chaque recoin de l’image, plus que de ne forcer le regard vers un élément en particulier. Point de fuite de ce travail patient de composition, l’acteur Eddie Marsan irradie chaque scène tantôt d’une mélancolie bienveillante, tantôt d’un humour irrésistible.

L’au-delà

Dans une dernière enquête qui occupe la majorité du film, John May va devoir s’intéresser à un certain Billy Stoke. Assumant leurs obsessions de la maîtrise, Uberto Pasolini et son personnage esquissent méthodiquement les contours d’une vie chaotique qui se révèle au fil des traces qu’elle a laissées. Progressivement, le film se laisse aller au mouvement, en même temps qu’il se peuple de personnages secondaires. L’histoire déjà achevée de Billy Stoke révèle sa sortie progressive des cadres, payée au prix fort de ne plus pouvoir en intégrer aucun. La séparation entre le champ et le hors champ change alors de statut. Elle ne s’interpose pas entre les vivants et les morts, elle est la clôture qui exclue ceux qui se situent au delà des images par lequel le monde se représente. Et dans une dernière scène qui laisse d’abord croire à un dénouement tristement convenu, cette frontière entre visibles et invisibles s’efface finalement au moyen d’un ancestral effet de cinéma. Il n’en fallait pas plus pour que la rigueur sans faille du film se révèle être l’expression d’une émouvante modestie.

Vidéos

L’appartement et ses fantômes

Catégorie :

La découverte de l’appartement de John May ouvre sur deux réalités parallèles : en premier lieu, le monde réclusion et de solitude dans lequel évolue ce personnage enfermé dans ses habitudes ; en second lieu, un monde imaginaire peuplé de fantômes, celui de la communauté des disparus aux-quels John tente de redonner une identité.

L’espace d’une rencontre

Catégorie :

La rencontre entre John et Kelly est un moment décisif du film qui relance complètement le destin du héros. En filmant symboliquement l’espace de cette rencontre comme une séquence d’évasion, le cinéaste libère brusquement son personnage de tout le poids de son existence.