Voleur de Bagdad (Le)

Grande-Bretagne (1940)

Genre : Aventure

Écriture cinématographique : Fiction

École et cinéma 2004-2005

Synopsis

Le grand vizir Jaffar, qui a détrôné le jeune prince Ahmad, trop proche de son peuple, le fait jeter dans une prison où il se lie d’amitié avec Abu, gamin des rues qui vit de menus larcins. Évadés, rattrapés, ils seront victimes de la vengeance du magicien qui rend le prince aveugle et transforme Abu en chien. Désormais mendiant, Ahmad aidé de son chien fidèle partira à la recherche de celle qu’il aime, sans se douter qu’elle est aux mains de l’usurpateur qui veut l’épouser. Un combat de magiciens s’engage car Abu, qui a retrouvé sa forme humaine fait tout pour déjouer les sortilèges de Jaffar et ramener la princesse à celui qu’elle aime, et qui l’aime. Un génie sorti d’une bouteille, une araignée géante, un tapis volant seront tour à tour les ennemis et les alliés de l’insaisissable voleur. Naturellement, l’amour et la justice finiront par triompher, et Jaffar, qui croyait échapper au châtiment en s’enfuyant sur son cheval volant, sera rattrapé par Abu.

Générique

Réalisation : Ludwig Berger, Michael Powell, Tim Whelan
Scénario : Lajos Biro
Adaptation, dialogues : Miles Malleson
Image : Georges Perinal (studio), Osmond Borradaile (extérieurs)
Son : A.W. Watkins
Musique : Miklos Rozsa, dirigée par Muir Mathieson
Costumes : Oliver Messel, John Armstrong, Marcel Vertes
Effets spéciaux : Lawrence Butler
Conseillère à la couleur : Nathalie Calmus
Montage : Charles Crichton
Interprétation :
Jaffar : Conrad Veidt
Abu, le voleur : Sabu
La princesse : June Duprez,
Le prince Ahmad : John Justin
Le génie : Rex Ingram
Le sultan, père de la princesse : Miles Malleson
Production : Alexander Korda (Producteurs associés : Zoltan Korda, William Cameron Menzies)
Durée : 1h.46
Sortie à Londres : 25 décembre 1940 ;
sortie en France : avril 1946

Autour du film

D’entrée on sait à quoi s’en tenir : un navire, qui accoste dans un port grouillant de vie, arbore un œil peint sur un flanc de son étrave. Un œil qui grandit jusqu’à occuper tout l’écran. Michael Powell, dans ses mémoires (Une vie dans le cinéma ) raconte que c’est lui qui a eu l’idée  » pour faire comme les Arabes  » de peindre un œil à l’étrave du bateau. Or, on ne peut oublier que le rapport de Powell au cinéma ne cessera de tourner autour de ces  » histoires d’œil « , jusqu’au Voyeur (1960), dont le pervers héros manipule une  » caméra tueuse « . Ce thème du regard, on va le retrouver tout au long du Voleur de Bagdad : c’est un aveugle, Ahmad, qui raconte sur un flash-back son histoire, cependant que de son œil (noir) le traître Jaffar dissimulé derrière un rideau, ne perd rien de ce récit qui le met en cause Ainsi apprend-on que tous les malheurs d’Ahmad – mais aussi son bonheur, l’amour qu’il a rencontré – viennent de ce qu’il a osé, un jour, regarder une princesse si belle qu’il était interdit à tous de la voir. Et l’échange de regards entre les deux jeunes gens les attache à jamais l’un à l’autre. De même que, plus avant dans le film, c’est en la fixant d’un œil dur que Jaffar essaiera d’hypnotiser la princesse pour la soumettre à ses désirs. On pourra relever bien d’autres retours de ce thème, de l’apparition du  » génie  » dans les eaux d’un bassin, au vol par Abu de  » l’œil universel « , mais il est clair que ce film, tout autant qu’un conte merveilleux à goûter au premier degré, est une réflexion sur les pouvoirs d’un cinéma capable de tout révéler de l’âme humaine.

Vidéos

La princesse et le reflet

Catégorie :

par Emile Breton

Pistes de travail

Jaffar le manipulateur

On pourra s’attacher au rôle de Jaffar, le fourbe vizir qui s’est emparé du pouvoir. C’est le personnage le plus complexe du film, et son interprétation par le grand Conrad Veidt, acteur d’origine allemande, qui avait joué dans tous les films de l’école expressionniste lui donne encore plus de relief. D’entrée, caché derrière un rideau pour épier le jeune mendiant aveugle qu’il sait être le prince qu’il a lui-même détrôné, il est placé dans la situation de voyeur-non-vu, qui sera dès lors la sienne. Par ailleurs, la boule magique qu’il possède et lui permet de voir tout ce qui se passe dans le monde, fait de lui le grand manipulateur de l’histoire, celui qui fait avancer l’action. Et comment oublier qu’il use et abuse de son pouvoir d’hypnotiseur ? Un pouvoir pourtant auquel il renonce au moment où il réalise qu’il ne peut se contenter d’endormir la princesse pour qu’elle tombe à sa merci, mais que ce qu’il veut, c’est être aimé d’elle, en toute conscience. Et il suffira alors d’un seul regard sur lui de la princesse pour que, pour la première fois dans le film, il baisse les yeux.

Expériences

Un film de producteur

Si la part des réalisateurs n’est pas négligeable, Le Voleur de Bagdad est au départ un film conçu et porté à bout de bras par son producteur. Né en 1893 en Hongrie où il avait réalisé ses premiers films pendant la première guerre mondiale et mis en place l’organisation d’unités de production, Sandor Korda, avait dû quitter son pays pour Berlin dans les années vingt et plus tard, devant la montée du nazisme, l’Allemagne pour la France (Marius, 1931) puis l’Angleterre. Avec ce Voleur de Bagdad, il voulait prouver qu’il était capable de rivaliser avec Hollywood et le succès mondial de la première version, dirigée en 1924 par Raoul Walsh et Douglas Fairbanks. Aussi choisit-il avec soin, des trois metteurs en scène au décorateur, son propre frère, du scénariste au compositeur de la musique, tous deux hongrois exilés comme lui. La débauche d’effets spéciaux, de tours de magie qui baignent le film dans un climat de conte de fées. lui fit gagner son pari : le film reçut trois  » Oscars  » : pour les effets spéciaux, la photographie et la direction artistique.

Outils

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